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Signé le 8 mars à Santiago, capitale du Chili, le CPTPP regroupe 11 pays : Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam. Ces signataires représentent environ 13% du PIB mondial avec une population totale de près de 500 millions de personnes. L’accord entrera en vigueur 60 jours après la ratification d’au moins six économies membres. Sans doute dès 2019.
Une fois entré en vigueur, le CPTPP sera un des plus importants accords commerciaux mondiaux en créant une zone de libre-échange représentant 13% du PIB mondial. |
Photo : Trân Hoàng Ngoc/VNA/CVN |
De grandes opportunités à venir
Dès le retrait des États-Unis de l’Accord de partenariat transpacifique (TPP), les 11 autres pays signataires se sont empressés de parvenir à un nouvel, le CPTPP. Celui-ci conserve le texte original de 8.000 pages mais gèle la mise en œuvre de 22 clauses, dont celle sur la propriété intellectuelle afin d’assurer l’équilibre et la qualité du document dans le nouveau contexte.
Concernant le Vietnam, le pays ne sera pas tenu de réaliser certains engagements liés à la propriété intellectuelle, aux achats du gouvernement, aux services financiers et aux télécommunications. Dans son rapport récemment publié, la Banque mondiale (BM) a estimé que ce CPTPP serait très bénéfique au Vietnam sur le plan économique. Selon ce rapport, les accords commerciaux multilatéraux comme le CPTPP permettront de stimuler davantage sa croissance, basée sur les investissements et les exportations. "Avec l’hypothèse modeste d’une légère croissance de la productivité, le CPTPP devrait contribuer à augmenter le PIB du Vietnam de 1,1% d’ici 2030", a prévu Ousmane Dione, directeur national de la BM au Vietnam.
L’accord devrait bénéficier à tous les groupes de revenus, surtout aux travailleurs hautement qualifiés et aux salariés à revenu élevé. En outre, l’augmentation prévue des investissements étrangers entraînerait un développement du secteur des services et stimulerait la productivité. Les entreprises privées nationales auraient plus de possibilités de participer à la chaîne de valeur mondiale, permettant ainsi le développement des petites et moyennes entreprises.
Avec les avancées dans la libéralisation du commerce et l’accès accru au marché, le nouvel accord "apportera des avantages directs au Vietnam. Le plus important, il permettra de renforcer et d’accélérer le processus de réforme interne dans de nombreux domaines différents", a déclaré Sebastian Eckardt, un économiste de la BM. "Le respect des engagements pris dans le cadre du CPTPP contribuera à promouvoir la transparence et à soutenir l’édification d’institutions modernes au Vietnam", a-t-il ajouté.
D’après Luong Hoàng Thai, directeur du Département des politiques multilatérales du ministère de l’Industrie et du Commerce, même sans les États-Unis, le CPTPP apportera de nombreux avantages à ses participants. Il contribuera à renforcer les exportations vers les marchés importants comme l’Australie, le Canada, le Japon, le Mexique, mais aussi à attirer l’investissement étranger dans les secteurs où le Vietnam en a besoin. Plus important, il obligera le Vietnam à "réformer ses institutions et à créer un environnement de l’investissement plus transparent".
L’accord créera également une forte pression concurrentielle tant pour les entreprises que pour l’économie, condition d’une croissance plus durable. Cela demandera aux entreprises vietnamiennes de s’adapter à ce nouveau contexte.
De plus, les entreprises devront trouver des solutions pour attirer les investissements directs étrangers au Vietnam et les utiliser efficacement en cherchant à bénéficier des avantages des éventuels transferts de technologies.
Suite à l’application du CPTPP, plus de 98% des droits de douane seront supprimés entre ses 11 signataires. Les entreprises espèrent que cet accord aura des impacts positifs, permettant au Vietnam d’élargir ses débouchés vers les 10 autres signataires du CPTPP et d’importer plus de matières premières de ces pays. Des représentants de certaines entreprises ont estimé que pour profiter au mieux de ces opportunités, il faudrait élever la qualité des produits pour pouvoir répondre aux exigences de ces marchés.
