>>Banque mondiale : le Vietnam, une "étoile brillante dans le ciel sombre du COVID-19"
>>Vers une relance post-COVID-19
>>Le Vietnam est toujours une destination attrayante des investisseurs étrangers
L’économiste principal de la Banque mondiale au Vietnam, Jacques Morisset. |
"Chaque crise a des opportunités et je pense que le Vietnam a toujours été très doué pour tirer parti de la crise pour accélérer les réformes et avancer plus vite et mieux croître", a-t-il dit dans une interview accordée à l’Agence Vietnamienne d'Information (VNA).
"Je pense donc que la crise du COVID-19 offre une opportunité au Vietnam et nous pouvons déjà voir des améliorations et accélérations de certaines réformes", a-t-il poursuivi.
Dans son récente étude sans précédent intitulée "Global Productivity : Trends, Drivers, and Policies", la Banque mondiale Elle classe le Vietnam dans le groupe des pays émergents les plus performants aux côtés de la Chine, l’Inde, la Malaisie et la Thaïlande.
"Si vous regardez au cours des 10 dernières années, de 2010 à 2019, le taux de croissance économique du Vietnam a été le deuxième plus rapide au monde, derrière la Chine. Non seulement le Vietnam connaît une croissance très rapide, mais il crée de nombreux produits et emplois", a indiqué Jacques Morisset.
"Au-delà des chiffres, je crois que si vous regardez dans le passé, le Vietnam a fait deux très bonnes choses. La première est l’agriculture et dans la première phase de développement, je parle de 1990 à 2000, le Vietnam a pu multiplier la productivité agricole de manière significative", a-t-il expliqué.
"Cela a été très important parce que la plupart de la population, la plupart des gens travaillaient dans des fermes. Si vous améliorez la production / productivité agricole, vous avez un impact important sur l’économie et vous pouvez également nourrir la population", a-t-il estimé.
"La seconde est venue un peu plus tard, c’est l’ouverture de l’économie aux entreprises manufacturières et à l’IDE, et depuis le début des années 2000, beaucoup de nouvelles entreprises sont venues s’implanter au Vietnam, créant des millions d’emplois", a-t-il ajouté.
La pandémie du nouveau coronavirus dévaste le monde entier et frappe durement les pays émergents et en développement. Et ses répercussions se feront sentir encore longtemps, mais toutes ne seront pas nécessairement négatives.
"De nombreux gouvernements et multinationales estiment que la crise du coronavirus donne au Vietnam l’opportunité d’attirer plus d’investisseurs étrangers", a-t-il fait savoir.
L’économiste principal de la Banque mondiale a noté que de nombreuses multinationales devront se diversifier en raison de la crise, et que le Vietnam est clairement un pays qui peut accueillir plus d’IDE, ce qui représente donc la première opportunité.
"Je dirais que le Vietnam a été un peu lent à développer la digitalisation. Il était trop difficile voire impossible de payer par téléphone, et la plupart des procédures gouvernementales sont sur papier. Mais je crois que la crise du coronavirus accélère la réforme vers une digitalisation accrue", a-t-il estimé.
Jacques Morisset a également noté que le gouvernement vietnamien a mis en œuvre de nombreuses mesures pour développer l’e-gouvernement et promouvoir le paiement sans numéraire.
"Le COVID-19 a montré que l’utilisation et le partage d’informations peuvent s’avérer très efficaces, si vous voulez promouvoir des réformes", a-t-il poursuivi, constatant que le gouvernement a fourni de nombreuses informations détaillées.
Saluant la bonne gestion du COVID-19 par le Vietnam où peu de personnes sont mortes ou infectées par le virus, il a estimé que la crise est une opportunité en aidant le Vietnam à attirer plus d’investisseurs.
"La reprise a été importante. Vous n’avez pas trop de concurrents comme la plupart des pays sont encore en confinement partiel ou total, ce qui n’est pas le cas pour le Vietnam […] Je pense donc que cela donne des opportunités et montre au monde que le Vietnam a été un endroit attractif pour les investisseurs", a-t-il observé.
L’économiste principal de la Banque mondiale a cependant suggéré au Vietnam de trouver le juste équilibre entre l’ouverture des frontières pour attirer les investisseurs et la fermeture des frontières pour contrôler la propagation du virus.
Selon le Jacques Morisset, le Vietnam devrait savoir tirer le meilleur parti des investissements étrangers. "Vous devez attirer plus d’investisseurs, mais vous voulez attirer de bons investisseurs", ceux qui investissent au profit de l’économie vietnamienne.
Il a également suggéré au gouvernement de dépenser plus et mieux, de fournir un soutien plus important aux personnes et aux entreprises les plus touchées pour stimuler la relance et soutenir la croissance.