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Comme dans de nombreuses villes d'Espagne, les retraités ont manifesté à Madrid pour la revalorisation des pensions, le 15 décembre 2018. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La Coordination étatique pour la défense du système public de pensions de retraite (COESPE) et d'autres collectifs avaient appelé à manifester dans une centaine de municipalités pour réclamer "des pensions dignes".
Remontant la Gran Via, principale avenue de Madrid, ils étaient plusieurs milliers en début de soirée à réclamer que les retraites ne puissent pas être inférieures à 1.080 euros par mois.
"Encore aujourd'hui, beaucoup de mes enfants émancipés reçoivent une aide de ma part alors que ma pension de retraite n'atteint pas les 900 euros", témoignait l'ancienne chauffeuse de taxi Mari Carmen Velarde, 73 ans. "Ma fille touche 500 euros pour un travail l'après-midi et paie 450 de loyer, alors quand je fais les courses, je fais deux paniers de provisions, et je vis avec un de mes fils", disait-elle. "Je voudrais que les Espagnols soient plus révolutionnaires, comme les Français, mais sans agressivité: je me mettrais le gilet jaune mais sans casser aucune vitre", assurait cette retraitée.
Beaucoup de ces manifestants entendaient rappeler aux politiques que les neuf millions de retraités espagnols ont un grand pouvoir électoral. Car le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, au pouvoir depuis juin, est en minorité au parlement et des législatives sont envisagées dès 2019.
Selon le ministère de l'Emploi, la pension moyenne de retraite a atteint en novembre les 1.106 euros mensuels, en augmentation de 3,40% par rapport à l'an passé. Mais "ici, il y a plus de trois millions de retraités qui touchent moins de 400 euros par mois, c'est pourquoi nous réclamons une pension minimale, de 1.080 euros par mois", expliquait Angel Luis Parra, 62 ans, ancien ouvrier dans la construction, derrière la banderole de son syndicat Co-Bas, clamant "comme en France, la lutte est dans la rue".
L'ancien ouvrier insistait sur l'importance de changer les conditions de travail des jeunes: "Pedro Sanchez n'a pas tenu sa promesse d'abroger la réforme du droit du travail (de 2012, ndlr) et le drame en Espagne aujourd'hui, c'est que les gens ont des contrats à temps partiels pour des salaires misérables".
D'autoproclamés "chalecos amarillos" (gilets jaunes) avaient incité les retraités à se mobiliser, à partir d'un compte Twitter créé en décembre. Mais ces gilets étaient plutôt rares dans les cortèges ou appartenaient à des militants assurant les porter depuis des années.