Les entreprises textiles devront procéder à des réformes pour rehausser la valeur ajoutée de leurs produits. |
Photo : VNA/CVN |
Le textile et l’acier, de grands bénéficiaires
Truong Van Câm, vice-président de l’Association du textile du Vietnam (Vitas), a espéré que cet accord favoriserait la croissance des exportations textiles du pays. En 2017, ce secteur a atteint un chiffre d’affaires à l’export de plus de 31 milliards de dollars, en hausse de 10,23% en variation annuelle. Avec 48% du total, soit 12,58 milliards de dollars, les États-Unis sont restés le plus grand débouché du Vietnam, suivis par l’UE, le Japon et la République de Corée. Cette année, le secteur vise un chiffre d’affaires à l’export de 34 milliards de dollars, +10% par rapport à 2017. Selon cet expert, le CPTPP est une opportunité pour le Vietnam d’élargir ses marchés. Pourtant, pour mieux profiter des accords signés avec les pays membres du CPTPP dans le domaine du textile-habillement, les entreprises devront procéder à des réformes pour rehausser la valeur ajoutée de leurs produits.
Pour le secteur national de l’acier, le CPTPP aura plus d’impacts positifs que négatifs, a partagé Nguyên Van Sua, vice-président de l’Association de l’acier du Vietnam. La levée des barrières douanières permettra au secteur d’élargir ses marchés à l’export. De plus, le Vietnam pourra importer plus de matières premières, ainsi que de technologies et équipements pour moderniser sa production et rehausser la compétitivité de ses entreprises. Afin de profiter des opportunités du CPTPP sur le plan douanier, selon Nguyên Van Sua, les entreprises nationales doivent bien étudier les contenus et règles de cet accord pour éviter les risques, améliorer la qualité de leurs produits et s’intéresser à la protection de l’environnement. L’Association de l’acier du Vietnam assiste d’ores et déjà les entreprises sur le plan juridique.
Quant au secteur de la mécanique, les difficultés et impacts négatifs seront plus lourds en raison de la rude concurrence des pays membres du CTTPP, a estimé Dào Phan Long, secrétaire général de l’Association des entreprises mécaniques du Vietnam (VAMI). Ce secteur pourra se développer selon deux orientations : la poursuite de la production pour les pays développés ; ou la coopération avec les pays pour profiter de leurs technologies, de leurs techniques de gestion, de leurs marchés pour participer à leur chaîne de valeur. L’industrie mécanique vietnamienne souffre de certaines lacunes en termes de technologies et de qualification des travailleurs. Aussi, si des coordinations et études de marché ne sont pas réalisées, les petites entreprises du secteur pourront avoir des difficultés à survivre. En participant au CPTPP, le Vietnam bénéficiera d’un marché plus grand avec des taxes réduites. L’État devra fixer des orientations de développement stratégiques concrètes pour favoriser les investissements des entreprises de l’industrie mécanique, a analysé Dào Phan Long.
Le CPTPP va aussi favoriser l’écoulement des produits agricoles vietnamiens en Australie, signataire de l’accord, grâce à l’assistance technique et à l’accélération des formalités d’ouverture du marché, qui passeront de 9-10 ans à 2-3 ans. Les débouchés des fruits vietnamiens sont principalement le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la République de Corée. Avec le CPTPP, les fruits du pays feront face à une concurrence de plus en plus acharnée. Les agriculteurs devront accélérer la modernisation de leur production pour répondre aux normes des pays importateurs, a remarqué Nguyên Khac Huy, directeur de la compagnie Hoàng Phát Foods. Il a souhaité que l’État propose plus de politiques d’assistance aux PME et les aide à résoudre leurs difficultés en matière de logistique.
Thê Linh/CVN