Le lac Turkana, au Kenya, placé sur la liste du patrimoine en péril

Le lac Turkana, au Kenya, plus grand lac désertique au monde et considéré comme un des berceaux de l'Humanité, a été placé jeudi 28 juin par l'UNESCO sur la liste du patrimoine en péril, car menacé par un barrage hydrolectrique et des projets d'irrigation éthiopiens.

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Le lac Turkana dans le Nord du Kenya le 28 juin.

Une résolution en ce sens a été adoptée par le comité du patrimoine lors d'une session de ce comité organisée à Manana, à Bahreïn, malgré l'opposition de l'Ethiopie, mise en cause pour les projets qu'elle développe sur le fleuve Omo, principal affluent du lac Turkana. "Le comité du patrimoine mondial (...) a décidé aujourd'hui d'inscrire le site des Parcs nationaux du Lac Turkana sur la liste du patrimoine mondial en péril", a indiqué l’UNESCO dans un communiqué. Surnommé la "mer de Jade" pour ses célèbres reflets, le lac Turkana s'étire du nord au sud sur 249 km de long en suivant la vallée du Grand Rift africain, et mesure 44 km à sa largeur maximale.

Le territoire classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, depuis 1997, correspond aux trois parcs nationaux du lac, à savoir les îles Central Island (500 hectares) et South Island (3.900 hectares), ainsi que le parc de Sibiloi (157.085 hectares), situé sur la rive nord-est. La région est protégée pour son écosystème unique ainsi que pour ses gisements fossilifères. De nombreux fossiles d'hominidés (Australopithèque, Homo habilis, Homo erectus et Homo Sapiens), et d'espèces animales, ont en effet été retrouvés à Sibiloi.

Le barrage hydroélectrique Gibe III dans la vallée de l'Omo en Ethiopie, le 17 décembre.

Le lac et son écosystème sont cependant menacés, principalement par le barrage hydroélectrique de Gibe III, le plus haut d'Afrique (243 mètres), inauguré fin 2016 sur l'Omo, et d'importants projets d'irrigation pour des plantations de cannes à sucre et de coton. Un rapport d'évaluation publié sur le site de l'UNESCO fustige notamment "une baisse générale rapide du niveau d'eau depuis janvier 2015, quand le chargement de la retenue Gibe III a commencé" et l'absence d'étude sur les impacts des projets d'irrigation sur le débit de l'Omo.

De nombreux observateurs redoutent dès lors un triste remake de la catastrophe environnementale de la mer d'Aral, largement asséchée par le détournement de deux fleuves à des fins d'irrigation en Asie centrale. L'UNESCO souligne également que les crues saisonnières, essentielles au cycle de reproduction des poissons ont été perturbées par le barrage.

Quelque 300.000 personnes dépendent de la pêche autour du lac. Le Kenya, qui soutenait la résolution, a dit espérer "une solution à l'amiable sur l'utilisation des ressources hydriques". "Le Kenya en appelle au soutien international. Nous avons besoin d'une assistance technique et financière pour assurer la conservation de ce site", a déclaré Mzalendo Kibunjia, directeur des Musées nationaux du Kenya.


AFP/VNA/CVN

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