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La sage-femme Ly Minh Thuong (gauche) donne des conseils en matière de nutrition à une mère du village de Ma Ly Pho. |
Photo : VNA/CVN |
Ces dernières années, les soins de santé génésique dans les villages reculés et peuplés d’ethnies minoritaires de la province montagneuse de Lai Châu (Nord) ont connu des changements positifs. Le taux de femmes enceintes se rendant dans les établissements de santé pour des consultations médicales et des accouchements a augmenté, tandis que la proportion de complications obstétricales ainsi que la mortalité maternelle et néonatale ont diminué.
Ly Minh Thuong, sage-femme du village de Ma Ly Pho, dans le district de Phong Thô, exerce son métier depuis près de dix ans. Sa routine quotidienne consiste à rendre visite aux femmes enceintes et aux mères, et à leur apprendre à prendre soin des bébés.
Mission importante
“Dans notre village, tous les habitants sont issus de l’ethnie Dao. Auparavant, les femmes locales manquaient de connaissances sur la grossesse, ce qui faisait qu’elles ne se rendaient pas dans les établissements de santé pour des contrôles réguliers et accouchaient souvent à domicile, ce qui présentait des risques pour la vie du bébé et de la mère”, explique Ly Minh Thuong.
Selon elle, l’une de ses tâches importantes est d’encourager les femmes enceintes à se rendre dans les installations de santé pour des examens prénataux et l’accouchement, ainsi que de les informer de l’importance de la vaccination contre le tétanos pour les mères et d’autres types de vaccins pour les enfants.
Elle fournit également des informations sur la façon de prendre soin des mères pendant la grossesse et après l’accouchement, et des conseils utiles pour réussir l’allaitement. Grâce aux sages-femmes comme Thuong, il n’y a plus de femmes qui accouchent à domicile.
Tân Minh Hanh, dont le nouveau-né a 20 jours, partage qu’elle n’a aucune expérience car c’est son premier enfant. Mme Thuong lui a appris à allaiter et lui a donné des conseils en matière de nutrition.
De son côté, Ly Sa Nga, qui a un bébé de six mois, raconte qu’elle a reçu des recommandations alimentaires pendant sa grossesse ainsi que des informations sur les vaccinations. La sage-femme Thuong l’a aidée à accoucher dans un établissement de santé.
L’infirmière Thùng Thi Phuong, du Centre de santé de Ma Ly Pho, explique que les sages-femmes du village soutiennent de nombreuses femmes pendant et après leur grossesse.
Selon elle, le contingent de sages-femmes de la province de Lai Châu partage la langue, les coutumes et les habitudes des femmes locales, et possède des connaissances et compétences nécessaires pour les approcher facilement et les persuader d’abandonner les pratiques dépassées. Ces accoucheuses jouent également un rôle important dans la détection des anomalies chez les mères et les bébés, ajoute-t-elle.
Selon le Service de la santé de Lai Châu, la province compte 175 sages-femmes. En 2022, 5.625 femmes enceintes ont bénéficié d'examens médicaux. Parmi celles-ci, 957 mères ont été encouragées à accoucher dans des établissements de santé, tandis que 266 ont choisi d’accoucher à domicile avec l’assistance des sages-femmes. De plus, 259 femmes enceintes ont été diagnostiquées avec des problèmes de grossesse.
Nguyên Thê Phong, directeur adjoint du Service provincial de la santé, affirme que ces accoucheuses contribuent à réduire les complications obstétricales, la mortalité maternelle et la mortalité infantile au sein de la communauté. Elles jouent un rôle de pont entre la communauté et les établissements médicaux.
Politiques de rémunération
Ly Minh Thuong (gauche) rend visite à des femmes enceintes du village de Ma Ly Pho. |
Photo : VNA/CVN |
Les sages-femmes villageoises sont considérées comme une extension du secteur de la santé, en particulier dans le domaine des soins de santé génésique des femmes des minorités ethniques et vivant dans les zones montagneuses. Cependant, les allocations qui leur sont accordées laissent à désirer.
C’est un désavantage considérable, car la plupart d’entre elles sont issues de familles pauvres et de groupes ethniques minoritaires vivant dans des zones extrêmement difficiles. Elles doivent couvrir des dépenses telles que les frais d’essence pendant l'exercice de leur travail.
Ly Minh Thuong affirme qu’elle fait ce métier par amour et espère que les collectivités locales et l’État pourront apporter aux sages-femmes une aide financière supplémentaire afin de les encourager davantage à poursuivre leur travail.
Face à cette situation, le Service de la santé de Lai Châu a proposé au Conseil populaire et au Comité populaire de la province de prendre en charge les indemnités des sages-femmes villageoises, pour s’assurer que chaque village dispose d’au moins un ou deux agents de santé, selon Nguyên Thê Phong, directeur adjoint du service.
Les ressources locales seront également mobilisées pour former ces sages-femmes et leur fournir un appui technique, afin d’améliorer leur capacité à effectuer d’autres tâches professionnelles importantes telles que la sensibilisation à la santé génésique, à la nutrition et à la planification familiale.
Huong Linh/CVN