Le romancier Sylvain Prudhomme lauréat du prix Femina pour Par les routes

Le jury exclusivement féminin du prix Femina a couronné mardi 5 novembre l'écrivain Sylvain Prudhomme pour Par les routes, un roman aux accents mélancoliques sur l'art de l'abandon.

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L'écrivain Sylvain Prudhomme lauréat du prix Femina, à Paris le 5 novembre. 

"C'est un livre où j'ai essayé de parler du désir de liberté qu'on a un peu tous", a déclaré Sylvain Prudhomme, venu recevoir son prix dans un salon du très chic Cercle de l'union interallié, à deux pas du Palais de l’Élysée.

Le roman, le 8e de Sylvain Prudhomme, 40 ans, publié chez L'Arbalète/Gallimard avait déjà été récompensé début octobre par le prix Landerneau des lecteurs. Il est toujours en lice pour le prix Interallié (décerné le 13 novembre) et a figuré dans les premières sélections du Renaudot et du Grand prix de l'Académie française.

Le roman, sorti en août, s'est écoulé jusqu'à présent à 8.000 exemplaires selon l'Institut GfK cité par le magazine professionnel Livres Hebdo.

L'écrivain était en lice face à Dominique Barbéris pour Un dimanche à Ville-d’Avray (Arléa), Michaël Ferrier pour Scrabble (Mercure de France), Luc Lang pour La Tentation (Stock), Alexis Ragougneau pour Opus 77 (Viviane Hamy) et Monica Sabolo pour Eden (Gallimard).

Le Femina étranger a distingué le romancier espagnol Manuel Vilas pour Ordesa (Éditions du Sous-Sol), traduit de l'espagnol par Isabelle Gugnon. Un prix spécial pour l'ensemble de son œuvre a été remis à l'autrice irlandaise Edna O'Brien dont le livre Girl (Sabine Wespieser), traduit par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat, était dans la sélection finale.

Le Femina essai a récompensé Emmanuelle Lambert pour Giono, furioso (Stock). Une mention spéciale en tant que "lanceur d'alerte" a distingué La fabrique du crétin digital : les dangers des écrans pour nos enfants (Seuil) de Michel Desmurget.

Un air de Leonard Cohen

Camille Laurens, présidente cette année du jury du Femina, a salué en Par les routes un livre "très contemporain qui dit quelque chose de très fort sur l’amour et l’amitié et en même temps sur cette jeunesse qui ne veut pas s’en aller".

Le livre, a-t-elle ajouté, dépeint "une façon très contemporaine d’envisager les rapports entre hommes et femmes". "Mon livre, a reconnu Sylvain Prudhomme, est aussi sur la liberté qu'on laisse à ceux qu'on aime".

Par les routes met en scène un homme d'une quarantaine d'années jamais autrement nommé que "l'auto-stoppeur".

En couple avec une traductrice nommée Marie, père d'un petit garçon, l'auto-stoppeur ne peut s'empêcher de partir régulièrement, pouce levé, au hasard sur les routes de France.

L'histoire est racontée par Sacha, un ancien ami. Écrivain, Sacha est venu s'installer dans une petite ville du sud-est sans savoir qu'il y retrouverait son compagnon de jeunesse avec qui, vingt ans auparavant, il avait sillonné la France en auto-stop.

L'un s'est assagi, l'autre, doux et aimant, a pourtant toujours ce besoin paradoxal de bouger, d'aller voir d'autres ailleurs même si, le plus souvent, ce sont des aires d'autoroutes. "C'était comme s'il avait toujours besoin que sa trajectoire en frôle d'autres", écrit joliment Sylvain Prudhomme en parlant de son personnage.

Au fil des absences de plus en plus longues et fréquentes de l'auto-stoppeur, Sacha se rapproche de Marie et de leur fils Agustin.

Mais le livre du romancier n'est pas un vaudeville. Ce qu'offre Sylvain Prudhomme est une splendide ode à la liberté. Il existe une multitude d'existences possibles, rappelle l'écrivain.

Le livre (304 pages, 19 euros) est délicat, sans emphase. La tonalité du roman oscille entre Lodoli (l'écrivain italien que traduit Marie et dont elle dit : "Toujours la même chose. La vie qui passe. Le temps qui s’en va. C’est tout simple, il n’y a jamais rien de spectaculaire" et Leonard Cohen qu'on entend fredonner Famous Blue Raincoat, une chanson où il est question d’une fille que l'on est deux à aimer et où l’un des garçons dit à l’autre : "Je suis heureux que tu te sois trouvé sur ma route".

L'an dernier, le prix Femina avait été décerné à Philippe Lançon pour Le lambeau (Gallimard) tandis que le prix Femina étranger avait été attribué à la romancière américaine Alice McDermott pour La neuvième heure (La Table ronde), traduit de l'anglais par Cécile Arnaud. Le Femina essai avait récompensé Élisabeth de Fontenay pour Gaspard de la nuit (Stock).

AFP/VNA/CVN

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