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Le film "Mùa xuân vinh cuu" (Le printemps éternel) participe aux nominations des Oscars 2022. |
Photo : CTV/CVN |
Ces dernières années, de nombreux jeunes réalisateurs se sont lancés avec succès dans la réalisation de documentaires. Plusieurs œuvres "made in Vietnam" ont obtenu des prix à des festivals internationaux prestigieux.
Cette année, on peut citer notamment Mùa xuân vinh cuu (Le printemps éternel), titré en anglais The Eternal Springtime, du réalisateur Viêt Vu, qui a remporté le Grand Prix short documentary (Grand Prix pour le meilleur court métrage documentaire) au 66e Festival international du film de Cork tenu en novembre en Irlande. Avec cette distinction, l’œuvre de 26 minutes a même rempli les critères pour participer aux nominations des Oscars 2022 dans la catégorie de "Meilleur court métrage documentaire". Avant d’être récompensé à ce festival, Mùa xuân vinh cuu avait été présenté au Festival international du film de Rotterdam mais aussi dans plusieurs autres compétitions en Chine, en Azerbaïdjan et en Ukraine.
"Le film dépeint les moments fragiles d’un pays d’Asie du Sud-Est traditionnel en train de se transformer à l’ère numérique. Il veut transmettre un message d’espoir dans l’avenir", a révélé le réalisateur-producteur Viêt Vu. Toujours en novembre, c’est Hà Lê Diêm qui a remporté le prix du "Meilleur réalisateur" dans la catégorie "Compétition internationale" au Festival international du film documentaire d’Amsterdam (IDFA) pour son film Nhung đua tre trong suong ou Children of the Mist en anglais (Les enfants des brumes).
Le documentaire suit Di, une jeune fille H’mông de 12 ans vivant à Sa Pa, dans la province montagneuse de Lào Cai (Nord). Selon les traditions de cette ethnie, les filles doivent se marier très jeune, à la suite d’un "enlèvement" par le futur mari lors de la célébration du Nouvel An lunaire. Mais la jeune fille va toujours à l’école où sont enseignées des valeurs en opposition à celles reproduites dans la sphère familiale.
À partir du personnage de Di et des relations qui l’entourent, Hà Lê Diêm raconte l’histoire de la rencontre entre coutumes anciennes et valeurs modernes. Issue elle-même d’une ethnie minoritaire, la réalisatrice, née en 1991, a une grande empathie pour le personnage du film face aux défis auxquels il est confronté. En plus du prix de la "Meilleure réalisation", qui lui a valu d’obtenir la somme de 5.000 euros, le documentaire a également remporté une mention spéciale du jury dans la catégorie "Meilleur premier long métrage".
Une scène du documentaire "Children of the Mist" de la jeune réalisatrice Hà Lê Diêm. |
Photo : CTV/CVN |
Traitement des sujets d’actualité
Pour Hà Lê Diêm, "les réalisateurs de films documentaires doivent absolument respecter les situations réelles, ne pas mettre en scène ni interférer avec les événements filmés. C’est à cette condition que les spectateurs peuvent approcher la vérité. Faire du cinéma d’une manière brute et directe me convient bien", a-t-elle indiqué.
Pour redonner de la vitalité au genre documentaire, les réalisateurs et producteurs se sont lancés dans les sujets d’actualité. L’épidémie de COVID-19 participe alors à cette tendance. En effet, des films comme Ngày con chào đoi (Au jour de ta naissance), Tro vê cuôc sông - Cuôc chiên sinh tu cua các F0 (Le retour à la vie - Le combat mortel des F0), Cùng nhau vuot qua đai dich (Ensemble, surmontons la pandémie), Lua chon cua tôi (Mon choix), Niêm tin vung buoc (La foi inébranlable), Tâng thu 3 (Au 3e étage), Chuyên o thành phô thuc (Histoire dans la ville éveillée), Ngày vê (Le jour du retour), Cuôc chiên không gioi han (La lutte sans limites), Ranh gioi (Les limites)... ont apporté des regards multidimensionnels sur la vie quotidienne des Vietnamiens dans le contexte épidémique.
Lors du 22e Festival du film vietnamien tenu en novembre, le nombre de documentaires en lice avait augmenté considérablement, devenant même la catégorie la plus représentée. De nombreux jeunes cinéastes font aujourd’hui le choix du documentaire, aidés en cela par divers formations et évènements organisés en la matière. Beaucoup d’entre eux, comme Hà Lê Diêm, ont réussi dès leurs premiers essais. Un bon signe pour l’avenir de ce genre cinématographique.
Le défi de présenter son travail au grand public
Les réalisateurs de documentaires ont encore des obstacles à surmonter. Actuellement, très peu de productions sont projetées dans les salles obscures, sauf quelques-unes comme Chuyên đi cuôi cùng cua chi Phung (Le dernier voyage de Mme Phung), Ði tìm Phong (Finding Phong - À la recherche de Phong), Lua Thiên Nhân (Le feu de Thiên Nhân) et Ðoan truong vinh hoa ou The Glorious Pain (La douleur glorieuse), etc.
La plupart des films ne sont diffusés que sur les chaînes de télévision ou lors d’événements à des fins de propagande. Il y a même des réalisateurs indépendants qui sortent leurs œuvres simplement dans un but non lucratif, juste par passion. Même les documentaires primés aux festivals étrangers peinent à trouver des distributeurs. Ði tìm Phong de Trân Phuong Thao et Swann Dubus en est un exemple. Bien qu’il ait remporté plusieurs prix internationaux, il trouve difficilement des distributeurs pour une projection vers le grand public.