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La fonte de bronze dans le village de Phuoc Kiêu. |
Des produits en bronze sont en vente dans des stands des deux côtés de la route. Les passants ont ainsi l’opportunité de pouvoir rapporter chez eux une pièce en bronze après l’avoir attentivement négocié.
Les visiteurs peuvent trouver divers types de produits, dont des sculptures minuscules, des brûle-parfums, des statues de Bouddha et des objets sacrés vendus de 100.000 dôngs à plusieurs millions de dôngs chacun. Malgré l’urbanisation rapide et la crise économique, le commerce est encore la principale source de revenu pour plus de 30 ménages aux alentours. L’industrie artisanale a tout de même légèrement changé par rapport aux siècles passés. Les artisans utilisent aujourd’hui des équipements mécaniques et des outils pour la production de masse.
Duong Van Thang, âgé de 63 ans, est l’un des descendants les plus habiles de la famille Duong - les précurseurs du métier - dans le village de Phuoc Kiêu. Il précise que le commerce a été fondé par l’ancêtre Duong Không Lô. Le village organise ainsi une Journée annuelle d’adoration pour les ancêtres le 12 janvier lunaire afin de leur rendre hommage.
La jeune génération prend le flambeau
«Je suis la 10e génération pratiquant la technique de bronze dans la région, et mon plus jeune fils a repris le flambeau. Ce commerce permettait de bien gagner sa vie dans les années 1960, au moment où beaucoup de familles vietnamiennes souhaitent se procurer des ustensiles de cuisine en bronze ainsi que des objets décoratifs», rappelle Thang.
«Les cloches, les statues de Bouddha, les objets vénérables, les pots, les bassins et les gongs étaient les produits les plus populaires commandés à l’époque. Au cours des siècles passés, les instruments de musique en laiton et même les canons à usage militaire étaient les objets les plus recherchés», ajoute-t-il. M. Thang explique aussi que le bronze a été moins utilisé dans les années 1980, lorsque l’aluminium a dominé en raison de sa commodité et de sa légèreté.
«Le bronze a été utilisé dans la fabrication de fils électriques, production électronique et de pièces mécaniques ou de matériaux d’exportation. L’artisanat est revenu à la mode à la fin des années 1990 quand les pagodes et les vieilles sculptures ont été restaurées pour servir le secteur touristique en plein essor», se souvient-il. Selon lui, les villageois ont surmonté nombre de difficultés pour garder les fourneaux brûlants.
M.Thang ajoute : «On nous a commandé des gongs pour les villages des hauts plateaux du Centre et demandé de restaurer de vieilles décorations intérieures de pagodes avec des sculptures en bronze habiles, et de produire des objets souvenirs pour les stations balnéaires et les hôtels». Avant d’ajouter : «L’artisan du village pouvait fabriquer tous les articles, des objets d’usage courant aux pièces de rechange de machines. Nos artisans démontrent leurs compétences techniques en acceptant les commandes les plus compliquées».
Moule en argile prise dans la rivière Thu Bôn
Les cloches, les statues de Bouddha, les gongs sont les produits les plus populaires de Phuoc Kiêu. |
Traditionnellement, le moulage est toujours le stade le plus difficile dans la réalisation d’une fonte de bronze, sachant que les artisans doivent créer une maquette appropriée pour un produit final parfait. Nguyên Ngoc Lôc, 64 ans, qui a travaillé pendant 38 ans dans ce domaine, précise qu’il faut une grande dextérité pour créer un bon moule.
«Les artisans ont des mains adroites, et seuls les meilleurs sont choisis pour rejoindre le processus de fonderie», partage Lôc en montrant ses doigts calleux. «L’argile est prise dans la rivière Thu Bôn qui longe notre village. Les balles de riz sont mélangées avec l’argile pour empêcher les moules de se fissurer lorsqu’elles sont dans le fourneau», explique-t-il, ajoutant qu’il s’agit d’une technique ancestrale.
D’après M. Lôc, «les petits moules peuvent être brûlés à l’aide de bois de chauffage dans un poêle à l’extérieur, mais les plus grands moules ont besoin d’une plus grande fonderie avec une marmite en fer». Le bronze fond à 3.600°, mais prend 24 heures pour refroidir avant qu’il puisse être taillé. «C’est un travail vraiment dur. Nous formons les produits en bronze avec le cœur et l’âme, avec amour et créativité, dit Lôc. J’ai grandi dans le village et j’ai commencé ma vie avec l’artisanat. Cela m’a aidé à élever ma famille pendant les périodes difficiles, et c’est toujours un revenu important pour moi». Il finit par dire que de nouveaux outils aident les artisans à réduire le temps de traitement des pièces de bronze. Il ne faut en effet plus qu’une seule journée pour orner et finir un produit, au lieu de cinq jours précédemment.
Huong Linh/CVN