Légende du singe aux fesses rouges

Le singe est un animal fréquent au Vietnam. Souvent caché dans les frondaisons de forêts touffues, il a, lui aussi, sa légende !

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Une sévère leçon au bien mauvais endroit.

C’est surtout pour un singe particulier que l’on raconte cette histoire qui émerveille les petits-enfants : le singe aux fesses rouges. Surtout que pour les enfants, fesses rouges signifient souvent souvenir d’une cuisante fessée maternelle… En réalité, c’est de tout autre chose dont il s’agit !

Belle récompense

Il était une fois, une orpheline nommée Hoa (''Fleur'' en vietnamien). Très pauvre après la mort de ses parents, elle avait dû se louer pendant plusieurs années comme domestique dans une famille de riches notables du village.

Ceux-ci étaient vraiment de très mauvais maîtres, qui l’exploitaient de façon ignoble : Hoa devait faire tous les travaux ménagers de la maison, du lever du soleil jusqu’à tard dans la nuit. On la nourrissait avec à peine trois petits bols de riz par jour. En outre, tous les jours, elle avait la charge d’aller chercher l’eau au puits public : c’était une corvée très pénible, car la famille de ses maîtres était nombreuse, et le puits fort loin, à l’entrée du village. Elle était épuisée et, bien qu’ayant presque 18 ans, elle ressemblait à une petite gamine de 12 ans toute menue dans ses haillons.

Un jour, ses maîtres décidèrent d’offrir un grand festin à une vingtaine d’amis. Hoa dut aller de très nombreuses fois au puits afin de ramener de l’eau pour faire la cuisine, laver les poêles et les marmites ainsi qu’une vaisselle innombrable. Après quelques heures de cet épuisant travail, n’en pouvant plus, elle s’assit au bord du puits et se mit à pleurer à chaudes larmes.

Soudain, apparut un vénérable vieillard, chauve mais portant une longue barbe blanche, qui lui demanda aimablement : ''Pourquoi pleures-tu, petite fille ?''. ''Je pleure parce que je suis si malheureuse et si fatiguée ! Mais que puis-je faire pour vous ?''. ''J’ai très faim !, répondit le vieillard. As-tu quelque chose à me donner à manger ?''.

Hoa sécha ses pleurs et retourna avec le vieillard, dans le cagibi où elle logeait derrière la grande maison de ses maîtres, puis lui donna le petit bol de riz qui devait lui servir de dîner. ''Voilà, Monsieur, c’est tout ce que j’ai ! Mais qui êtes-vous ? Je ne vous ai jamais rencontré au village''. ''Je suis le Génie qui veille jour et nuit sur le puits. Et toi, tu es une jeune fille de très grand cœur. Fais un vœu et je  l’exaucerai !''

''Bon Génie, je suis si fatiguée. Si vous pouviez me donner un peu plus de force, je supporterai mieux ma misérable condition''. ''Descends donc dans mon puits ! Puis choisis une fleur que tu suceras !'' Hoa descendit craintivement dans le puits. Au fond, des centaines de fleurs tapissaient les parois d’une grotte qu’on ne pouvait pas deviner d’en haut. Modestement, elle choisit une petite fleur blanche et la suça, comme lui avait recommandé le vieillard.

Et  là, miracle ! Elle se transforma en une grande jeune femme, très belle et vigoureuse. Et ses haillons furent remplacés par une magnifique robe en brocart aux fils d’or. Toute heureuse, elle remonta du puits pour remercier le vieil homme. Mais celui-ci avait déjà disparu.

Grosse punition

Hoa revint joyeusement à la maison de ses maîtres pour continuer son service, car ceux-ci et leurs invités étaient encore en train de festoyer. Quel ne fut leur étonnement quand ils virent arriver cette belle jeune femme ! ''Qui êtes-vous, d’où venez-vous ?'', leur demandèrent-ils en chœur. ''Prenez donc place parmi nous !'' ''Mais je suis Hoa, votre domestique''. ''Quel est ce miracle ? Racontez-nous comment vous avez fait !''

Les singes ont, eux aussi, leur propre histoire.

Hoa leur raconta honnêtement son aventure en détails avec le Génie du puits. Tous se levèrent comme un seul homme et coururent jusqu’au puits. Quand ils arrivèrent dans la grotte au fond du puits, ils choisirent les plus grosses fleurs rouges qu’ils voyaient et les sucèrent goulument. Mais, au lieu de rajeunir et de s’embellir, voilà qu’ils vieillirent à vue d’œil ! Leur peau s’épaissit et se plissa en formant de grandes grimaces sur leur visage. Leur dos se courba, et ils durent marcher par petits sauts, avec les bras ballants : ils étaient transformés en des animaux qu’on appelle maintenant des singes. Trop honteux pour revenir au village, ils partirent se réfugier dans la forêt voisine.

Hoa, très inquiète de ne pas voir revenir ses maîtres et leurs invités, alla informer le maire du village. ''Leur brusque disparition paraît fort bizarre'', lui répondit celui-ci. ''Où sont-ils allés, en laissant leur repas inachevé ? En attendant leur retour, installez-vous donc dans leur maison pour bien la garder''. Mais toutes les nuits, les singes, c’est-à-dire les anciens propriétaires et leurs amis, revenaient à la maison. Ils essayaient sans cesse de passer entre les barreaux des fenêtres en poussant d’horribles cris stridents.

Chaque nuit, leurs hurlements dérangeaient tout le voisinage. On les chassait à coups de balais, mais rien à faire : ils revenaient toujours ! Un jour, un chasseur, qui connaissait les mœurs délicates des animaux de la forêt, conseilla à Hoa d’accrocher des boules puantes aux fenêtres de la maison pour les éloigner.

La nuit suivante, les singes hurlèrent encore plus fort : ils étaient surpris par ces boules malodorantes qui leur collèrent à la peau. Et en s’enfuyant des fenêtres, ils tombèrent à la renverse et se brûlèrent les fesses dans les braseros aux herbes parfumées qu’on allume habituellement devant les portes et les fenêtres des maisons pour empêcher les moustiques de pénétrer. Depuis, les descendants des singes gardent les marques indélébiles de ces brûlures sur leur derrière.

Voilà pourquoi, les singes sentent mauvais, ont des fesses rouges et font des grimaces en poussant des cris stridents. En tout cas, c’est ce que dit la légende.

Ông Ngoai/CVN

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