C’est une vague sans précédente qui déferle sur l’économie vietnamienne. En quelques années, 4.500 entreprises sud-coréennes se sont implantées sur le sol national et 500 nouveaux projets ont été mis sur pieds. Depuis début 2016, ces investissements représentent près de 48 milliards de dollars. À titre de comparaison, le Japon, un des plus gros partenaires économiques, n’a investi que 9 milliards de dollars. Selon Hong Sun, secrétaire général de l’Association des entreprises sud-coréennes au Vietnam (Korcham), la République de Corée se classe dès lors comme le premier investisseur étranger au Vietnam.
Les Samsung, LG et autres conglomérats industriels se ruent à l’assaut du Vietnam. |
Le pays a en effet intensifié depuis trois ans le dévelop-pement de projets des plus variés, aux montants souvent colossaux. On compte sans surprise le géant de l’électronique Samsung qui a consenti d’investir 15 milliards de dollars depuis ses débuts au Vietnam, suivit par le groupe LG qui a pour sa part misé près de 3 milliards de dollars. Dans le sillage des autres grands noms industriels, tels que constructeur Hyundai, le leader dans les BTP Doosan ou encore le quatrième producteur mondial d’acier Posco, on compte des centaines d’autres investisseurs satellites sud-coréens.
La distribution, une industrie clé
La République de Corée s’est particulièrement concentrée sur la distribution, un secteur des plus stratégiques au Vietnam. Le groupe Lotte a racheté le centre commercial Diamond Plaza à Hô Chi Minh-Ville, et a ouvert le Lotte Center Hanoi qui compte à la fois un supermarché, un centre commercial et même un hôtel. Signe de son intégration de plus en plus forte dans le tissu économique vietnamien, le groupe coopère en ce moment avec les partenaires japonais Mitsubishi et Toshiba dans le projet de «La ville éco-intelligente» à Hô Chi Minh-Ville. Un complexe immobilier de plus de 16 hectares, regroupant à la fois un centre financier, des bureaux, des hôtels, des résidences de luxe, et point culminant, un immeuble de 50 étages. Pour l’heure, son coût est de 2,2 milliards de dollars.
Autre exemple, les grands magasins Shinsegae ont inauguré fin décembre dernier la première supérette Emart dans l’arrondissement de Go Vâp de Hô Chi Minh-Ville, pour près de 60 millions de dollars. Le groupe ne compte pas en rester là, car il a déjà planifié l’ouverture de 10 autres supérettes sous la même enseigne à l’horizon 2020.
La République de Corée s’est particulièrement concentrée sur la distribution, un secteur des plus stratégiques au Vietnam. |
Mais les grandes villes vietnamiennes n’en sont pas les seules bénéficiaires. Les entreprises sud-coréennes n’hésitent plus à investir dans les localités plus éloignées, parfois en zone montagneuse, à l’image de Yên Bai, Tuyên Quang, (Nord) Quang Tri et Nghê An (Centre). Une nouvelle tendance qui contribuera sans doute à promouvoir le développement économique et à stimuler le potentiel local.
S’adapter pour attirer les investisseurs
Les projets sud-coréens devraient gagner de plus en plus d’envergure et être opérationnels bien plus rapidement qu’ils ne le sont actuellement, a constaté le chef du Département de l’investissement étranger, Dô Nhât Hoàng. Une dynamique de croissance stimulée par l’Accord de libre-échange Vietnam-Corée du Sud entré en vigueur en janvier 2016. Pour le Professeur et Docteur Nguyên Mai, président de l’Association des entreprises issues d’IDE (investissements directs étrangers), la réduction des lignes tarifaires découlant de l’accord va continuer à attirer les entreprises sud-coréennes, notamment celles issues des industries électroniques, pétrochimiques, énergétiques, de la finance et des assurances, agricole, et évidemment, celles du commerce de gros et de détail. Et c’est sans compter avec la signature de l’Accord de partenariat transpacifique (TPP), qui va particulièrement intéresser les investisseurs sud-coréens dans le domaine du textile et des chaussures.
Nguyên Mai estime que les capitaux sud-coréens correspondent parfaitement aux orientations du gouvernement en matière d’amélioration de la qualité et de l’efficacité des IDE. Cité en exemple, Samsung a généré plus de 100.000 emplois, et contribué aux exportations nationales à hauteur de près de 30 milliards de dollars.
Le Vietnam est la cible prioritaire de la vague sud-coréenne. |
Photo : Thê Linh/CVN |
Selon le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce, les entreprises sud-coréennes ont contribué à hauteur de 25% de la valeur d’exportation totale du Vietnam en 2015. «Le gouvernement et les organes de gestion étatique du Vietnam continuent de créer les meilleures conditions et d’assurer un environnement d’investissement sécuritaire et stable aux entreprises étrangères, dont celles de Corée du Sud», affirme le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Trân Quôc Khanh.
La mise en application de ces textes et accords nécessite cependant un ajustement de l’administration vietnamienne, comme l’explique Hong Sun, secrétaire général du Korcham. «Nous apprécions hautement les efforts du gouvernement vietnamien pour simplifier les procédures administratives, appuie-t-il. Cependant il existe encore des enchevêtrements par exemple dans le secteur immobilier. Cette simplification doit être mise en œuvre de manière cohérente au niveau central comme au niveau local pour attirer plus d’investissements étrangers».
Pour stimuler le transfert technologique et augmenter le taux de localisation de produits d’exportation fabriqués au Vietnam, le directeur adjoint du Département d’import-export Trân Thanh Hai a proposé aux Sud-Coréens d’établir un réseau de fournisseurs vietnamiens au service des entreprises sud-coréennes.
Thê Linh/CVN