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La mer Rouge est une route maritime importante reliant la Méditerranée à l’océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie. Par conséquent, les tensions dans la mer Rouge augmentent les risques de perturbation des flux commerciaux mondiaux et d’augmentation des coûts du transport maritime. Les entreprises vietnamiennes sont fortement touchées par ces tensions.
Les entreprises maritimes ont modifiéleurs itinérairesen raison des tensions en mer Rouge, entraînant une augmentation des coûts de transport. |
Photo : VNA/CVN |
Selon la société Shinhan Securi-ties Vietnam (SSV), les sociétés domestiques exportant des marchandises vers l’Europe et l’Amé-rique du Nord sont affectées par la modification des itinéraires maritimes. Les entreprises de produits aquatiques sont moins touchées, les coûts de transport représentant moins de 5% de leurs coûts d’opération totaux.
Pour les entreprises pétrolières et gazières, les tensions continuent de soutenir la hausse des prix du pétrole, ce qui aura des effets positifs sur les entreprises en amont, telles que les raffineries et les sociétés de transport de pétrole.
À court terme, SSV estime que les tensions en mer Rouge résoudront la situation d’offre excédentaire de conteneurs. À moyen terme, si les perturbations se prolongent, cela affectera considérablement l’équilibre offre-demande en matière de transport, risquant de faire grimper les tarifs de fret.
Les instabilités dans les régions d’Aden et de la mer Rouge ont incité de grandes compagnies maritimes telles que Yang Ming Line, One, Evergreen Line, Maersk, etc. à éviter de passer par le canal de Suez, la voie navigable reliant l’Asie à l’Europe et aux États-Unis. Les porte-conteneurs contournent désormais le cap africain de Bonne-Espérance, rallongeant le voyage d’environ 40%. En conséquence de ce changement d’itinéraire, les compagnies maritimes ont annoncé des frais supplémentaires pour les circuits Asie - Europe, à destination des États-Unis et du Canada. Ces déviations entraînent également un prolongement des délais d’expédition de 7 à 10 jours, voire 15 jours, avec des coûts supplémentaires.
Trân Thanh Hai, directeur adjoint du Département d’import-export du ministère de l’Industrie et du Commerce, indique que les tensions en mer Rouge pourront entraîner un coût supplémentaire de 1.000 à 2.000 USD par conteneur pour ceux transitant par la région européenne. Les produits les plus touchés sont le textile-habillement, les chaussures en cuir, les meubles en bois et les produits électroniques. Par conséquent, les entreprises qui exportent vers l’Europe et les États-Unis doivent s’adapter rapidement.
Le ministère de l’Industrie et du Commerce a demandé aux associations professionnelles et à celles du domaine de la logistique de suivre de près les évolutions en mer Rouge pour tenir informer les entreprises afin qu’elles élaborent de manière proactive des plans de production et d’import-export appropriés.
Lacunes à combler
Un certain nombre de com-pagnies maritimes ont annoncé des coûts plus élevés pour le transport de marchandises vers les États-Unis, l’UE et d’autres pays depuis janvier 2024.
Les représentants d’entreprises de logistique à Hô Chi Minh-Ville informent qu’actuellement, les taux de fret sur certaines routes maritimes ont augmenté de 20 à 30% par rapport à il y a un mois. Certaines compagnies maritimes internationales ont annoncé des augmentations allant jusqu’à 50%, voire plus. Les tarifs des navires évoluent constamment en fonction de la situation en mer Rouge.
L’augmentation des coûts de transport se poursuit, et le fardeau retombera sur les vendeurs et les acheteurs. “La hausse des taux de fret est un coup dur qui rend les activités des entreprises plus difficiles”, a déclaré Dinh Hông Ky, président du conseil d’administration de Secoin Joint Stock Company. Selon lui, les matériaux de construction ont un poids important, et donc les coûts de transport représentent une proportion élevée dans le prix de vente. Par conséquent, en cas de fluctuation des prix, les entreprises seront fortement touchées.
