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Le public vietnamien découvre Romain Gary. |
Écrivain français de la seconde moitié du XXe siècle, Romain Gary est le seul romancier à avoir reçu le Prix Goncourt à deux reprises, sous deux pseudonymes différents, Romain Gary et Émile Ajar.
Emmanuel Labrande, directeur de l’Espace, était justement revenu sur cette anecdote à l’ouverture de la table ronde dédiée au romancier, organisée le 23 mars à l’Institut français de Hanoi (l’Espace). Il a insisté que même si Romain Gary est connu depuis peu de temps au Vietnam, les œuvres de ce dernier sont chaleureusement accueillis par les lecteurs, séduits par son écriture pleine d’humanité et d’amour.
Ce rendez-vous signe la sixième rencontre organisée conjointement par l’Espace et la maison d’édition Nha Nam, et ce dans le cadre d’une série de conférences dédiée à la littérature française. Trois intervenants ont été invités pour l’événement: le critique littéraire Pham Xuân Nguyên, le metteur en scène Dô Van Hoàng et Dang Huong Giang, étudiante du Département de la littérature de l’École normale supérieure de Hanoi.
Puiser son inspiration dans l’amour
Les intervenants apprécient l'écriture pleine d'humanité de Romain Gary. |
Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, est originaire de Lituanie. Il est le fils d’Arieh Leib Kacew et de Mina Owczynska. À la séparation de ses parents, il arrive avec sa mère à Nice à l’âge de 14 ans. Il étudie par la suite le droit à Paris, et obtient la nationalité française en 1935. Il est appelé sous les drapeaux pour servir dans l’aviation en 1938. Engagé dans les Forces aériennes françaises libres, durant la Seconde Guerre mondiale, Roman prend le pseudonyme de Gary comme nom de résistant.
À la fin de la guerre, il embrasse une carrière diplomatique pendant une quinzaine d’année, qui l’amènera à représenter la France en Bulgarie, en Suisse, en Bolivie et aux États-Unis. Mais sa vie de diplomate sera marquée et rythmée par la publication de ses romans : L’éducation européenne en 1945, Les racines du ciel qui recevra le Prix Goncourt en 1956 ou encore La Promesse de l’aube en 1960. Absorbé par l’écriture, il quitte ses fonctions au sein du Quai d’Orsay en 1961.
Désireux de surprendre et se renouveler, Romain Gary utilise des pseudonymes comme Fosco Sinibaldi, Romain Gary, Shatan Bogat et Émile Ajar. En 1975, il reçoit le Prix Goncourt pour La vie devant soi. Il se donne malheureusement la mort cinq ans plus tard, à Paris.
La couverture de "Gros-Câlin" qui est récemment publié en vietnamien. |
Quelques œuvres de Romain Gary ont été traduites en vietnamien dont La promesse de l’aube (par Nguyên Duy Binh), La vie devant soi (par Hô Thanh Vân) et Gros-Câlin (toujours par Hô Thanh Vân) qui vient tout juste d’être publiée en vietnamien.
Ce roman relate l’histoire de M. Cousin, un statisticien troublé, et qui cherche désespérément à combler le vide de son existence. À défaut de trouver l’amour chez ses contemporains, il s'éprend d'un python adulte capable de l’enlacer dans une puissante étreinte. Premier titre publié sous le pseudonyme d’Émile Ajar en 1974, Gros-Câlin relève de la fable humoristique étrangement annonciatrice de la société individualiste et technocrate, et soulignant la vacuité des relations.
«Au fil des œuvres de Romain Gary, on découvre une aspiration à l’amour», a fait remarquer l’étudiante Dang Huong Giang. L’auteur met souvent la «tolérance» au centre de la vie, a-t-elle ajouté. Le metteur en scène Dô Van Hoàng a déclaré avoir apprécié l’écriture originale de Gros-Câlin, notamment par l’utilisation de l’image du python pour représenter l’amour et la pitié en même temps.
Texte et photos : Vân Anh/CVN