Coronavirus
L'Europe à l'heure des premières tentatives de déconfinement

Après l'Espagne lundi 13 avril, l'Autriche a commencé mardi 14 avril à sortir de son confinement avec une réouverture prudente de ses petits commerces et de ses jardins publics, à la faveur d'un ralentissement de la pandémie de coronavirus constaté en Europe mais aussi à New York.

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Des clients font la queue devant un magasin à Innsbrück, le 14 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Parmi les premiers pays de l'UE à avoir invité ses habitants à rester chez eux, la petite république alpine se veut aussi à la pointe en matière de déconfinement, avec une reprise d'activité des commerces non essentiels. "Je me réjouis de pouvoir acheter à nouveau des fleurs", confie Anita Kakac, 75 ans, une retraitée sortie tout exprès sous un soleil printanier, près de la gare Westbahnhof de Vienne.

Fatih Altun, gérant d'un petit magasin de réparation de téléphones portables, se réjouit également de pouvoir réouvrir son échoppe : "J'ai perdu 5 à 6.000 euros de chiffre d'affaires et j'ai dû licencier mon unique employé", soupire-t-il. Les clients doivent cependant impérativement porter un masque. L'Autriche compte moins de 400 morts du COVID-19 pour une population de 9 millions d'habitants, comparable à celle de la seule ville de New York. Plusieurs pays envisagent désormais de lui emboîter le pas dans les prochaines semaines.

"Plateau"

Lundi 13 avril, le président français Emmanuel Macron a évoqué une levée des restrictions et une réouverture progressive des écoles à compter du 11 mai en France, premier des grands pays les plus touchés (près de 15.000 décès) à s'engager dans cette voie.

Discours de Macron du 13 avril : ce qu'il faut retenir.
Photo : AFP/VNA/CVN

"L'épidémie commence à marquer le pas", a relevé le chef de l'État français. Les bars, restaurants ou cinémas y resteront toutefois fermés jusqu'à nouvel ordre, tout comme les frontières avec les pays non-européens. Aux États-Unis, "le pire est passé" à New York, a également estimé le gouverneur de l'État de New York Andrew Cuomo, tandis que le président Donald Trump a évoqué "un plateau" de l'épidémie.

Très durement frappée avec plus de 18.000 morts, et étranglée économiquement, l'Espagne s'est résolue lundi 13 avril à autoriser les travailleurs à reprendre le chemin des usines et des chantiers, sous conditions strictes. Dix millions de masques y ont été distribués par des policiers et des volontaires dans les métros et les gares.

Également à l'arrêt quasi-total depuis plus d'un mois, l'Italie (plus de 20.000 morts) à elle aussi autorisé des réouvertures localisées et très limitées de certains commerces. Quatre mois après l'apparition du nouveau Coronavirus en Chine, la pandémie a fait plus de 117.000 morts et provoqué le confinement de plus de la moitié de l'humanité.

Risque de réintroduction

Le ralentissement de sa progression en Europe et aux Etats-Unis ne doit pas provoquer de relâchement incontrôlé, a prévenu l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soulignant que le virus est dix fois plus mortel que la grippe H1N1 apparue en mars 2009 au Mexique.

"Le risque de réintroduction et de résurgence de COVID-19 va continuer", a averti son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que le COVID-19 constituerait une menace jusqu'à "la mise au point et la distribution d'un vaccin sûr et efficace". À New York, "le pire est passé si nous continuons à être intelligents" a relevé le gouverneur Andre Cuomo. "Si nous faisons quelque chose de stupide, vous verrez ces chiffres remonter dès demain", a-t-il prévenu.

Une femme circule à scooter dans une rue de Wuhan, le 14 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

À l'échelle des États-Unis, où la pandémie fait encore plus de 1.500 morts par jour, la décision de "rouvrir" l'économie sera "la plus importante de ma vie", a reconnu le président Donald Trump. Son conseiller scientifique Anthony Fauci a estimé que l'économie pourrait redémarrer graduellement en mai grâce à un début d'amélioration des principaux indicateurs de la propagation. Mais, nouveau couac dans une gestion souvent critiquée, la Maison Blanche a dû démentir que M. Trump entendait limoger le très respecté épidémiologiste, après que le président eut retweeté un message contenant la mention "Virez Fauci".

Inquiétudes en Russie

La reprise du travail, bien entamée en Chine après la levée des mesures de confinement, est toutefois loin d'être à l'ordre du jour dans de nombreux autres pays. En Inde, le Premier ministre Narendra Modi a annoncé mardi 14 avril la prolongation au moins jusqu'au 3 mai du confinement de son pays de 1,3 milliard d'habitants, la plus grande population au monde soumise à ce genre de mesure. Au Royaume-Uni, le pays n'a "toujours pas passé le pic" de l'épidémie, a relevé le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qui dirige provisoirement le gouvernement en l'absence de Boris Johnson.

Ce dernier, contaminé par le COVID-19, est en convalescence dans la résidence de campagne des Premiers ministres, dans le Nord-Ouest du pays, après avoir frôlé la mort. Au Gabon, le confinement ne fait que débuter à Libreville, la capitale, tandis qu'au Nigeria il est prolongé de deux semaines dans un climat social tendu doublé d'une multiplication des actes criminels.

En Russie, le président Vladimir Poutine a reconnu que la situation "n'évoluait pas dans la meilleure direction", évoquant des "pénuries" d'équipements de protection pour les personnels médicaux. La ville de Moscou a lancé un système de laisser-passer électronique pour les déplacements. Partout, la pandémie affecte tout particulièrement les plus pauvres, comme les enfants des rues de Dakar, au Sénégal. "La mendicité, ça ne marche plus", explique l'un d'eux, Bamba Seck.

En Equateur, "les autorités disent aux gens +restez chez vous+, mais ne voient pas plus loin", déplore Washington Angulo, 48 ans, porte-parole d'un bidonville de Guayaquil. "Nous étions dans le besoin avant, et maintenant c'est pire !" Au Mexique, les personnels soignants souffrent d'être considérés comme des pestiférés, alors qu'ils sont célébrés dans de nombreux autres pays. "Je ne sais pas de quoi j'ai le plus peur : du virus ou de ceux qui nous agressent", confie Ariadna, une infirmière de 27 ans à Mexico.


AFP/VNA/CVN

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