Les Oscars attendent la déferlante Everything Everywhere All At Once

Les premières stars sont arrivées dimanche 12 mars à Hollywood pour la cérémonie des Oscars, où Everything Everywhere All At Once, une comédie déjantée dans laquelle s'entrecroisent un trou noir en forme de bagel et des sex toys utilisés comme nunchakus, s'annonce comme un favori bien peu orthodoxe.

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Combinaison de photos des actrices Cate Blanchett, "Tar", Ana de Armas, "Blonde", Andrea Riseborough, "To Leslie", Michelle Williams, "The Fabelmans", et Michelle Yeoh, "Everything Everywhere All at Once".
Photo : AFP/VNA/CVN

Les actrices Jamie Lee Curtis et Hong Chau, ainsi que le comédien Brendan Fraser, ont été parmi les premiers nommés à fouler le tapis couleur crème de cette 95e cérémonie.

L'Académie espère que l'audience des grands soirs sera au rendez-vous pour assister au triomphe annoncé d'Everything Everywhere : nommé dans 11 catégories, ce film loufoque a rencontré un joli succès en salles, avec 100 millions d’USD au box-office. De quoi peut-être enfin faire oublier la fameuse gifle de Will Smith, qui avait défrayé la chronique l'année dernière.

Mêlant action, humour potache et science-fiction, Everything Everywhere All At Once raconte les aventures d'une propriétaire de laverie surmenée, incarnée par Michelle Yeoh, soudainement sommée de sauver une multitude d'univers parallèles d'une force maléfique : l'alter ego de sa fille dépressive.

Pour y parvenir, cette immigrée chinoise doit utiliser les pouvoirs de ses différentes vies alternatives, en visitant des mondes souvent complètement timbrés, où certains humains ont par exemple des doigts en forme de hot dogs.

Émouvante réflexion sur l'amour familial, le film est porté par un casting brillant, majoritairement asiatique. Il a raflé la plupart des prix décernés avant les Oscars.

"Derrière le film, il y a un groupe de gens très attachants, pour lesquels il est impossible de ne pas ressentir de la sympathie", résume Scott Feinberg, chroniqueur spécialisé du Hollywood Reporter. Mais cette domination, prophétisée depuis des semaines, pourrait se heurter au système de vote pour l'Oscar du meilleur film, qui a tendance à pénaliser les œuvres polarisantes.

Réserves de certains votants

Un des votants aux Oscars confie ainsi que certains membres de l'Académie, notamment parmi les plus âgés, nourrissent des réserves face au succès du film. "C'était un film très audacieux et unique, mais pas un film traditionnel, (...) il pourrait finir plus loin dans le classement pour beaucoup de gens", explique-t-il sous couvert d'anonymat.

Cela pourrait profiter à l'adaptation allemande du roman pacifiste À l'Ouest, rien de nouveau, ou au blockbuster de Tom Cruise Top Gun: Maverick, carton populaire qui a permis au public d'enfin renouer avec les salles obscures après la pandémie.

La compétition entre comédiens est-elle bien plus serrée. "Je ne me souviens pas d'une année (...) où trois des quatre catégories d'acteurs étaient vraiment à quitte ou double", observe M. Feinberg.

L'Oscar de la meilleure actrice se joue entre Cate Blanchett, cheffe d'orchestre impitoyable dans Tar, et Michelle Yeoh, l'héroïne d'Everything Everywhere, qui pourrait devenir la première lauréate d’origine asiatique à rafler ce prix.

Pour celui du meilleur acteur, Austin Butler (Elvis), Brendan Fraser (The Whale) et Colin Farrell (Les Banshees d'Inisherin) sont au coude-à-coude.

Principales nominations aux 95e Oscars qui se tiendront le 12 mars à Hollywood.
Photo : AFP/VNA/CVN

Tout comme Angela Bassett (Black Panther: Wakanda Forever), Jamie Lee Curtis (Everything Everywhere All At Once) et Kerry Condon (Les Banshees d'Inisherin) pour la statuette du meilleur second rôle féminin.

Seul Ke Huy Quan, ex-enfant star d'Indiana Jones et le Temple Maudit oublié par Hollywood depuis plus de 20 ans, semble quasi-assuré de remporter un Oscar, à force d'accumuler les récompenses pour son second rôle de mari attendrissant dans Everything Everywhere.

"Équipe de crise"

L'ombre de la fameuse gifle décochée l'an dernier par Will Smith à l'humoriste Chris Rock, après une blague sur l'alopécie de sa femme, plane aussi sur cette cérémonie. L'épisode devrait générer d'inévitables plaisanteries, mais la productrice exécutive des Oscars, Molly McNearney, souhaite clairement tourner la page. "Nous allons évoquer l'événement (…) et passer à autre chose", a-t-elle déclaré cette semaine.

L'an dernier, l'Académie avait été critiquée pour avoir laissé M. Smith recevoir son prix de meilleur acteur sur scène après son agression. Il a depuis été interdit de cérémonie pendant 10 ans et cette année, une "équipe de crise" doit œuvrer en coulisses pour parer à toute éventualité.

La cérémonie compte sur la présence des suites de Top Gun et Avatar, deux blockbusters majeurs, et sur la participation de Rihanna - qui doit interpréter sur scène la chanson Lift Me Up de Black Panther: Wakanda Forever - pour tenter de contrer la baisse générale de son audience.

Car malgré un rebond l'an dernier, l'intérêt pour les Oscars s'est considérablement effrité depuis l'âge d'or des années 90. En 1998, 57 millions de téléspectateurs – record absolu – avaient assisté au triomphe de Titanic, récompensé par 11 statuettes.

"Ce monde a disparu", observe M. Feinberg. "Mais si l'audience n'augmente pas par rapport à l'année dernière, l'Académie aura un gros problème." Selon le magazine Variety, Lady Gaga, qui devait initialement être absente malgré une nomination, pourrait également faire une apparence de dernière minute sur scène.

AFP/VNA/CVN



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