Le Mont-Saint-Michel, un "bureau magnifique mais mal chauffé"

Près de 350 marches à gravir, l'humidité, la station debout : des salariés de l'abbaye du Mont-Saint-Michel sont en grève depuis le 26 décembre pour réclamer de meilleures conditions de travail.

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Sur la passerelle d'accès au Mont, visité par trois millions de personnes chaque année, un agent d'accueil balayé par le vent et la pluie depuis plusieurs heures ironise sur ce joyau, un bureau "magnifique mais mal chauffé".

Des touristes marchent près du Mont-Saint-Michel, dans la Manche, le 25 juillet 2023.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le froid, l'humidité et les 350 marches à monter tous les jours en font un lieu de travail usant.

Entre l'escalade matinale pour rejoindre l'abbaye, "les visites et ceux qui restent debout toute la journée, nous avons tous des problèmes d'articulations au genoux, aux chevilles", déplore Herminia Amador Chacon, de la CGT.

La syndicaliste enfonce le clou : "notre navette dédiée nous laisse dix minutes le matin pour gravir le Mont jusqu'au sommet et ouvrir tout le bâtiment au public, on ouvre en retard tous les matins car c'est physiquement impossible!"

Une quinzaine des cinquante-cinq salariés de l'abbaye, gérée par le Centre des monuments nationaux (CMN), s'est mise en grève depuis le 26 décembre. Le bâtiment, l'un des monuments les plus visités de France avec 1,5 million de touristes par an, est depuis soit fermé au public, soit ouvert gratuitement.

Sur le panneau d'orientation au pied de l'édifice, une affiche prévenait mercredi 3 janvier les visiteurs : "En raison d'un mouvement social, le monument ouvrira entre 13h et 17h, visites et parcours commentés sont annulés."

Deux touristes ayant trouvé portes closes dans la matinée, Lise et Thomas, 25 et 24 ans, sont "un peu déçus" d'être venus de Flers (Orne) sans voir l'abbaye, mais estiment que "la grève, ils ne la font pas pour rien".

Les revendications de l'intersyndicale CGT, CFDT et Sud Solidaires portent sur une augmentation des effectifs, la reconnaissance financière des compétences linguistiques et de la pénibilité ainsi que l'amélioration des conditions de travail.

Les investissements ne sont "pas à la hauteur de ce merveilleux monument qu'est l'abbaye alors qu'il rapporte beaucoup d'argent au CMN", selon la syndicaliste.

Deux préfabriqués

Des visiteurs déambulent dans l'abbaye du Mont-Saint-Michel, dans la Manche, animée par un spectacle son et lumières à l'occasion des festivités pour son millénaire, le 7 juillet 2023.
Photo : AFP/VNA/CVN

À 13h15, les grilles de l'abbaye s'ouvrent pour les quelques heures de visites rendues possibles par l'effectif non gréviste, beaucoup sont des vacataires.

L'un d'eux, qui n'a pas souhaité révéler son nom, renseigne les touristes en trois langues et "soutient les revendications syndicales" mais "a fait le choix de venir travailler".

Les caissiers vendent habituellement les billets dans deux petits préfabriqués. "Ces deux postes provisoires ont été installés pendant le covid, il y a le chauffage, on y est à l'abri mais c'est trop petit, on demande une structure d'accueil pérenne", ajoute la syndicaliste, Herminia Amador Chacon, devant l'escalier où s'entassent des touristes sur une seule file au lieu de trois habituellement.

Selon les chiffres du CMN, 2500 visiteurs sont entrés dans l'abbaye en moyenne ces derniers jours, contre 4000 habituellement pendant les vacances d'hiver.

Arnaud Noblet, secrétaire général de l'abbaye du Mont Saint-Michel pour les Monuments nationaux, dit "comprendre à titre personnel" que les salariés se sentent parfois "submergés" lors de la haute saison.

Il rappelle que "depuis 2018 la masse salariale a augmenté de 7%, nous passons de 55 agents permanents à 85 en période estivale, et les négociations de fin d'année ont abouti à la création de 2,5 postes".

Pour M. Noblet, le CMN fonctionne "en péréquation et nous le revendiquons, les grands monuments comme l'abbaye permettent aux petits d'exister".

Les quelques commerçants du Mont interrogés par l'AFP assurent, eux, ne pas observer de différence sur leur chiffre d'affaires depuis le début du mouvement.

Solène, 41 ans, venue de région parisienne en famille, "a eu la bonne surprise de voir que c'était gratuit". "Si on peut, on donnera un billet à la sortie pour le monument et le personnel", a-t-elle ajouté.

AFP/VNA/CVN

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