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Lò Thị Minh berce son enfant et me salue de la main. Elle se trouve à la fenêtre d’une petite maison en bois sur pilotis, maison traditionnelle des Thai, troisième groupe ethnique le plus peuplé du Việt Nam. Je lui réponds en souriant, et sors mon appareil photo. «Viens visiter», sourit-elle en désignant le haut escalier en bois qui se trouve à côté de moi.
Fête dans la famille
Le hasard faisant, je tombe le jour où les Thai célèbrent la Fête de l'Indépendance (2 Septembre) - la deuxième journée la plus importante pour eux, après le Nouvel An lunaire. L’occasion de rappeler à leurs enfants l’importance d'être reconnaissant envers ceux qui ont sacrifié leur vie pour la liberté du pays.
Ils nettoient la maison, décorent l'autel des ancêtres, préparent un repas copieux uniquement carnivore (porc, poulet). «Nous mangeons des légumes tous les jours, mais aujourd’hui est un jour spécial», explique la belle-mère de Minh, tout en attisant le feu pour faire chauffer de l’eau.
Les membres de la fratrie s’apprêtent à s’asseoir sur les nattes posées sur le plancher en bois. Je suis invitée à déjeuner avec eux.
Marché local
Chaleureuses, les vendeuses du marché prennent la pose. |
La famille de Minh consomme la viande et les légumes qu’elle produit elle-même. Pour le reste, elle doit marcher une heure pour se rendre au centre du district Trạm Tấu. Elle y trouve de tout: des légumes, posés sur des morceaux de sacs plastiques, des vêtements traditionnels et modernes, des téléphones mobiles et des bières de Hà Nội.
J’ai rapidement visité ce marché ce matin avant de rencontrer la famille de Minh. En voyant que je n’étais pas d’ici, des vendeuses m’ont invitée à acheter leurs produits. J’ai refusé pour poursuivre ma balade. Curieuses, elles ont gardé le sourire et m’ont demandé d’où je venais, pourquoi j’étais là. « Ah, vous êtes photographe ? Oh je suis trop moche, il ne faut pas me prendre en photo », a rit l’une d’elles.
Je l’ai rassurée et elle a fixé ses yeux vers la caméra, comme pour dire qu’elle est prête. Elle s’est tournée vers d’autres vendeuses pour les inciter à faire de même.
Leurs sourires réveillent leurs visages rigides et leur manque de sommeil récurrent marqué par des cernes noirs. Peu surprenant quand on sait que beaucoup d’entre elles parcourent chaque jour plusieurs kilomètres pour venir à six heures du matin.
La vie quotidienne
Une région pleine de couleurs et de sourires. |
Située dans le Nord-Est du Việt Nam, la région regroupe différents groupes ethniques, les Thai, les H’Mong, les Khơ Mú, les Tày, et les Mường. Ils ne vivent que de la plantation de maïs, de riz, et de l’élevage des vaches, mais leur vie semble paisible.
Une mère brode une robe, assise sur une chaise devant la maison, à côté de sa fille. Deux cents mètres plus loin, une autre maman peigne ses cheveux devant la maison, en discutant avec son enfant qui rentre de l’école. Juste à côté, une vieille dame rentre des champs, son petit-fils sur le dos.
Non loin de là, un groupe de bambins se presse pour rentrer après la classe, il commence à pleuvoir et ils sortent leur parapluie. De l’autre main, ils tiennent le déjeuner préparé par leur maman. Un repas souvent très simple, seulement quelques morceaux de pousses de bambou marinés et pimentés.
En cherchant le chemin pour rentrer au centre-ville, je me perds, ne sachant plus dans quelle direction m’orienter. Je suis aidée par une vieille dame. Le dos courbé par une charge de bois très lourde, elle essuie doucement les sueurs sur son visage.
Les enfants rentrent de l’école. |
Une région à découvrir
Trạm Tấu est encore très mal connue. De nombreux voyageurs sont charmés par des régions plus touristiques. Pourtant, si vous voulez découvrir la culture rurale, contempler les rizières en terrasse, et danser au rythme de la flûte et des gongs, il s’agit d’un petit trésor.
Les plus téméraires peuvent aussi se rendre aux chutes de Háng Tề Chơ un lieu préservé des vacanciers, connu comme l’une des chutes les plus spectaculaires du Việt Nam. Elles ressemblent, vues de loin, à un petit filet au milieu des collines de pins. L’accès se fait par un étroit chemin boueux au bord des falaises, à peine assez large pour une moto.
Pour ceux qui veulent «chasser les nuages», ils peuvent découvrir le sommet Tà Chì Nhù, le sixième plus haut sommet du Việt Nam, avec une altitude de 2,979 m.
Il est préférable de ne pas voyager pendant la saison des pluies (de mai à septembre). Les routes sont difficilement praticables. Même les habitants doivent troquer leur moto et marcher.
Des habitants optimistes malgré les difficultés de la vie. |
Les difficultés de la vie ne semblent pas avoir effacé l’optimisme ambiant. Minh m’a dit qu’elle se sentait heureuse près de sa famille et de son mari. Le secret de leur bonheur ?
Texte et photos : Vương Bạch Liên