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Les enfants vivant sur le lac Sê San 4 attendent le jour où ils déménageront sur terre définitivement et iront régulièrement à l’école. |
Situé près de la frontière avec le Laos et le Cambodge, le lac Sê San 4 abrite une grande variété de poissons. C’est une source de vie pour beaucoup de gens des quatre coins du pays.
Les pêcheurs, principalement les hommes, commencent à installer les carrelets vers 17 heures et vont les retirer le lendemain à l’aube pour récupérer les poissons. Les produits sont soit vendus tout de suite au marché, soit séché au soleil pour être vendus plus tard. Les poissons de Sê San, surtout les anchois, sont une spécialité locale. Le plat Banh trang ca com (galette de riz aux anchois) est notamment très réputé et se vend très bien dans les restaurants.
Une vie difficile des habitants locaux
Selon Tu Son, un habitant du hameau depuis six ans, auparavant, les poissons étaient présents en masse. Mais maintenant, «ils sont moins nombreux et aussi plus malins, il est donc difficile de les pêcher», a-t-il partagé, en ajoutant qu’avant, il ramenait entre 10 et 50 kilos de poissons à chaque sortie, alors que maintenant la quantité de poissons pêchés n’atteint plus que quelques kilos. «On a dû changer nos techniques. Au lieu d’utiliser le filet, on se sert désormais du carrelet (nappe carrée à mailles rectangulaires, ndlr)», a-t-il poursuivi.
La nuit, le lac s’allume grâce aux lampes attachées aux carrelets. «Certaines espèces de poissons sont attirées par la lumière, alors pour les attraper, on étend le carrelet et on allume la lampe. Dès que les poissons viennent, on le ferme», a expliqué Tu Son. Selon lui, en pêchant de cette manière, on peut capturer facilement cent kilos de poisson chaque nuit.
Outre la pêche, les habitants travaillent comme pisciculteurs. Et pourtant, la pisciculture au lac de Sê San est précaire du fait du climat, et de l’évacuation de l’eau de la centrale hydroélectrique. «En 2015, l’élevage de poisson se portait très bien mais pas la vente. L’année dernière, à cause de la mauvaise qualité de l’eau du lac, les tilapias, une espèce de poisson introduite par le Service de l’agriculture et du développement rural de la province, sont presque tous morts. Des poissons dans ma ferme sont morts de la même façon, cela m’a fait perdre 300 millions de dôngs», a raconté Hai Thuôc, l’un des premiers habitants du hameau.
«Cette année, les poissons grandissent rapidement, j’espère qu’ils se vendront bien pour compenser les pertes de l’année dernière», a-t-il ajouté. Hai Triêu est un autre membre de la communauté. Sa famille loge sur un radeau d’environ 30 m2. «Nous buvons de l’eau de pluie et prenons notre bain dans le lac», a-t-il fait savoir.
Originaire de la province d’An Giang (delta du Mékong), sa famille était l’une des plus pauvres de son village et ne possédait aucun terrain. Hai Triêu ne peut plus se souvenir combien de fois il a déménagé sur des lacs dans le delta du Mékong et les hauts plateaux du Centre. La pêche se pratique de père en fils. Pendant la saison pluviale, ils travaillent mais à la saison sèche, ils sont au chômage.
S’installer sur terre, le rêve des pêcheurs
Le lac Sê San 4 accueille une centaine de personnes venues de différents horizons. |
Le grandiose fleuve de Sê San comprend plusieurs lacs. Celui de Sê San 4 accueille une centaine de personnes d’origines très différentes. Elles travaillent tout au long de leur vie comme pêcheurs mais rêvent toutes de changer de métier un jour.
Être pêcheur implique d’accepter de bouger en fonction de ce que la nature lui donne. Si on apprend qu’un plan d’eau abrite beaucoup de poissons, les hommes y vont d’abord pour tenter de pêcher, et si la vie y est favorable, ils emmènent leur famille pour s’y installer. Sur le lac de Sê San, chaque jour les pêcheurs gagnent entre 200.000 et 500.000 dôngs. C’est un meilleur revenu que celui qu’ils gagnaient dans leur village natal.
Mais pourtant, les pêcheurs veulent que cette situation se termine rapidement. «Nous voudrions stabiliser notre vie en nous installant durablement quelque part pour que nos enfants puissent fréquenter l’école régulièrement», a confié Hai Triêu. Il souhaite pouvoir s’installer sur la terre ferme pour faciliter l’instruction de ses deux enfants.
Actuellement, une vingtaine d’enfants de ce hameau flottant vont à l’école. Ce n’est pas si évident de les faire aller à l’école, car certaines personnes pensent que l’apprentissage ne leur est pas nécessaire. «Mon père est né et a vécu sur le lac. Il ne pouvait ni lire ni écrire mais il était quand même heureux», a affirmé un parent.
Récemment, Nguyên Quang Tho, chef du Bureau de l’éducation et de la formation du district d’Ia H’Drai, a rendu visite à chaque famille pour les persuader de scolariser leurs enfants.
Mai Quynh/CVN