>> Des cours d'alphabétisation à la zone frontalière de Son La
>> Ethnies : améliorer progressivement les conditions de vie des familles démunies
>> Chez les brodeuses H’mông, l’union aussi fait la force
Les Xê Dang utilisent des troncs vidés pour fabriquer des conduites d’eau. |
Photo : VNA/CVN |
La commune de Ngok Yêu, province de Kon Tum, sur les hauts plateaux du Centre, compte sept villages, abritant près de 1.700 personnes, dont 98% d’ethnie Xê Dang. Cette localité est fière de ses 28 systèmes d’irrigation de différentes tailles, fournissant un approvisionnement en eau suffisant pour des centaines d’hectares de rizières.
Les efforts portent leurs fruits
À Ngok Yêu, depuis longtemps, les habitants locaux entreprennent eux-mêmes des travaux d’irrigation. Parmi eux, le projet de Dak Kring, dans le village de Long Lay 2, qui peut alimenter 8 ha. Sur cette vaste étendue, deux dépressions du terrain nécessitent la construction de conduites d’eau indépendantes.
A Thoat, chef du village de Long Lay 2, explique que les conduites d’eau sont fortifiées avec des piliers taillés dans des troncs. Elles mesurent environ 25 cm de largeur et 20 à 30 m de longueur. “Nous avons utilisé des arbres +Dùng Dinh+ (Caryota mitis) prélevés en forêt et les avons évidés pour acheminer l’eau des montagnes vers nos champs”, partage-t-il.
“Notre superficie de riziculture est plutôt limitée, nous utilisons donc les ruisseaux à proximité pour la mise en eau. Comme l’approvisionnement en eau naturelle peut être irégal selon les lieux - l’irrigation devient vitale pour une source d’eau stable”, affirme A Dom, un autre habitant du village. Avant d’ajouter : “Au début, c’est une tâche ardue, mais une fois le système d’irrigation en place, la charge de travail diminue considérablement. Cet effort a facilité la croissance du riz dans la commune”.
Parallèlement au projet de Dak Kring, les habitants du village de Long Lay 2 ont également conçu quatre structures d’irrigation supplémentaires, capables collec-tivement d’alimenter plus de 12 ha.
Selon Lê Van Hoàng, président du Comité populaire de la commune de Ngok Yêu, sur les 28 systèmes d’irrigation de la commune, 19 ont été construits par les villageois eux-mêmes, pouvant irriguer près de 70 ha de rizières.
Compte tenu de la topographie vallonnée de la région, les vastes rizières sont une rareté. Les terres arables sont souvent fragmentées et petites, nécessitant des efforts locaux d’irrigation, même avec le soutien de l’État.
Autorités accompagnant habitants
Semblable à Dak Kring, d’autres systèmes d’irrigation auto-construits dans la commune de Ngok Yêu existent, sous forme de petits barrages, complétés par des canalisations en terre.
Afin d’assurer la pérennité de ces ouvrages et d’aider les habitants à stabiliser leur production agricole, les autorités communales fournissent des matériaux pour la réparation et le renforcement de ces ouvrages.
“Les gens entreprennent la construction de systèmes d’irrigation, tandis que les autorités communales supervisent, inspectent et fournissent un soutien pendant les travaux de réparation, assurent la sécurité de ces structures et donnent confiance aux gens dans leur agriculture”, ajoute Lê Van Hoàng.
En plus de fournir des gabions pour la base des barrages et les zones sujettes aux glissements de terrain, les autorités communales ont également investi dans des tuyaux en plastique de grand diamètre pour remplacer les conduites du sol, atténuant ainsi l’impact potentiel des tremblements de terre. Ces conduites en plastique, dont certaines s’étendent sur des kilomètres, acheminent l’eau vers les zones d’irrigation. En outre, les autorités du district de Tu Mo Rông élaborent des plans pour renforcer les canaux, complétant les efforts des habitants pour entretenir leurs systèmes d’irrigation.
Les travaux d’irrigation apportent suffisamment d’eau aux rizières. |
Photo : VNA/CVN |
Pham Xuân Quang, vice-président du Comité populaire du district, reconnaît que les projets d’irrigation nécessitent souvent des investissements importants. Ainsi, lorsque les habitants locaux entreprennent eux-mêmes de telles initiatives, le district encourage et facilite leur déploiement.
En ce qui concerne les travaux qui ne sont pas structurellement sains ou ceux nécessaires pour couvrir de vastes zones d’irrigation, le district envoie des équipes d’enquête. Les résultats de ces évaluations sont ensuite intégrés dans le programme cible national visant à renforcer les canaux et à construire des systèmes d’irrigation.
“Parallèlement aux programmes financés par l’État, les efforts d’irrigation des Xê Dang ont joué un rôle déterminant dans le maintien de la culture et donc la sécurité alimentaire”, souligne M. Quang.
Au-delà de l’accent mis sur l’irrigation, les autorités locales ont, ces dernières années, également incité les Xê Dang de la commune de Ngok Yêu à diversifier leurs cultures, en promouvant la croissance des cultures industrielles pour une productivité et une efficacité accrues. Les habitants de la commune ont cultivé environ 224 ha de caféiers. Cette plante est devenue un atout de taille dans leurs efforts de réduction de la pauvreté.
Reconnaissant les avantages économiques de la caféiculture, les populations locales passent progressivement de la culture du riz et du manioc à la production de café, un changement qui a non seulement stabilisé leur vie mais aussi augmenté leurs revenus. La dernière récolte a produit plus de 500 tonnes de café frais sur toute la commune.
Les autorités du district et de la commune facilitent aussi activement la culture des plantes médicinales, en particulier du ginseng de Ngoc Linh.
Au fil des années, le district de Tu Mo Rông a sollicité l’aide de nombreuses entreprises locales pour fournir des plants de ce ginseng.
Le président du Comité populaire de la commune Ngok Yêu, Lê Van Hoàng, annonce que cette culture a pour effet secondaire positif de freiner la déforestation.
“Ces dernières années, les familles de la commune de Ngok Yêu n’ont pas demandé de soutien financier pendant la période des cultures intercalaires. La sécurité alimentaire a été maintenue. Ce succès peut être attribué à l’approvisionnement en eau adéquat dans les rizières. Désormais, les locaux gèrent de manière proactive leur production pour améliorer leur niveau de vie”, affirme M. Hoàng.
Cao Nguyên - Huong Linh/CVN