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La Fintech a le vent en poupe au Vietnam, dopée par la volonté du gouvernement de développer cette nouvelle méthode qui déploie la technologie pour améliorer les activités financières. Le pays a investi 4,4 milliards de dollars en 2017 dans ce secteur et ce chiffre devrait s’élever à 7,8 milliards en 2020. Il compte actuellement 78 startups, certaines étant bénéficiaires d’investissements conséquents provenant de l’étranger depuis peu. Ces jeunes entreprises innovantes ont, pour la plupart, été créées et sont gérées par les Vietnamiens. Elles auraient déjà investi 129 millions dans la Fintech et cette tendance semble se maintenir.
Selon une enquête, 72% des banques veulent coopérer avec les compagnies technololgiques pour développer la Fintech. |
Photo: VNA/CVN |
Il y a plusieurs principaux facteurs qui ont favorisé le développement de cet écosystème au Vietnam. D’abord, le plan du gouvernement qui vise à améliorer l’accès aux services financiers. Ensuite, l’augmentation du nombre d’internautes et d’utilisateurs de smartphones en milieu rural. Enfin, la croissance des services de paiement électronique. Selon des spécialistes, le secteur du règlement des achats en ligne continuera de fleurir au Vietnam puisque le potentiel du marché (50 millions d’abonnés à Internet et 35 millions d’utilisateurs de smartphone) n’est pas encore exploité à 100%.
Participations massives d’investisseurs étrangers
Ce vivier attire évidemment son lot d’intéressés. Ainsi, deux investisseurs sud-coréens Korea Investment Partners (KIP) et Mirae Asset Venture Investment ont versé en 2017 environ 10 millions de dollars à Appota, une startup viet-namienne spécialisée dans le développement de plateformes pour téléphone mobile. En 2016, M_Service, propriétaire du portefeuille électronique MoMo, a bénéficié de 28 millions de dollars provenant de Standard Chartered Private Equity et de la banque Goldman Sachs. Champion Crest, relevant de Credit China FinTech Holding Limited à Hongkong (Chine), a pour sa part injecté 12,73 millions de dollars pour devenir l’actionnaire majoritaire de la société Bang Huu (Amigo).
Ces participations massives au capital social démontrent qu’en plus d’être attractive, la Fintech vietnamienne se voit investie de la confiance de structures financières étrangères sur le long terme, ce qui limite les risques. De cette façon, s’il est clair que le choix par Standard Chartered Private Equity et Goldman Sachs de soutenir MoMo s’explique par sa place de leader sur le marché vietnamien et par l’importance de sa clientèle: environ 2,5 millions de personnes et plusieurs grandes entreprises comme EVN, VNPT, MobiFone, Vinaphone, Vietjet Air, Fim+, FPT, VTVcab, Home Credit, FE Credit, Prudential Finance… De plus, la présence d’employés expérimentés dans les secteurs de la banque, de la finance, de la programmation informatique ou encore de la cyber sécurité est un gage de qualité et de confiance pour les acteurs extérieurs. Si le cas de soutenir MoMo est particulièrement explicite, les développements précédents peuvent être aisément étendus à d’autres startups comme Moca, ECPay, Mobivi, VNPay, 123Pay, Payoo, Napas, PeaceSoft, VTC Pay, Smartlink, WePay...
Environ 7,8 milliards de dollars prévus en 2020
Selon un rapport de Solidiance, un cabinet de conseil opérant en Asie-Pacifique, le secteur de la Fintech au Vietnam aurait pesé 4,4 milliards de dollars en 2017 et pourrait atteindre 7,8 milliards d’ici 2020.
Solidiance indique que le gouvernement vietnamien participe activement à cet essor en créant un “cadre réglementaire de plus en plus favorable” à travers par exemple la formation du Comité de pilotage de la Fintech et d’autres mesures. L’objectif à terme est de faire en sorte que 70% des plus de 15 ans aient un compte bancaire ces deux prochaines années afin de généraliser le paiement en ligne. En effet, le pays veut réduire l’utilisation de l’argent liquide pour les transactions à moins de 10% d’ici à 2020. Selon Michael Sieburg, expert chez Solidiance, le Vietnam deviendra au cours de la prochaine décennie l’un des leaders d’Asie-Pacifique en termes de solutions attachées aux technologies financières. Il s’est déclaré optimiste quant aux capacités de la jeunesse, à son énergie et à son esprit d’innovation pour parvenir à une déclinaison efficace de ce type de technologies dans le pays.
Trois formes d’utilisation se distinguent dans ce domaine: le paiement numérique - arrivant en tête avec environ 89% des parts de ce marché, la finance personnelle et la finance d’entreprise se partageant les 11% restant. Ces deux dernières applications devraient connaître un taux de croissance annuel composé (en anglais CAGR ou Compound Annual Growth Rate) respectivement de 31,2% et de 35,9% sur la période 2017-2025.
Selon Nguyên Thùy Duong, directrice générale adjointe d’Ernst & Young au Vietnam, les sondages concernant le secteur bancaire en 2018 menés par son entreprise montrent que les établissements financiers souhaitent devenir des partenaires de premier rang des entreprises de la Fintech au lieu de développer eux-mêmes leurs propres services. Ainsi, 60% de ces entreprises nourrissent l’espoir de recevoir au moins un million de dollars lors du prochain appel à investissements. Par ailleurs, 44% des banques prévoient d’acheter des technologies financières d’un tiers et 17% de racheter directement des entreprises de Fintech.
Le Vietnam est un marché attractif pour les entreprises du secteur de la Fintech, un nouveau service financier employant la technologie pour améliorer la marche des activités touchant aux paiements et à la comptabilité numérique. Chaque année, des centaines de millions de dollars sont investis dans ce domaine. “Les investisseurs étrangers ont l’intention de racheter des firmes de la Fintech vietnamienne”, a prévu Varun Mittal, responsable de la Fintech de l’ASEAN à Ernst&Young (EY), couvrant les technologies émergentes et les modèles commerciaux dans les services financiers à travers l’ASEAN.