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Les 12 pays ont signé le 5 octobre à Atlanta (États-Unis) l’accord de principe qui aboutira à création de la zone de libre-échange la plus vaste du monde. Si le Vietnam parvient à en relever les défis, il profitera pleinement des retombées commerciales de cet accord et augmentera significativement sa croissance.
Une fois le TPP en vigueur, de nombreux secteurs de l’économie vietnamienne pourraient connaître un nouvel essor, durable, à commencer par ceux de l’exportation et de l’investissement. Les économistes estiment que le PIB national devrait croître de 23,5 milliards de dollars supplémentaires d’ici à 2020 et de 33,5 milliards d'ici à 2025. Parmi les 12 pays parties au TPP, les modèles économiques montrent que le Vietnam sera celui qui bénéficiera le plus de ses avantages économiques, a indiqué l’agence de notation Moody’s.
Suppression des barrières douanières
Le TPP prévoit la suppression des barrières tarifaires, ouvrant une large voie au Vietnam pour pénétrer de grands marchés comme les États-Unis, le Japon, le Canada et l’Australie. Les parties au TPP représentent déjà 39% du chiffre d'affaires à l'export du Vietnam et 23% de ses importations (données 2014). De nombreux modèles estiment que le TPP pourrait faire progresser de 37% les exportations nationales lors de ces 10 prochaines années.
Le TPP prévoit la suppression des barrières tarifaires, ouvrant une large voie au Vietnam pour pénétrer de grands marchés. |
À noter aussi qu’en août, le Vietnam est parvenu à un consensus sur les principes de l'accord de libre-échange (ALE) avec l’Union européenne (UE). Le pays est en train de parachever de tels accords avec trois des plus grands marchés mondiaux que sont l’UE, le Japon et les États-Unis. Le TPP sera aussi une force motrice de réforme structurelle et de libéralisation de l'économie vietnamienne, facteurs d’amélioration de la productivité et de l'investissement étranger au Vietnam.
Désormais, les parties effectuent les formalités finales pour la signature du TPP. Au Vietnam, sa signature et sa ratification ne devraient pas poser de problèmes, même s’il devrait faire surgir quelques difficultés dans des secteurs en cours de réformes structurelles.
Exonération de taxe avec conditions
En vertu de cet accord, les droits de douanes de grands marchés comme les États-Unis, le Japon et le Canada seront supprimés. Le volume des exportations vietnamiennes, notamment dans les secteurs du textile, des chaussures et des produits aquatiques, devrait significativement progresser avec ces derniers.
«Le TPP offre au Vietnam l’immense opportunité de s’intégrer plus profondément à l’économie mondiale. Cet accord agira comme un véritable levier pour l’économie vietnamienne. Le textile, les produits agricoles et aquatiques en tireront le plus de bénéfice», selon l’économiste Nguyên Tri Hiêu.
Rappelons en effet qu’avec cet accord, les exportations vietnamiennes de textile vers les États-Unis seront exemptées de taxe. Actuellement, 50% des exportations textiles sont destinées au marché américain, subissant des taxes à hauteur de 17,5%. Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que le TPP favorisera considérablement ce secteur clé du Vietnam.
Les défis à relever sont cependant très importants car, conformément aux dispositions de cet accord, l’exonération de taxe est soumise à certaines conditions. Les entreprises exportatrices devront notamment justifier que les matières premières proviennent du Vietnam ou de l’un des pays signataires de l’accord. Or, à ce jour, la grande majorité des matières premières du textile proviennent de pays non-signataires du TPP.
Ngô Duc Hoa, président du conseil d’administration de Thang Loi, une société de textile, précise : «Pour bénéficier de ce dispositif, les entreprises devront désormais acheter des matières premières locales. Le coût des matières premières importées des États-Unis et du Japon est trop élevé pour nous». Pour bénéficier des avantages fiscaux découlant du TPP, certaines entreprises du textile ont toutefois commencé à créer leurs propres zones de matières premières.
Les exportations agricoles ont le vent en poupe
Le TPP devrait aussi doper les exportations de produits agricoles. Plusieurs parties à cet accord sont en effet les plus importants marchés pour les produits agricoles vietnamiens. Les États-Unis sont le premier importateur de café, de noix de cajou, de poivre, de riz et de thé, et le Japon est le troisième importateur de fruits et de légumes.
