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Un étang en banlieue de Hanoi, gravement pollué. |
Le lac Van Chuong, dans l’arrondissement de Dông Da, est l’un des plans d’eau les plus pollués de la capitale. Sa surface est couverte d’une mousse noirâtre. «Ses eaux sont lourdement polluées et putrides en raison des eaux usées qui y sont déversées quotidiennement», se plaint Mme Lan, une riveraine.
Une question de santé publique
Situé à proximité, le lac Linh Quang, toujours dans l’arrondissement de Dông Da, est dans la même situation. Bien qu’inclus dans un projet de restauration des lacs, élaboré en 2010, ce dernier est toujours dans l’attente. Ses rives sont devenues un parking et... une décharge. Les petits commerçants, les marchés ambulants ou encore ces parcs de stationnement plus ou moins licites le grignotent, inexorablement.
Chaque matin, les vendeurs ambulants ou les familles y déversent une grande quantité de déchets de toutes sortes. Ses eaux sont noires, nauséabondes et menacées par une colonisation végétale dynamique liée à l’eutrophisation. Et il ne s’agit là que de deux exemples parmi d’autres.
Ces dernières années, Hanoi a consacré une somme importante à la restauration de ses lacs et étangs. Sans grands résultats, sauf exceptions. En cause : le manque d’entretien et de protection après les travaux. Pire, certaines étendues d’eau, qui reçoivent chaque jour un volume important d’eaux usées, sont réservées à l’élevage de poissons...
Nguyên Ngoc Ly, directrice du Centre de recherche sur l’environnement et la communauté, estime qu’il faut renouveler le modèle de décentralisation. Il est nécessaire aussi de définir la fonction des plans d’eau de Hanoi pour trouver des solutions de protection convenables. Et de proposer de «supprimer totalement la pisciculture dans les étangs. De plus, il est nécessaire de confier la gestion de ces étangs aux localités ou à un organisme de gestion indépendant».
Le rôle crucial de la communauté
Si cette pollution est inquiétante, plusieurs modèles de restauration et/ou d’embellissement sont à citer en exemples à Hanoi, à commencer par celui des étangs Cheo et Phô Linh, dans l’arrondissement de Tây Hô, et du lac Dên Lu (arrondissement de Hoàng Mai).
Ce dernier est un des grands étangs situés au sud de Hanoi. Il y a quelques années encore, il souffrait d’une grave pollution. Utilisé pour la pisciculture, il était également constellé de déchets. Mais cela, c’était avant. Aujourd’hui, ses rives sont devenues un espace public où les gens du coin peuvent faire de la gymnastique. Un changement de physionomie rendu possible grâce aux efforts de tous les riverains.
Ramassage des ordures sur la rivière Tô Lich à Hanoi. |
Dinh Thi Ngat, présidente de l’Association des femmes du quartier de Hoàng Van Thu, arrondissement de Hoàng Mai, fait savoir que depuis l’année 2009, le Service des ressources naturelles et de l’environnement, en collaboration avec les organismes concernés de Hanoi, a mené une campagne pour sauver l’étang. Méthode utilisée : un curage complet suivi de l’application des nouvelles technologies de traitement de la pollution. Pourtant, il n’est pas simple de maintenir la qualité de l’eau en raison de la négligence des habitants, pas du tout sensibles à la cause environnementale. Pour pallier ce problème, chaque semaine, une trentaine de volontaires sont mobilisés par l’Association des femmes du quartier pour nettoyer et protéger le plan d’eau. En outre, plusieurs poubelles supplémentaires ont été installées sur ses berges, lesquelles sont gérées par les familles alentour.
Autre exemple de réussite avec les étangs Cheo et Phô Linh, dans une situation critique à partir de 2010, la faute aux rejets continus de déchets et autres matériaux de construction. L’étang Cheo était notamment contaminé aux nitrates dus à l’élevage porcin. Mais en 2012, le Centre de recherche sur l’environnement et la communauté, en partenariat avec les Associations des femmes, des vétérans de guerre et la coopérative du quartier de Quang An, ont pris les choses en main. Ils ont élaboré un programme d’amélioration de la qualité des eaux de ces deux étangs mobilisant la participation de la communauté. Les porcheries ont ainsi été déplacées, couplé au ramassage des ordures et au curage réguliers. De plus, des haies en bambou ont été dressées pour protéger les étangs, avec la plantation de lotus, de nénuphars - des espèces végétales aquatiques réputées pour fixer la pollution et donc améliorer la qualité des eaux.
Dans l’optique de généraliser ce genre d’initiatives, des experts en environnement estiment qu’il faut sensibiliser les autorités, les habitants, les organisations technoscientifiques à la protection de l’environnement et à l’amélioration de la qualité des eaux des étangs. En outre, l’État doit investir dans les ouvrages de traitement des eaux usées pour remédier à cette pollution qui se propage à toutes les étendues d’eau, tant de surface que souterraines.
Huong Linh/CVN