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Les archives impériales de la dynastie des Nguyên sont inscrites au Registre Mémoire du monde depuis 2014. |
Photo: Hoàng Phuong/CVN |
La réunification nationale en 1975 a favorisé le développement des travaux historiques, en ce sens que les chercheurs ont désormais pu avoir accès aux archives conservées jusque-là dans le Nord ou le Sud, ou éparpillées dans différentes provinces.
C’est ainsi que depuis plus de deux décennies, le trésor des đia ba ou registres cadastraux ruraux fait l’objet d’une étude détaillée. Non moins fructueuse est l’exploitation plus tardive des châu ban, archives impériales de la dynastie des Nguyên (1802-1945).
Archives impériales des Nguyên
Châu signifie "cinabre", ban veut dire "texte". Un châu ban est donc un texte (document) scellé du sceau rouge cinabre. Il s’agit du sceau royal accompagnant une annotation écrite du roi après lecture du document.
Cette appréciation peut s’exprimer sous plusieurs formes:
- Châu phê: une phrase, quelques mots ou un mot. Par exemple: Vu, D’accord, Bien, etc.
- Châu diêm: un point rouge marqué au pinceau sur le mot tâu (à Sa Majesté pour avis), approbation.
- Châu khuyên: marquer d’un petit rond en rouge un nom ou une action (choix du roi).
- Châu mat ou châu cai: barrer d’un trait rouge un nom ou une action (rejet du roi).
Les châu ban des Nguyên englobent non seulement des placets (tâu so), mais encore des décrets et diplômes royaux (sac), édits royaux (du, chi), notifications royales (chiêu), rapports, traductions de notes diplomatiques étrangères, etc. En un mot, ils comprennent l’ensemble des archives royales de la dynastie des Nguyên. Soucieux de renforcer une monarchie centralisée, ces derniers ont accordé une attention particulière à la conservation des archives, confiant leur gestion à des organismes spéciaux. Finalement, c’était le nôi các (Cabinet royal) qui, entre autres fonctions, était chargé de ce travail.
Valeur exceptionnelle des châu ban
À une exposition sur les "châu ban" à Hanoï. |
Photo: Hoàng Phuong/CVN |
Quand le Vietnam devint une colonie française (1884), le roi ne régnait plus que de nom, son Cabinet n’avait plus aucune raison d’être. En 1942, sous le règne du dernier roi de la dynastie, Bao Dai, les châu ban furent confiés à l’Institut de la culture.
Pendant deux ans, une commission spéciale dirigée par Ngô Dình Nhu, chartiste et future “éminence grise” du régime dictatorial de son frère Ngô Dình Diêm, a inventorié l’ensemble des châu ban.
Durant les années de guerre contre les Français puis les Américains (1946-1975), l’Institut d’enseignement supérieur de Huê, responsable des châu ban, a sorti un choix de volumes (en 1960 et 1962), rassemblant les textes publiés entre 1802 et 1824.
Les "châu ban" comprennent les archives administratives
des Nguyên, la dernière dynastie féodale du Vietnam
qui dura de 1802 à 1945.
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À la fin de la guerre, en 1975, le Centre national des archives N°1 a pris en charge la totalité des châu ban, soit plus de 700 fascicules, dont seulement 9% étaient en bon état. On estime que ce total ne représentait que le cinquième de l’ancien trésor, le reste ayant été perdu ou détruit durant la guerre contre les Français (1946-1954).
En 1998, le Département des archives d’État, à Hanoï, a publié les châu ban de 1825 et 1826 (6e et 7e années du règne de Minh Mang), continuant l’œuvre de l’Institut d’enseignement supérieur de Huê qui s’est arrêtée en 1824(1).
Point n’est besoin de souligner la valeur exceptionnelle des châu ban pour la recherche sur le Vietnam contemporain, à divers points de vue: histoire, politique, société, économie, relations diplomatiques. Ils ont fourni la matière à plusieurs ouvrages historiques rédigés sous les Nguyên, tel le Dai Nam thuc luc.
Appliquant les méthodes modernes des sciences historiques, nos chercheurs ont commencé à exploiter la mine des châu ban. Leurs découvertes présentent un grand intérêt interdisciplinaire. Phan Huy Lê, par exemple, a étudié les variations mensuelles du prix du riz en 1825-1826 qui reflètent certains aspects de la politique agricole et de l’économie, le mouvement des navires venant au Vietnam (chinois, français) et des bateaux vietnamiens allant à l’étranger (Jakarta, Singapour, Penang, Chine), mouvement qui donne une idée de notre navigation maritime et de notre commerce extérieur à cette époque (1825-1826).
(Mars 2000)
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(1). Muc luc châu ban triêu Nguyên,
volume II, Éditions Thê Gioi, Hanoï, 2000.