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Prête en quelques minutes en mélangeant farine de maïs précuite et eau, l’arepa peut être remplie avec les ingrédients de son choix : des restes dans le réfrigérateur jusqu’à des préparations plus élaborées. La préférée des Vénézuéliens est la “reina pepiada” : poulet, mayonnaise et fromage.
“Là où il y a un Vénézuélien, il y a une arepa. L’arepa est en train de conquérir le monde”, assure le critique gastronomique vénézuélien Ricardo Estrada Cuevas, auteur du livre Arepologo.
“C’est le pain quotidien du Vénézuélien. Il en mange tous les jours, tous les soirs”, souligne Patrick Ribas, qui a traduit la version française. “On peut y mettre tout ce dont on a envie. C’est un plat qu’on peut manger aussi sans rien dedans quand on n’a pas beaucoup d’argent. C’est le cas malheureusement de pas mal de Vénézuéliens”.
Marlyn Quiroga, 47 ans, était avocate au Venezuela qu’elle a quitté il y a cinq ans pour s’installer à New York. “Au début je faisais un peu de tout comme tous les immigrés qui arrivent”, dit-elle, mais en 2021 elle s’est lancée dans un service traiteur d’arepas alors qu’elle “ne savait pas cuire un œuf” auparavant.
“Je faisais du porte-à-porte dans le Queens : salons de beauté, bureaux, cliniques. Je donnais des échantillons”, raconte-t-elle.
Le succès a été fulgurant et la patronne d’“Arepa LaNewyorquina” assure que dans les fêtes new-yorkaises on préfère désormais les arepas, sans-gluten, au pain.
“Ça change des hamburgers qu’on trouve partout”, confirme Jean-François Lamaison, concepteur numérique de 63 ans dans le restaurant “Ajidulce - Le goût du Venezuela”, à Paris, dont l’ardoise prône l’“Arepa Power”. “Ça a le mérite d’être une galette de maïs avec des trucs assez bons, style banane plantain ou autres. J’aime bien la diversité des goûts”, dit-il.
Un cuisinier prépare des arepas au restaurant Arepa Lady dans le quartier de Queens à New York. |
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Le patron Luis Fernando Machado, ingénieur de l’industrie pétrolière avant son départ du Venezuela en 2011, a commencé par un “food-truck” de gastronomie vénézuélienne en 2014. Succès aidant, il a désormais pignon sur rue avec un restaurant dans le 9e arrondissement qui emploie dix personnes et dont la cuisine est ouverte pour que “la clientèle puisse voir la préparation”.
“Une arepa, c’est ma mère”
“Les Parisiens aiment découvrir la nourriture exotique et là c’est comme faire un petit voyage dans les Caraïbes”, explique l’homme originaire de Punto Fijo, au Nord-Ouest du Venezuela. “Les choses faites maison avec des produits frais, ça plaît”, ajoute-t-il, soulignant s’approvisionner dans des épiceries exotiques (colombienne, africaine, antillaise) de la capitale française.
Luis Fernando Machado assure aussi bénéficier de la demande croissante de “repas complets” sans gluten. “Il y a beaucoup de touristes qui viennent (...) car nous sommes bien référencés dans les restaurants +gluten-free+”, se réjouit-il.
“Nourriture de rue saine et sans gluten”. C’est ainsi que Raul Marquez, vénézuélien de 42 ans, et son épouse japonaise Miho, présentent leur food-truck de galettes vénézuéliennes à Tokyo.
“Le Venezuela a traversé une période difficile (...) il y a une forte émigration. Nous apportons avec nous une partie de ce qui nous appartient. Les arepas en font partie. Pour moi, une arepa, c’est ma mère. C’est manger le matin avant d’aller à l’école (...) c’est ce que je mets aujourd’hui quand je vends des arepas. Cette passion, cet amour qui vient de chez moi”, dit Raul Marquez.
À Caracas, Lisbeth Marquez vend depuis 15 ans des arepas dans “la rue de la faim”, de 16h00 et 02h00 du matin. Sa préférée ? La “pabellon” avec du beurre fondu, des haricots noirs, un œuf et du fromage râpé.
Et si elle en vend quelque 1.200 par jour, elle en confectionne chez elle avant d’aller au travail. “Je ne me lasse pas d’en manger. La meilleure arepa, c’est celle de la maison”.
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