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Manifestation contre la réforme des retraites, le 12 décembre à Marseille. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Édouard Philippe "a invité les organisations syndicales et patronales à un cycle de réunions qui se dérouleront à Matignon le plus tôt possible la semaine prochaine", a annoncé son entourage.
Après avoir échangé au téléphone avec les partenaires sociaux dans l'après-midi, le Premier ministre "a confirmé sa proposition de dialogue pour continuer à améliorer le projet porté par le gouvernement", a ajouté Matignon, évoquant "une série de thèmes" : "la mise en place du minimum de pension, la pénibilité, la retraite progressive et l'accompagnement des transitions vers le système universel".
"Ces thèmes rejoignent très largement les préoccupations exprimées aujourd'hui par les organisations syndicales qui soutiennent la mise en place du système universel", notamment la CFDT de Laurent Berger, a-t-on souligné de même source, en réaffirmant la "disponibilité" du Premier ministre "pour examiner les propositions des partenaires sociaux", notamment sur la question cruciale de l'équilibre financier du système.
"Ma porte est ouverte et ma main est tendue", avait insisté Edouard Philippe dans l'après-midi sur Twitter.
Fin des régimes spéciaux, "âge d'équilibre" à 64 ans, entrée dans le système à points à partir de la génération née en 1975... M. Philippe avait détaillé mercredi le contenu du futur "système universel de retraite" par points, assurant que "tout le monde serait gagnant".
Laurent Berger, favorable à un système universel par points mais fermement opposé à un allongement de la durée de cotisation via un "âge d'équilibre", avait immédiatement dénoncé le franchissement d'une "ligne rouge" et demandé au gouvernement de revenir sur ce point.
La CFDT, accompagnée de la CFTC et l'Unsa, elles aussi favorables à un régime universel, ont adressé jeudi au gouvernement une liste de sujets à leurs yeux "cruciaux", dont la pénibilité ou la retraite progressive. Tous trois ont appelé à rejoindre la mobilisation prévue dans la rue le 17 à l'initiative de la CGT, FO, la FSU et Solidaires ainsi que d'organisations de jeunesse.
Jeudi 12 décembre, gouvernement et majorité ont multiplié les appels du pied pour que la CFDT accepte de reprendre la négociation. "Je suis prêt à discuter, évidemment qu'on va discuter", a répondu M. Berger. Mais, a-t-il averti, "vouloir être constructif, ça ne veut pas dire se laisser marcher dessus".
Le gouvernement a "fait une proposition et maintenant il y a une concertation qui doit se faire", a déclaré Emmanuel Macron, interrogé par la presse avant le début d'un sommet européen à Bruxelles.
"Irresponsable"
Première brèche dans la contestation, les syndicats de policiers ont appelé à suspendre leur mouvement de protestation, saluant des "avancées" pour le maintien de leur régime dérogatoire.
Jeudi encore 12 décembre, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté partout en France. À Marseille, où les enseignants étaient en nombre, une pancarte affichait une photo de Maître Yoda, le vieux sage de Star Wars, avec le slogan : "enseigner jusqu'à 900 ans tu pourras".
Plusieurs milliers de personnes (3.700 selon la préfecture de police) ont aussi manifesté dans le calme à Paris, à la lumière des fumigènes roses des cheminots.
Les manifestants étaient entre 3.000 et 9.000 à Lyon selon les sources, 2.000 à 6.000 à Bordeaux, entre 2.700 et 7.000 à Rouen... A Brest, sous une pluie battante, les manifestants scandaient : "le temps est pourri, la retraite à points aussi !".
Dans les transports en commun, le trafic restait très perturbé et peu de changements étaient attendus vendredi 13 décembre, avec notamment un TGV et un Transilien sur 4, et 8 lignes de métro fermées à Paris. Un pic à plus 550km de bouchons a été dépassé vers 18h00 en région parisienne, selon le site Sytadin.
Il n'y aura "pas de trêve pour Noël sauf si le gouvernement revient à la raison" en retirant son projet, a prévenu le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, en tête de la contestation.
"Annoncer que les trains ne rouleront pas pour Noël, je pense que c'est assez irresponsable", a réagi sur RTL la ministre des Transports, Élisabeth Borne, jugeant que "ce n'est pas ce qu'on peut attendre de syndicalistes qui disent défendre le service public".
Ports bloqués
Mercredi 11 décembre, Édouard Philippe a affirmé que "les garanties données" justifient que la grève, "qui pénalise des millions de Français, s'arrête".
Au-delà de la SNCF et de la RATP, le mécontentement reste cependant large. Le Conseil des barreaux votera des actions vendredi.
Jeudi 12 décembre, les zones industrielle et portuaire du Havre ont été bloquées, tout comme les entrées du Grand Port maritime de Marseille, par des manifestants mobilisés à l'appel de la CGT. Des dockers ont également organisé des blocages au port de La Rochelle ou à Rouen.
Des coupures de courant ont touché plusieurs villes. Des baisses de production ont été organisées dans le nucléaire et des arrêts de centrales hydro-électriques et thermiques, selon la CGT Énergie. La direction d'EDF faisait part de 11% de grévistes en fin de journée, contre 26,9% le 10.
Un sabotage sur des installations techniques, non revendiqué, a en outre temporairement privé d'électricité environ 11.600 foyers à Foix, selon la préfecture.
Les Français continuent de soutenir le mouvement de grève, selon un sondage Harris Interactive pour RTL : 59% la soutiennent et 33% s'y opposent.
AFP/VNA/CVN