Le sommet des espèces menacées veut "traîner en justice" les trafiquants

La conférence de l'ONU sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) s'est ouverte lundi 14 novembre à Panama sur un appel à "traîner en justice" les bandes criminelles qui se dédient à leur lucratif trafic.

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Les experts de la conservation et les représentants de plus de 180 pays se réunissent lundi 14 novembre au Panama pour revoir les règles du commerce d'espèces animales.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le commerce illégal d'espèces animales et végétales menacées représente un chiffre d'affaires annuel d'environ 15 milliards d’USD pour les réseaux criminels, selon l'ONG de défense de l'environnement World Wild Fund (WWF). La secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, a appelé lundi 14 novembre à "traîner en justice" les bandes criminelles qui se dédient à ces trafics.

"Priorité absolue"

"En dépit d'efforts considérables, les crimes contre la vie sauvage constituent toujours un grave défi et nous devons les traiter en priorité absolue", a souligné Mme Higuero. Les délégués des 183 États et de l'Union européenne, parties à la Convention, assistent jusqu'au 25 novembre à Panama à la COP19 de la CITES aux côtés de centaines d'experts de la conservation de la vie sauvage. Ils devront examiner 52 propositions visant à modifier les degrés de protection fixés par la Convention.

La révision des règles du commerce des ailerons de requins, des reptiles, des tortues et d'autres espèces sauvages menacées d'extinction ou sources de risques sanitaires à l'ère du COVID seront notamment au menu de la rencontre.

Celle-ci doit aussi faire le bilan de la lutte contre la fraude et voter de nouvelles résolutions, notamment sur les risques de zoonose (maladie transmise de l'animal à l'homme) liée aux trafics, un sujet devenu majeur avec la pandémie de COVID-19.

La CITES, en vigueur depuis 1975, fixe les règles du commerce international pour plus de 36.000 espèces sauvages, allant de la délivrance de permis (plus d'un million de transactions autorisées par an) jusqu'à l'interdiction totale.

Organisé tous les deux ou trois ans, le sommet se déroule cette année dans l'ombre et sous l'influence de deux autres conférences de l'ONU, elles-aussi cruciales pour l'avenir des êtres vivants sur la planète : la COP27 sur le climat, en cours en Égypte, et la COP15 sur la sauvegarde de la biodiversité, en décembre à Montréal.

"Durant les deux prochaines semaines, les parties à la CITES discuteront d'un large éventail de sujets critiques et prendront des décisions importantes pour la conservation et la régulation du commerce international d'espèces menacées", a expliqué la secrétaire générale de la Convention.

La CITES, en vigueur depuis 1975, fixe les règles du commerce international pour plus de 36.000 espèces sauvages.
Photo : AFP/VNA/CVN

En 2019 à Genève, la CITES avait renforcé la protection des girafes, quasi prohibé l'achat d'éléphants par les zoos, maintenu l'interdiction à l'Afrique australe de vendre ses stocks d'ivoire, et inscrit 18 requins à son Annexe II, celles des espèces dont le commerce est strictement limité. Cette année, requins requiem, requins-marteaux et raies-guitares devraient jouer les premiers rôles, avec une proposition remarquée d'entrer à leur tour à l'annexe II.

"Ce serait un moment historique, si ces trois propositions sont votées : nous passerions d'un contrôle sur 25% environ du commerce d'ailerons de requins à plus de 90%", a expliqué Ilaria Di Silvestre, responsable des campagnes européennes pour le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).

"Nous sommes au milieu d'une très grande crise d'extinction des requins", le "deuxième groupe de vertébrés le plus menacé de la planète", a abondé Luke Warwick, de la Wildlife Conservation Society.

"Les ailerons peuvent atteindre 1.000 USD le kilogramme sur les marchés d'Asie de l'Est", notamment pour confectionner des soupes très réputées, rappelle ce spécialiste. Un commerce international en déclin mais toujours lucratif, dont Hong Kong (Chine) est la plaque tournante.

Ce grand sommet des spécialistes de la vie sauvage est aussi le premier à se tenir depuis l'apparition du virus SARS-CoV-2 qui pourrait bien être d'origine animale. Le sujet, pour la première fois mis à l'ordre du jour, devrait susciter d'intenses discussions, prélude aux débats qui se poursuivront sur ce sujet à la COP15 sur la biodiversité.

AFP/VNA/CVN



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