Les rues «sud-coréennes» de Hanoi

En se promenant dans les rues Dô Quang, Nguyên Thi Thâp ou Hoàng Ngân, à Hanoi, on pourrait se croire à Séoul, en Corée du Sud. Immersion.

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Une rue "sud-coréenne" dans la cité urbaine Trung Hoà - Nhân Chinh.
Photo : Vân Anh/CVN

Avec le renforcement de la coopération diplomatique entre le Vietnam et la Corée du Sud, le nombre de Sud-Coréens présents au Vietnam ne cesse d’augmenter. Selon les statistiques des ministères sud-coréens des Affaires étrangères et du Commerce extérieur, ces dix dernières années, leur nombre a été multiplié par cinquante. À Hanoi, les Sud-Coréens habitent surtout dans les cités urbaines, notamment Trung Hoà-Nhân Chinh, My Dinh-Sông Dà (arrondissement de Câu Giây).
Pour satisfaire leurs besoins, des services adaptés, en majorité des restaurants, mais aussi des supermarchés, des salons de massage, des écoles, des cabinets médicaux et des agences immobilières, poussent comme des champignons après la pluie.
Un bun cha pimenté
«Les Sud-Coréens dépensent beaucoup d’argent pour leurs divertissements ainsi qu’au restaurant. Après le travail, les hommes aiment s’y rendre pour boire un verre, parfois jusque très tard», explique Park Doong Sik, un Sud-Coréen vivant dans la rue Hoàng Ngân. La plupart des Sud-Coréens, même s’ils ont vécu longtemps au Vietnam, ne s’habituent pas à la gastronomie vietnamienne. Ils apprécient plutôt les plats piquants. Les spécialités sud-coréennes les plus connues, kimbab ou Tokbokki, sont donc servies dans les restaurants.

La plupart de ces établissements sont gérés par des Vietnamiens. Mais les chefs de cuisine sont toujours sud-coréens. «Nos convives sont très exigeants. C’est pourquoi il est important que quelqu’un du pays soit responsable de la cuisine», souligne Nguyên Thanh Thu, propriétaire d’un restaurant dans la rue Hoàng Ngân. Et de préciser que son chef touche un très bon salaire. «Grâce à lui, mon restaurant attire davantage de clients», ajoute-t-elle.
Certaines spécialités vietnamiennes comme le bun cha (vermicelle au porc grillé), le pho, le com rang dua bo (riz sauté au bœuf et aux légumes salés et fermentés) sont toutefois appréciées par les Sud-Coréens. Rien que dans la rue Nguyên Thi Thâp, on peut compter pas moins d’une dizaine de restaurants qui servent du bun cha. Les inscriptions sur les panneaux sont à la fois en vietnamien et en sud-coréen. «Les serveurs de ces restaurants sont dynamiques et parlent bien le coréen», souligne Nguyên Thi Hang, étudiant du département de coréen de l’Université de Hanoi.
«Nous adaptons la recette du bun cha au goût des Sud-Coréens, révèle Nguyên Van Long, propriétaire d’un restaurant de bun cha. La sauce est plus piquante et moins aigre. On ajoute du piment en poudre avant de griller la viande».
Supermarchés sud-coréens

Des produits sud-coréens sont disponibles

Les Sud-Coréens aiment aussi acheter des produits fabriqués dans leur pays d’origine. Même si des produits vietnamiens à bas prix, dentifrice, brosse à dent ou serviette…, sont disponibles. Des supermarchés achalandés principalement avec de la marchandise sud-coréenne ont été inaugurés. K-Mart et Ace-Mart sont les plus connus. «Ils peuvent débourser une grande somme d’argent pour acheter des marchandises de leur pays», constate Nguyên Thi Hoa, employée du supermarché K-Mart.
Dans ces rues, la vie est rythmée à la manière sud-coréenne. «Ils sont toujours à l’heure, tiennent parole et sont irascibles. Lorsqu’ils travaillent avec eux, les Vietnamiens sont influencés par leur comportement», note Lê Thi Ngoc, femme d’un Sud-Coréen qui vit dans la rue Dô Quang.
La communauté sud-coréenne est très soudée. «Nous nous inscrivons dans des clubs sud-coréens. Ce qui nous aide à ne pas nous sentir seuls», partage Park Doong Sik. La barrière linguistique entrave en effet les échanges entre les Vietnamiens et les Sud-Coréens. «S’ils ne sont pas totalement intégrés à la vie au Vietnam, la plupart des Sud-Coréens en sont satisfaits, confie Lee Dong Suck, au Vietnam depuis deux ans. Je trouve Hanoi paisible, les habitants sont accueillants. À l’avenir, j’essaierai de parler davantage vietnamien et de manger des plats locaux».

Vân Anh/CVN

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