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Mme Binh devant son métier à tisser. |
Photo : VNA/CVN |
En arrivant au village de Phu Thuân, district de Phu Riêng à Binh Phuoc, en fin d’après-midi ou le week-end, les visiteurs verront des femmes S’Tiêng assises près de métiers à main tissant des tissus colorés. Leurs produits sont variés, riches en couleurs et peuvent être utilisés pour des pantalons, des chemises, des jupes, des couvertures et des courtepointes.
Dans l’esprit des S’Tiêng, les hommes mûrs doivent savoir tricoter des paniers, tandis que les femmes apprennent à tisser des vêtements avant de se marier. Mme Binh, 42 ans, pratique le métier depuis près de 20 ans. Originaire de la région frontalière du district de Bù Gia Mâp, elle a déménagé dans celui de Phu Riêng après son mariage avec, dans ses bagages, les outils indispensables du tissage.
Mme Binh s’est intéressée à l’artisanat depuis que sa grand-mère et sa mère le lui ont enseignée alors qu’elle avait 15 ans. Des années de pratique ont fait d’elle une artisane aux compétences précieuses. "Nous préservons l’identité culturelle de notre communauté en continuant à tisser. Je serai ravie de transmettre le métier aux jeunes qui sont intéressées ou douées afin que cette partie de notre culture ne s’éteigne pas", partage-t-elle.
"Nous fabriquons des produits ethniques seulement pendant notre temps libre car ce n’est pas notre principale source de revenus et nous ne recevons que des commandes pour des événements spéciaux comme le festival du Nouvel An, des festivals ou des mariages", informe Thi Nhoi, une autre artisane locale.
En dehors de Phu Riêng, dans de nombreuses localités de Binh Phuoc où vivent les S’Tiêng, des femmes gardent encore religieusement le métier traditionnel. Pour elles, la brocatelle est indispensable dans leur maison.
Bien qu’elle soit âgée, Mme Muong, issue du district de Hon Quan, n’a jamais pris congé du métier à tisser. Ses mains habiles ont tissé des milliers de mètres de tissus sophistiqués et colorés.
Selon elle, cet artisanat passe par diverses étapes de travail compliquées. La couleur et le tissu proviennent de matériaux naturels comme les feuilles sauvages et l’écorce des arbres forestiers. Au stade du tissage, outre le métier à tisser, les artisanes doivent également utiliser d’autres outils en combinaison avec leurs compétences.
"Pour créer des motifs sophistiqués et uniques, les tisserands doivent avoir des mains habiles, un sens esthétique et une compréhension des lignes, des couleurs et des formes. Ils sont donc considérés comme des peintres", précise-t-elle.
Mme Muong fait savoir que le tissu S’Tiêng est décoré de nombreux motifs traditionnels représentant des humains, des oiseaux, des animaux, des arbres, des fleurs, etc. Dernièrement, les artisans locaux ont modifié leurs produits pour répondre aux goûts des consommateurs en créant davantage de nouveaux motifs décoratifs et en fabriquant de nouveaux produits tels que des couvertures colorées, des matelas, des nappes ou des sacs.
"Nos produits sont tissés manuellement et peuvent coûter jusqu’ à plusieurs millions de dôngs. Néanmoins, nous ne tirons pas un grand profit du travail, mais nous le faisons pour préserver et promouvoir les traditions de notre communauté", confie-t-elle.
Tisser un avenir brillant et coloré
Le tissu tissé à la main est un élément indispensable de la culture S’Tiêng. |
Photo : BP/CVN |
Le district de Hon Quan abrite désormais 1.000 foyers S’Tiêng qui pratiquent encore le tissage à la main, essentiellement dans les deux communes de An Khuong et Thanh An. Leurs principaux produits sont des couvertures, des serviettes et des vêtements, dont 80% sont vendus dans le district et le reste dans l’ensemble de la province.
Pour préserver et développer cet artisanat, la province de Binh Phuoc a approuvé le plan de préservation et de développement du tissage artisanal traditionnel des S’Tiêng à Hon Quan pour la période 2016-2020 avec un budget total de 7,2 milliards de dôngs (315. 000 USD).
"Le tissage de la brocatelle des S’Tiêng à Hon Quan est un artisanat ancien qui contient à la fois des valeurs économiques et culturelles", affirme Trân Van Chung, directeur du Service de la culture, des sports et du tourisme de Binh Phuoc. "La conservation et le développement de l’artisanat contribuent non seulement à la promotion des valeurs culturelles nationales mais aussi au développement économique et social de la région", ajoute-t-il
D’après Lê Thai Canh, président du Comité populaire de la commune de Thanh An, la préservation du tissage à la main dans la localité est considérée comme un succès car le tissu traditionnel souffre de la concurrence féroce des textiles industriels.
"Les autorités locales recherchent plus de débouchés pour le tissu ethnique tout en soutenant les tisserands pour maintenir leur métier", déclare-t-il. "Cependant, pour que les artisans s’engagent et vivent de l’’artisanat, il est nécessaire de recevoir plus de soutien et d’attention de la part des organisations, et il devrait y avoir plus de liens entre les zones touristiques afin que les produits S’Tiêng puissent être introduits chez un plus large public".
Avec ces grands efforts pour maintenir cet artisanat traditionnel, les S’Tiêng sont prêts à tisser un avenir brillant et coloré.