Si les Vietnamiens se montrent de plus en plus préoccupés et concernés par la sécurité sanitaire des aliments, les entreprises, notamment étrangères, considèrent plutôt la situation comme une grande opportunité à saisir. Et très rapidement.
Selon Trân Kim Long, chef du Département de la coopération internationale du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) : «le domaine agricole suscite l’attention des investisseurs étrangers, particulièrement japonais et sud-coréens. Ils se montrent intéressés par l’application des hautes technologies dans l’agriculture, dans l’optique de produire des récoltes de haute qualité et à haute valeur ajoutée». Et de préciser : «De multiples entreprises étrangères sont déjà entrées en contact avec le MADR pour évaluer les possibilités d’investissements. C’est un bon signe». Les entreprises étrangères vont par ailleurs profiter des derniers accords déjà signés ou en passe d’être conclus, tels que le Partenariat transpacifique (TPP), laissant augurer une vague d’investissement direct étranger (IDE) dans le domaine agricole.
Les entreprises étrangères vont profiter des derniers accords déjà signés ou en passe d’être conclus, tels que le TPP, laissant augurer une vague d’investissement direct étranger dans le domaine agricole. |
Photo : Manh Linh/VNA/CVN |
Exemple récent, la mise en place de l’accord de libre-échange entre le Vietnam et la République de Corée va abonder dans ce sens. Un responsable du Korea Rural Community Corp (KRC), une agence publique de développement agricole, prédit d’ailleurs un flux massif d’investissements sud-coréens en direction de ce secteur économique au Vietnam. Bien qu’il ait échoué dans la cession de sa participation de 14% au capital de Vissan Vietnam en tant que partenaire stratégique, le groupe sud-coréen CJ Cheil Jedang a déclaré prévoir un investissement total, direct et indirect, de 500 millions de dollars au Vietnam, ce qui portera son implication dans ce marché à 900 millions de dollars. Son objectif est de faire du Vietnam son 2e site de production, juste après la Chine.
Des investissements en hausse
D’après le Département de l’investissement étranger, sur le premier trimestre de 2016, le pays a recensé 530 projets d’IDE portant sur l’agriculture, la sylviculture et l’aquaculture, pour un montant total de 3,7 milliards de dollars. Le capital moyen d’un projet agricole est estimé à 7 millions de dollars.
Selon l’objectif initial, l’IDE dans le secteur agricole devrait atteindre 4,5 milliards de dollars en 2020 et 6 milliards en 2030. Pour David Lennarz, vice-président du groupe américain Registrar Corp, de nombreuses entreprises américaines veulent investir dans l’industrie alimentaire vietnamienne, notamment dans la production d’aliments «propres». «Les entreprises américaines ont tendance à quitter la Chine pour le Vietnam qui offre un large potentiel dans l’agroalimentaire», souligne-t-il. Présent au Vietnam depuis 2005, Registrar Corp coopère avec quelque 400 entreprises vietnamiennes.
Le groupe français Techna considère le Vietnam en tant que marché stratégique pour développer ses affaires au sein de l’ASEAN. Celui-ci a créé la compagnie Techna Nutrition Vietnam en 2012 et prévoit de créer une usine en 2018. Actuellement, la totalité des produits de Techna commercialisés au Vietnam sont importés directement de France.
Zoom sur le porc canadien
En tant que grand producteur- exportateur mondial de produits agricoles, il semble qu’actuellement le Vietnam soit considéré comme un marché de consommation à fort potentiel pour les produits agricoles haut de gamme, et notamment ceux originaires du Canada.
Récemment, 13 exportateurs canadiens de porc sont venus au Vietnam pour étudier les opportunités de commerce avec des partenaires vietnamiens. «Les exportations canadiennes de porc au Vietnam ont augmenté de 230% en 2015, une croissance impressionnante ! Cela confirme l’énorme potentiel du marché vietnamien pour le porc canadien, tout en montrant également que les consommateurs vietnamiens ont confiance dans sa qualité», déclare l’ambassadeur du Canada au Vietnam, David Devine. Afin de profiter des opportunités du TPP, les entreprises canadiennes de ce secteur élaborent rapidement une stratégie de renforcement de la présence de leurs produits à l’étranger, notamment sur les marchés les plus intéressants des pays signataires du TPP.
Selon Cesar Urias, un dirigeant de Canada Porc International, le Canada est le 3e exportateur mondial de viande porcine avec un chiffre d’affaires annuel de 2,8 milliards de dollars. «En 2015, les exportations de nos produits agricoles au Vietnam ont dégagé 353,6 millions de dollars, et cela devrait notablement progresser dans les temps à venir», détaille le dirigeant de Canada Porc International.
En toute logique, le Vietnam offrirait à terme un débouché stratégique pour les produits agricoles du Canada après l’entrée en vigueur du TPP. L’économie vietnamienne a obtenu de nombreux résultats remarquables lors de ces derniers temps et se porte bien. Le revenu per capita a fortement augmenté et, plus particulièrement, le consommateur vietnamien a de forts besoins de produits agricoles sains et de grande qualité. «Nous recelons de grands atouts en termes de garantie de l’origine des produits et d’utilisation des progrès technologiques et techniques dans la culture comme dans l’industrie agroalimentaire pour créer des produits répondant aux normes internationales d’hygiène et de sécurité, souligne Cesar Urais. Raison pour laquelle j’espère que nos produits agricoles seront compétitifs sur le marché vietnamien dans les temps à venir».