Le village de Sinh - berceau des estampes folkloriques de Huê

Situé en aval de la rivière des Parfums, le village de Sinh confectionne les estampes folkloriques les plus authentiques et les plus originales des régions du Centre. Depuis quatre siècles, ces petits chefs-d’oeuvre doivent leur réputation aux talentueux artisans de ce village rattaché à la province de Thua Thiên-Huê.

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Les estampes de Sinh se distinguent par leurs couleurs extraites de la nature.
Photo : Anh Tuân/VNA/CVN

Également dénommé Lai An, le village de Sinh est situé à 9 km de la ville de Huê, au confluent des rivières des Parfums et Bo. Vu de l’extérieur, le village a la beauté tranquille et sereine des campagnes vietnamiennes mais depuis qu’un certain Ky Huu Hoà, sous le règne des seigneurs Nguyên, a appris aux villageois la technique de xylogravure, l’estampe a fait la postérité du village.

En règle générale, les estampes locales expriment les valeurs spirituelles des Huéens envers leurs ancêtres. À l’origine, il s’agissait d’images utilisées lors des offices religieux pour invoquer la prospérité. Huu Phuoc, un artisan, explique : «Nos estampes sont même appréciées par les Saïgonais qui en ont achetées beaucoup pour les revendre à Hô Chi Minh-ville. On dispose les estampes sur l’autel des ancêtres pendant le Nouvel An lunaire, mais aussi lors de diverses occasions rituelles. La haute saison de la vente des estampes débute le 10e mois lunaire et dure jusqu’au 2e mois lunaire de l’année suivante».

Tout est réalisé à la main

Les artisans gravent des images brutes sur le bois, puis les sèchent avant de colorer les détails. Ces images sont imprimées sur du papier traditionnel do recouvert d’une couche de colle mélangée aux coquilles de so diep (une sorte de coquillage mince) finement broyées.

Les estampes de Sinh se distinguent par leurs couleurs extraites de la nature. Le jaune clair est extrait d’une feuille locale que l’on mélange avec les jeunes pousses du sophora ; le bleu marin provient des graines de baselle ; la feuille du badamier offre un rouge foncé, la poudre de brique donne du rouge primaire, alors que la cendre de paille de riz constitue le noir idéal.

M. Phuoc explique : «Tout est réalisé à la main. On imprime des images sur le papier, puis on colore. S’il y a cinq couleurs sur l’image, on procédera à la coloration autant de fois qu’il y a de couleurs. Les cinq couleurs principales coïncident avec les cinq éléments de l’univers : le Bois, le Feu, le Métal, l'Eau et la Terre».

Pour donner un nouvel essor aux estampes traditionnelles, M. Phuoc a inventé de nouveaux modèles : les jeux folkloriques et les paysages sont particulièrement appréciés par les touristes. Lê Mai Huong, de la province de Quang Binh : «Je suis venue ici pour découvrir les métiers traditionnels des Huéens dont la fabrication des estampes populaires. J’ai pu voir pour la première fois les techniques de fabrication des couleurs et de papier. C’est très intéressant !».

Chaque estampe est roulée et placée dans un tube de bambou gravé du nom du village et de celui de l’artisan. Ce cadeau typique de la ville de Huê, autant original que délicat, dépasse très largement les frontières vietnamiennes.

VOV/VNA/CVN

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