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La fusée japonaise H3 quitte le pas de tir du centre spatial de Tanegashima, dans le sud-ouest du Japon, le 17 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La fusée a décollé comme prévu à 9h23 locales (00h23 GMT) de la base spatiale japonaise de Tanegashima, dans le sud-ouest de l'archipel nippon, et "a été placée en orbite" quelques minutes plus tard, a indiqué un responsable de l'agence spatiale japonaise Jaxa.
Ce succès intervient après celui de SLIM (Smart Lander for Investigating Moon), petit engin de la Jaxa qui a réussi à se poser avec précision sur la Lune le mois dernier, un exploit historique pour le Japon.
Imposant lanceur de 63 m de haut et 574 tonnes hors charge utile, le H3 est censé permettre au Japon d'assurer des vols spatiaux plus fréquents (environ six fois par an), mais aussi moins coûteux, pour rivaliser avec des lanceurs étrangers comme le Falcon 9 de l'entreprise privée américaine SpaceX.
La demande mondiale de lancements spatiaux à bas coûts est en plein boom, et la concurrence s'intensifie sur ce créneau.
La réputation de haute fiabilité des vols de la Jaxa avait été écornée par les déboires de son programme H3 jusqu'à présent.
En février 2023, cet engin co-développé avec le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) avait été incapable de décoller en raison d'un problème d'allumage de ses propulseurs d'appoint (boosters).
Puis, lors d'une deuxième tentative en mars dernier, la fusée avait initialement réussi son envol, avant de dévier de sa trajectoire en raison d'une défaillance des moteurs du deuxième étage. La Jaxa avait été contrainte de la détruire en plein vol.
Ces échecs ont eu pour effet de reporter plusieurs missions spatiales de la Jaxa, dont sa mission MMX d'exploration des lunes de Mars (une coopération avec la Nasa, l'Agence spatiale européenne, la France et l'Allemagne), désormais officiellement repoussée à 2026.
Par ailleurs, la mission d'un lanceur de petite taille de la Jaxa, Epsilon, avait aussi échoué peu après son décollage en 2022.
Nombreux domaines d'application
Le H3 doit permettre au Japon de "maintenir son accès autonome à l'espace", selon la Jaxa, dont le précédent lanceur lourd H-IIA, qui a commencé sa carrière en 2001, arrive en fin de course.
"Le Japon est une nation relativement petite pour entreprendre en solo" des programmes spatiaux majeurs, mais le pays continue d'avoir "de grandes ambitions en matière d'exploration spatiale", observe l'astronome britannique Adrian Michael Cruise, interrogé cette semaine par l'AFP.
Comme "les charges utiles spatiales sont de plus en plus lourdes", il faut disposer d'engins "de plus en plus puissants", ajoute ce professeur émérite d'astrophysique à l'université de Birmingham au Royaume-Uni.
Capable de transporter jusqu'à 6 tonnes de charge utile sur différentes orbites, le H3 devrait avoir des applications dans des domaines variés : satellites de télécommunications, météorologie ou encore recherche scientifique.
Et le Japon pourrait peut-être s'en servir à l'avenir pour assurer sa défense, à l'heure où les tensions géopolitiques en Asie-Pacifique sont élevées, sur fond notamment du programme nucléaire et des essais de missiles et de satellites nord-coréens, souligne M. Cruise.
La mission de samedi vise surtout à démontrer l'opérabilité du H3, mais l'engin transporte aussi deux petits satellites d'observation de la Terre.
Concrètement au Falcon 9 de SpaceX, le H3 n'est pas un lanceur réutilisable, mais son atout est ailleurs.
"La fusée H3 est dotée d'un moteur de premier étage unique et innovant, qui fournit une poussée supérieure" à celles d'autres fusées high-tech, explique à l'AFP Michele Trenti, directeur du Laboratoire spatial de Melbourne en Australie.
"Le fait de décoller le plus rapidement possible permet aux moteurs du deuxième étage d'être plus efficaces pour transporter des engins spatiaux loin de la Terre", ajoute-t-il.
Aussi ce lanceur "a le potentiel d'être la fusée la plus économique pour de telles missions", selon M. Trenti.
AFP/VNA/CVN