La Banque d’État du Vietnam (BEV) a élaboré et met désormais en œuvre son projet de restructuration du système bancaire, a déclaré le gouverneur de la BEV, Nguyên Van Binh. L’évaluation de la situation actuelle a été effectuée et la BEV a rendu public pour la première fois le taux de créances douteuses ainsi que les mesures pour y remédier.
Selon les estimations de Nguyên Van Binh, le taux de créances douteuses, dont certaines sont déjà anciennes, résulte d’une trop forte croissance du crédit lors de ces dernières années, mais aussi de négligences dans leur gestion comme d’insuffisances de supervision et de contrôles. À présent, les organismes de crédit ont réglé le sort de 12.000 milliards de dôngs de créances douteuses en recourant au Fonds de prévention des risques. Environ 252.000 milliards de dôngs de créances douteuses ont été traitées. Les créances douteuses datent pour l’essentiel de la période 2008-2011durant laquelle la croissance du crédit a été forte avec un taux annuel moyen de 33%, allant même jusqu’à 53% en 2008. En revanche, depuis le début de cette année, il n’est que de 2,53%. Les créances douteuses au Vietnam ne sont pas définitivement perdues car, en fait, 85% d’entre elles sont couvertes par des hypothèques dont la valeur représente 135% de leur montant.
Selon les données de la BEV, le montant total des créances douteuses au sein du système bancaire est estimé à de 202.000 milliards de dôngs, après une baisse de 36.000 milliards de dôngs suite aux mesures synergiques prises par la BEV. Toutefois, sur le long terme, la situation actuelle pourrait avoir de graves conséquences pour l’économie, de sorte que parallèlement à leur traitement, la banque centrale doit trouver des mesures efficaces pour soutenir les entreprises, a-t-il averti. Le volume de liquidité au sein du système bancaire national s’est amélioré, les taux d’intérêt annuels du dépôt demeurent en moyenne à 9%, et ceux du crédit ont considérablement baissé. Néanmoins, selon Nguyên Van Binh, cette dernière baisse est insuffisante pour améliorer l’accès des entreprises domestiques au financement bancaire, et la banque centrale cherche à réduire davantage les taux d’intérêts. De même, le volume de liquidité bancaire est encore instable, et l’inflation, si elle a diminué de 1%, risque toujours de repartir à la hausse.
Les banques commerciales publiques sont à l’origine de 44,3% de l’encours du crédit. Les créances douteuses des banques étrangères et leurs filiales ne sont que de 5,2% de l’ensemble de celles du système bancaire.
Le taux de créances douteuses pour l’agriculture est de 4,49% seulement, ce qui montre que les crédits au développement agricole sont efficaces.
Six secteurs fortement débiteurs
Le gouverneur Nguyên Van Binh a indiqué les six secteurs économiques les plus fortement débiteurs (voir l’infographie) qui représentaient à eux seuls 96.000 milliards de dôngs de créances douteuses fin juin 2012, soit 80,5% du total national.
Les banques commerciales publiques sont à l’origine de 44,3% des créances douteuses. |
La BEV est déterminée à remédier à cet état de chose, a affirmé son gouverneur en citant les principales mesures de traitement de ces créances : cession de celles garanties par une sûreté à la Compagnie de rachat de créances et de biens d’entreprises relevant du ministère des Finances, intervention du Fonds de prévention des risques devenant actionnaire de la banque, cession à une société de rachat de crédits. Parmi les mesures de règlement du sort de créances douteuses, la BEV a souligné l’importance de la création de la Compagnie nationale de vente et d’achat de créances qui attend encore son agrément par le politburo du Parti communiste vietnamien et le Premier ministre Nguyên Tân Dung. Elle sera capable de prendre en charge de 60.000 à 100.000 milliards de dôngs de créances douteuses. Cette compagnie privilégie le traitement de celles garanties par une hypothèque.
Photo : La progression du taux de créances douteuses a ralenti depuis ce 2e trimestre, passant de 7,29% en janvier à 1,2% en juin. Cela montre que les efforts du gouvernement commencent à porter leurs fruits et que les directives données sont adéquates, a affirmé Nguyên Van Binh.
Thuy Tiên/CVN