>>Après le redécollage, l'économie mondiale en phase de turbulences
>>La patronne du FMI envisage d'abaisser ses prévisions de croissance mondiale
Gita Gopinath, la directrice générale adjointe du Fonds monétaire international. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'institution de Washington table désormais sur une hausse du produit intérieur brut mondial de 4,4% (-0,5 point de pourcentage comparé à octobre) après 5,9% l'an passé.
"Le variant Omicron a entraîné de nouvelles restrictions dans de nombreux pays et une augmentation des pénuries de main-d'œuvre", a souligné lors d'une conférence de presse Gita Gopinath, qui vient de prendre le poste de numéro 2 de l'institution.
Les perturbations des chaînes d'approvisionnement pèsent sur la reprise et alimentent l'inflation. Elles s'ajoutent aussi à une crise alimentaire et énergétique.
"De plus, la dette record et la hausse de l'inflation limitent la capacité de nombreux pays à faire face à de nouvelles perturbations", a décrit Mme Gopinath.
L'inflation devrait s'élever cette année en moyenne dans les économies avancées à 3,9% (+1,6 point) et dans les économies émergentes et en développement à 5,9% (+1 point), avant de ralentir en 2023, a détaillé le FMI.
Les prévisions de croissance ont été révisées en baisse pour une grande majorité de pays. Seule une région (Moyen-Orient et Asie centrale) et une poignée d'économies dont l'Inde, le Japon et l'Argentine font exception.
Le ralentissement de la croissance mondiale est "essentiellement" la conséquence d'une expansion moins vigoureuse aux États-Unis et en Chine : respectivement +4% (-1,2 point) et +4,8% (-0,8 point) attendus cette année, explique le FMI.
Dans le cas de la première économie du monde, le Fonds a retiré de ses projections les bénéfices que pourrait apporter le plan "Build Back Better" ("Reconstruire en mieux") de Joe Biden. Il prévoit quelque 1.800 milliards d'USD de dépenses sociales mais il est pour l'instant bloqué au Congrès.
De plus, l'inflation va rester élevée. "Notre projection de base est une inflation d'environ 3,4%" d'ici la fin 2022", soit bien plus que les 2% ciblés par la Réserve Fédérale, a indiqué Gita Gopinath.
La Chine est, elle, confrontée à un repli de son secteur immobilier et une consommation domestique plus faible liée aux mesures draconiennes visant à contenir Omicron.
Prévisions de croissance actualisées du FMI, dans le monde et par région. |
Photo : AFP/NA/CVN |
Les ruptures d'approvisionnement ont entraîné des baisses de prévisions ailleurs dans le monde comme en Allemagne (+3,8%, -0,8 point), principale économie de la zone euro dont la projection de croissance est désormais de 3,9% (-0,4 point). La France devrait, elle, voir son PIB croître de 3,5% (-0,4 point).
Globalement, la reprise se poursuit mais les divergences entre pays persistent : si les économies avancées devraient revenir cette année à leur tendance pré-pandémie, il n'est pas exclu que plusieurs marchés émergents et économies en développement subissent une récession à moyen terme, prévient le FMI.
L'incertitude entourant ces projections est grande mais les économistes du FMI s'accordent à dire que la croissance mondiale est sous de multiples menaces.
Pour l'heure, le FMI prend l'hypothèse de trois hausses des taux cette année et trois l'an prochain. Si la Fed venait à les augmenter plus vite et plus fortement, les pays émergents et en développement, dont la dette est libellée en dollars, seraient directement affectés.
Prévisions de croissance actualisées du FMI, dans une sélection de pays. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le FMI relève également "les tensions géopolitiques croissantes" susceptibles d'alimenter davantage la hausse des prix de l'énergie.
Sans oublier la possibilité que des variants plus dangereux qu'Omicron apparaissent.
Dans ce contexte, le contrôle de la pandémie est essentiel et le FMI appelle une nouvelle fois à des vaccinations généralisées dans les pays en développement.
Pour l'heure, quelque 70% de la population des pays riches est entièrement vaccinée contre moins de 4% de la population des pays pauvres.
Malgré la reprise en 2021 après une récession historique, le FMI a calculé que le PIB mondial pourrait avoir été amputé de 13.800 milliards d'USD entre 2020 et 2024 en raison de la pandémie.
AFP/VNA/CVN