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Des migrants à bord d'un canot pneumatique surchargé repéré dans les eaux internationales au large de la Libye. |
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une centaine d'autres migrants à bord du bateau qui a coulé au large de la ville libyenne de Khoms (Ouest), ont été secourus. Ils doivent être placés, d'après la marine libyenne, dans des centres de détention dont les conditions sont souvent dénoncées par les ONG. L'OIM et la marine libyenne ont fourni des chiffres différents sur le nombre de migrants disparus et secourus par les gardes-côtes d'un pays plongé depuis 2011 dans le chaos avec des luttes de pouvoir et des milices qui font la loi.
Safa Msehli, chargée de la communication au bureau de l’OIM en Libye, a déclaré que 145 migrants avaient été secourus et ramenés vers Khoms, à 120 km à l'est de la capitale libyenne Tripoli. Certains survivants ont raconté que leur bateau avait coulé et qu'il y avait encore à bord quelque 150 migrants, a-t-elle ajouté. Le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne, a lui affirmé que "134 migrants ont été secourus et un corps repêché, alors que 115 migrants sont portés disparus".
"Une embarcation en bois transportant environ 250 migrants clandestins, dont des femmes et des enfants, (...) a fait naufrage à moins de 5 milles marins de la côte selon les témoignages de rescapés", a-t-il précisé dans un communiqué. Les migrants secourus, des Erythréens pour la plupart, mais également des Palestiniens et des Soudanais, attendent d'être transférés dans des "centres d'hébergement", a-t-il dit.
"Extrêmement choqués"
L'équipe de Médecins sans Frontières en Libye a prodigué des soins à 135 migrants rescapés, a indiqué son chef Julien Raickman ajoutant, d'après les récits recueillis auprès des survivants, que près de 400 personnes se trouvaient à bord. M. Raickman, basé à Tunis et joint au téléphone par l'AFP, a dit que les naufragés étaient partis mercredi 24 juillet "possiblement à bord de trois bateaux arrimés les uns aux autres, ce qui expliquerait leur désintégration". "Les gens étaient extrêmement choqués, un homme tiré de l'eau alors qu'il se noyait a vu disparaître toute sa famille", a-t-il ajouté. "La pire tragédie en Méditerranée cette année vient de se produire", a déploré le haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, sur Twitter.
"La reprise des opérations de sauvetage en mer, la fin de la détention des réfugiés et des migrants en Libye, la multiplication des voies de sortie sûres hors de la Libye sont nécessaires maintenant (...)", a-t-il dit. Généralement, les migrants secourus en mer et ramenés en Libye sont d'abord accueillis par le Croissant Rouge libyen, les personnels de l'OIM et d'organisations locales qui leur offrent soins et nourriture. Ensuite, ils sont placés dans des centres de détention. Ces derniers mois, des ONG ont dénoncé les conditions de détention des migrants. Selon des chiffres de l'OIM, au moins 5.200 personnes sont actuellement dans des centres de détention en Libye.
"Protection"
L'Union européenne apporte un soutien aux garde-côtes libyens pour qu'ils freinent les arrivées sur les côtes italiennes, distantes de quelque 300 km des côtés libyennes. En 2017, elle a validé un accord conclu entre l'Italie et Tripoli pour former les garde-côtes libyens et depuis le nombre d'arrivées en Europe via la Méditerranée a fortement chuté.
"Les réfugiés et les migrants en Libye sont extrêmement vulnérables et ont droit à une protection au titre du droit international humanitaire", a indiqué Thomas Garofalo, directeur du bureau libyen de l'International Rescue Committee. Il est "urgent" que les missions de recherche et de sauvetage des ONG soient "dépénalisées" et que l’opération Sophia soit rétablie. Les navires des ONG et ceux de l'opération européenne Sophia intervenaient pour secourir les migrants mais ces opérations ont pâti en 2019 de la réduction du champ d'action de Sophia et des démarches contre les ONG d'États européens cherchant à limiter l'arrivée des migrants.
Avant le naufrage de jeudi 25 juillet, le HCR et l'OIM avaient fait état d'au moins 426 personnes mortes en tentant de traverser la Méditerranée depuis le début de l'année. Malgré des violences persistantes depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte, la Libye reste un important point de transit pour les migrants fuyant l'instabilité dans d'autres régions d'Afrique et du Moyen-Orient et qui cherchent à rejoindre l'Europe.
AFP/VNA/CVN