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À l'opéra de Hanoi. |
C’est en 1904, à Dà Nang (Centre), que Claude Bourrin est monté ici pour la première fois sur les planches, dans une comédie intitulée Tourane Revue (du nom que les colons français avaient donné à cette ville du Centre). Ensuite, on l’a revu plusieurs fois à l’Opéra de Hanoi et celui de Hai Phong en tant qu’acteur - et metteur en scène aussi - dans des pièces de Georges Courteline (Le Commissaire est bon enfant), Eugène Labiche (Le Petit voyage) et Max Maurey (La Recommandation).
Grâce à ses succès, l’ancien fonctionnaire des douanes a été nommé directeur du théâtre de l’Indochine et de l’Opéra de Hanoi. Il a mis en scène une partie du répertoire d’auteurs connus dans le monde entier, dans le cadre de ses fonctions, tout en cherchant à moderniser les plateaux. À l’époque, les opéras de Hanoi et de Hai Phong s’ouvraient régulièrement avec des comédies comme le Turandot de Carlo Gozzi, Le Mariage forcé et La Jalousie du barbouillé de Molière, ou encore Le Carrosse du Saint-Sacrement de Prosper Mérimée.
«Claude Bourrin a été le premier à présenter ici l’art dramatique moderne au public français et vietnamien, et a eu le mérite d’élargir l’auditoire du théâtre parlé, initialement réservé à l’aristocratie. Il a aussi encouragé des artistes locaux à suivre cet art scénique occidentale», indique Ngô Van Gia, professeur à l’Université de la culture de Hanoi.
Promouvoir le théâtre local
En 1920, pour la première fois, la comédie Le Malade imaginaire de Molière a été traduite en vietnamien par Nguyên Van Vinh et présentée au public hanoïen. L’année suivante, grâce aux efforts de Claude Bourrin, la pièce Chén thuốc độc (La Tasse de poison) de l’auteur local Vu Dinh Long, a été interprétée à l’Opéra de Hanoi.
«Le théâtre traditionnel vietnamien se jouait principalement en plein air, c’est donc bien plus tard que nous avons eu des édifices destinés aux représentations. Les opéras de Hanoi, de Saigon et celui de Hai Phong ne servaient au début qu’aux colons et fonctionnaires francophones, qui venaient regarder des œuvres françaises ou occidentales. Claude Bourrin y a introduit des pièces écrites et jouées par des autochtones, comme celle de Vu Dinh Long, lançant ainsi le théâtre parlé local. À l’époque, ce n’était qu’une version vietnamisée de l’art dramatique occidental», explique le chercheur Nguyên Van Thanh.
Ce développement s’est ralenti à partir de 1930, à cause de la crise économique et de la concurrence du cinéma. Claude Bourrin a alors tenté d’innover en se basant sur le théâtre chanté traditionnel du pays. Les pièces portant sur la vie, la culture et la mentalité des Vietnamiens ont fait leur apparition. Cette forme de spectacle venue d’Europe s’est ainsi trouvé un public de Hanoi à Saigon. Le metteur en scène français a de ce fait contribué à relier les cultures occidentale et vietnamienne, ainsi qu'à promouvoir le théâtre local auprès des expatriés.
VOV/VNA/CVN