Pour les entreprises du textile-habillement, le directeur général de Vinatex, Cao Huu Hiêu, souligne que le long processus d’expédition les place dans une position difficile, avec des commandes devant être livrées rapidement. Cela les contraint à mobiliser avec flexibilité les ressources humaines, les lignes de production, et à renégocier les délais de livraison avec les acheteurs. Les commandes commencent tout juste à revenir après une période calme en 2023. Cao Huu Hieu indique que les entreprises de ce secteur sont sous pression pour augmenter les coûts des intrants depuis le détroit de la mer Rouge. “Les prix sont en concurrence, négociant chaque centime. Ces évolutions géopolitiques imprévisibles exercent une pression sur les entreprises“, commente M. Hiêu.
Les entreprises de l’industrie du bois et des produits aquatiques sont inquiètes. La saison commerciale 2023 est terminée, le nombre de commandes pour le premier trimestre 2024 n’a atteint que 20% de celui des années précédentes. Dans ce contexte, les compagnies maritimes internationales ont annoncé que les tarifs de fret pourraient augmenter de 30 à 50% en raison de l’ajustement des itinéraires. “En plus d’augmenter les tarifs de fret, les changements d’itinéraires allongent également les délais de livraison. Il existe une possibilité d’effet en chaîne lorsque les itinéraires restants s’ajustent également à la hausse. Si cela se produit, cela augmentera à nouveau les prix des produits tandis que les difficultés économiques entraîneront une diminution de la consommation”, s’inquiète le représentant d’une entreprise de bois.
De même, les entreprises exportatrices de produits aquatiques estiment que l’augmentation des prix du transport pourrait constituer un nouveau défi lorsque le prix des intrants destinés à l’aquaculture et à la transformation des produits aquatiques augmente, affectant la concurrence et les bénéfices des entreprises de ce secteur.
Nguyên Dinh Tùng, Pdg de Vina T&T Company, un exportateur de fruits vers les États-Unis, fait savoir qu’auparavant, le délai d’expédition du Vietnam vers la côte Est des États-Unis était d’environ 28 jours, contre 45 jours aujourd’hui. Cela affecte la qualité des produits agricoles, et rend impossible l’exportation des fruits frais. “À la fin de cette année, les fruits n’arriveront pas à temps aux États-Unis pour être vendus au Têt traditionnel 2024“, remarque M. Tung.
La solution proposée par le Pdg de Vina T&T est de négocier avec les clients un transport aérien coûteux ou de demander un report de la date de livraison. Les exportateurs vietnamiens sont encouragés à se préparer et à agir avec flexibilité en adoptant des mesures face aux perturbations dans le transport en mer Rouge.
Afin de protéger leurs intérêts, le ministère de l’Industrie et du Commerce a incité les associations commerciales et logistiques à surveiller de plus près la situation, permettant ainsi à leurs membres de rester informés des nouveaux développements.
Les exportateurs de produits textiles sont parmi les plus touchés par les tensions en mer Rouge. |
Photo : VNA/CVN |
Recommandations
Cette vigilance est nécessaire pour préparer des plans de production, d’exportation et d’importation, et ainsi éviter les impacts trop négatifs. Il a également été recommandé aux exportateurs et importateurs d’engager des discussions avec leurs partenaires pour étendre les délais de préparation et de livraison des marchandises si nécessaire, de diversifier les sources d’approvisionnement pour minimiser l’impact sur les chaînes d’approvisionnement, et de considérer le transport ferroviaire comme une alternative, selon Trân Thanh Hai.
De manière spécifique, le ministère de l’Industrie et du Commerce a conseillé aux entreprises d’inclure des clauses sur l’indemnisation et l’exonération de responsabilité en cas d’urgence lors de la négociation et de la signature de contrats commerciaux et de transport. Il leur a également été recommandé de souscrire une assurance en prévision des risques et des pertes lors de transports prolongés ou d’incidents inattendus, tout en préparant différents plans de transport.
Faisant écho à cette perspective, l’Association vietnamienne des entreprises de logistique souligne que les exportateurs devront diversifier les moyens de transport à court terme pour mettre à jour leurs informations et collaborer avec d’autres parties des chaînes d’approvisionnement. Elle recommande aux entreprises d’inclure des clauses d’indemnisation dans les contrats commerciaux et de transport, tout en souscrivant une assurance. De plus, les sociétés devront diversifier leurs fournisseurs de matériaux afin d’éviter des perturbations dans la production qui pourraient entraîner des retards de livraison.
Thê Linh/CVN