Célébrée chaque année par des millions d’habitants du Sud comme le début du printemps, la floraison des abricotiers (Ochna integerrima) se fait plus précoce à cause du changement climatique, un phénomène qui pourtant n’inquiète pas beaucoup les arboriculteurs. À Hô Chi Minh-Ville, les prix grimpent bien avant le Têt du Dragon, poussés par le coût de production plus élevé et l’amour des admirateurs de ces petits arbres glorifiés par les poètes.
Selon les horticulteurs, les prix des abricotiers dépendent notamment de leur forme et de leur âge. «En vogue» sur le marché, les abricotiers venus de noyau vivent pendant des dizaines d’années et offrent huit à dix pétales par fleur, contre cinq pour ceux pro-venant de greffons. Lents à croître, ils demandent plus de soins et d’investissement et sont par conséquent plus chers que les abricotiers greffés. Ces derniers, eux, ne s’épanouissent que deux ou trois fois de leur vie, s’épuisent promptement et se fanent.
Dans la mégapole du Sud, les marchands de fleurs cherchent à acheter en gros les abricotiers dans les jardins, avec un prix unique payé par pied et s’en occupent ensuite jusqu’à leur mise en pot.
(Dis)grâce de l’abricotier en fleurs
Le jardinier Lê Van Nghinh, dans le quartier de Thanh Xuân du 12e arrondissement, dispose d’environ 7.000 abricotiers. Dès juillet 2011, il a vendu 250 abricotiers âgés de sept à huit ans au prix moyen de 1,3 million de dôngs le pied, soit 300.000 dôngs de plus que l’an dernier. Mais si le client en achète seulement une vingtaine, il devra payer plus cher, voire le double. Et les abricotiers invendus ce Têt attendront l’année suivante pour trouver preneurs. La réputation du jardinier fait vendre aussi. Avec ses 20 ans d’expériences dans la plantation d’abricotiers, Lê Van Nghinh prend pied sur le marché de Hô Chi Minh-Ville. Ses abricotiers s’arrachent comme les petits pains.
Mais cette année, les abricotiers ont de nouveaux pépins. Chez Duong Dông, propriétaire de 1.000 m2 d’abricotiers dans le quartier de Hiêp Binh Phuoc, arrondissement Thu Duc, le Têt n’arrive pas que nombre de ses arbres fleurissent déjà. Cet horticulteur plante deux variétés d’abricotiers, ceux de semis et ceux provenant de rejetons. Le réchauffement climatique engendre la précocité de la floraison. Mais il fait contre mauvaise fortune bon cœur, cherchant à vendre les uns et à entretenir les autres en attendant le printemps suivant.
L’abricotier est indispensable pour l’accueil du Têt dans le Sud tout comme l’est le sapin pour les Occidentaux, à l’occasion de Noël et du Nouvel An |
Dans ce même quartier, Nguyên Van Cung, propriétaire d’un jardin d’abricotiers de 1.600 m2, va son petit bonhomme de chemin. Encore novice dans son métier et financièrement modeste, il plante seulement des abricotiers «ordinaires» à fleurs à cinq pétales. L’année dernière, il a réussi à vendre 200 abricotiers au prix unitaire de 200.000 dôngs, réa-lisant un profit total de 40 millions de dôngs. Ensuite, il a acheté 200 noyaux pour les incuber. Cette année, son jardin compte un millier d’abricotiers. Avec les 200 abricotiers marchandés à 270.000 dôngs le pied, soit 70.000 dôngs de plus que l’an dernier, et 100 autres à floraison précoce à 200.000 dôngs, la récolte vaut le coup.
À l’autre bout du quartier de Hiêp Binh Phuoc, Dô Xuân Hiêu cultive quelque 5.000 abricotiers sur 7.000 m2. L’horticulture lui rapporte chaque année un profit de plus d’un milliard de dôngs. Pour lui comme pour beaucoup d’autres, le bonheur est vraiment dans le jardin.
TRUONG GIANG/CVN