Si le TPP avait de très avantageuses retombées commerciales, il pourrait aussi avoir des conséquences négatives importantes. |
Photo : Truong Giang/VNA/CVN |
Si le TPP avait de très avantageuses retombées commerciales, il pourrait aussi avoir des conséquences négatives importantes. Tel pourrait être le cas pour les productions de sucre et de lait, deux secteurs qui pourraient être frappés de plein fouet compte tenu du fait que l’Australie est le 3e exportateur mondial de sucre et qu’avec la Nouvelle-Zélande, elle est aussi réputée pour leur production laitière très développée.
Selon un récent sondage, 93% des entreprises vietnamiennes et 96% des consommateurs domestiques soutiennent cet accord et estiment qu’il profitera à l’économie nationale. Ce sondage a été effectué par Edelman, un réseau international de relations publiques situé aux États-Unis, sur un échantillon de 1.000 consommateurs et de 1.000 entreprises des pays parties au TPP, excepté du Brunei et du Pérou. Il en ressort que 83% des entreprises et 86% des consommateurs du Vietnam sont optimistes quant aux opportunités qu’ouvrira le TPP.
S’agissant des conséquences positives du TPP sur le marché de l’emploi, 79% des entreprises vietnamiennes se sont déclarées confiantes. Toujours selon ce sondage, les entreprises du Vietnam, des États-Unis, du Chili et de Singapour sont les plus optimistes sur les bénéfices à retirer de cet accord, et celles de Nouvelle-Zélande, de Malaisie et du Canada, le moins...
Nouveaux enjeux stratégiques
Malgré une forte croissance annuelle de 16% en moyenne et une consommation domestique de 3,3 milliards de dollars, le marché pharmaceutique du Vietnam devra faire face à de nouveaux enjeux avec le TPP.
En effet, ses dispositions en matière de protectionnisme de l’industrie pharmaceutique n'ont pas encore été divulguées, et de nombreuses entreprises domestiques de ce secteur s’en inquiètent.
Huynh Tân Nam, directeur général de la société Pymepharco, a estimé que le TPP, un terrain de jeu professionnel fabuleux pour tous, implique que le secteur national prenne l'initiative de se renouveler profondément. Celui-ci comprend d'abord l’investissement dans les technologies, le développement de ressources humaines hautement qualifiées et un aménagement global de zones de culture de plantes médicinales. «Outre les unités de production de médicaments et de dispositifs pharmaceutiques répondant déjà aux normes de GMP-WHO, il nous faudra en développer d'autres satisfaisant aux normes GMP-FDA, GMP-EU et PIC/S-GMP», suggère-t-il. Toujours selon lui, un grand nombre d'entreprises domestiques de ce secteur dépendent beaucoup de leurs importations, alors même que chaque année, 60% des médicaments et produits pharmaceutiques consommés dans le pays proviennent de l'étranger.
Certains experts de Hô Chi Minh-Ville estiment qu'avec le TPP, les adjudications de conception et de production de médicaments seront ouvertes. En d'autres termes, les fabricants étrangers pourraient participer au marché plus facilement et activement sans devoir supporter la pression de politiques de protection de l’industrie pharmaceutique domestique du gouvernement vietnamien, et les entreprises vietnamiennes pourraient bien perdre la compétition devant une concurrence aussi difficile qu’inégale.
Selon Phan Thanh Binh, directeur général adjoint du groupe Merap, le TPP contribuera à rendre le Vietnam plus attractif pour les investisseurs étrangers, ce qui entraînera une augmentation croissante du nombre d'entreprises issues de l’IDE dans ce secteur. C’est un défi majeur pour les entreprises domestiques qui dépendent davantage des matières premières importées et qui ne s’intéressent pas encore suffisamment au renouvellement de leurs technologies pour moderniser leurs chaînes de production comme pour diversifier leurs catégories de produits.
Bien que le marché des produits pharmaceutiques - notamment des médicaments - soit considéré comme plein de potentiels, selon Nguyên Van Thuân, un expert en ce domaine, la majorité des parts de marché sont détenues par les entreprises étrangères. Il a également cité les statistiques du groupe britannique Business Monitor International selon lesquelles le Vietnam est le 13e des 175 pays et territoires du monde en termes de croissance de la consommation de médicaments. D’ici à 2017, il devrait connaître une croissance annuelle de plus de 20%, et à cette date, la consommation annuelle de médicaments au Vietnam devrait atteindre 200 dollars par personne.