Le fondateur des prothèses PIP, Jean-Claude Mas, est mort à 79 ans

Il laisse derrière lui des centaines de milliers de victimes dans le monde entier : Jean-Claude Mas, le fondateur du fabricant de prothèses mammaires Poly Implant Prothèse (PIP), au cœur d'un gigantesque scandale sanitaire, est mort jeudi 4 avril à 79 ans.

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Jean-Claude Mas à sa sortie du tribunal d'Aix-en-Provence, le 2 mai 2016.
Photo: AFP/VNA/CVN

"J'ai eu sa compagne en larmes ce (jeudi) matin, elle m'a annoncé qu'il était décédé dans la clinique où il avait été admis pour une opération", a précisé son avocat Yves Haddad à l'AFP, confirmant une information de Var-Matin. Jean-Claude Mas souffrait notamment de problèmes cardiaques et de diabète.
Son avocat le décrivait comme un "Géo Trouvetou du Var", mais plutôt qu'un inventeur, il était apparu devant la justice comme un escroc, qui se croyait au-dessus des normes et des lois, commercialisait des prothèses mammaires remplies d'un gel fabriqué à base d'huile industrielle et présentant un taux anormal de ruptures.
Ces prothèses, après un contrôle de l'Inspection du travail en mars 2010, avaient provoqué un scandale planétaire: un million d'entre elles avaient été écoulées dans le monde entre 2001 et 2010, date de la mise en liquidation de la société PIP. Le nombre de femmes victimes autour du globe est évalué à 400.000.
Condamné une première fois à Marseille en 2013, Jean-Claude Mas avait écopé à nouveau en appel en 2016 de quatre ans de prison ferme et 75.000 euros d'amende pour escroquerie et tromperie aggravée.
Le rejet de son pourvoi en cassation en septembre 2018 rendait sa condamnation définitive. Mais s'il avait effectué 8 mois de détention préventive en 2012, il n'a en revanche jamais été incarcéré pour purger cette peine. "Sa peine n'a jamais été appliquée, puisqu'il y avait encore des recours", notamment au niveau européen, a assuré Me Haddad: "Il n'avait même pas encore reçu l'arrêt de la Cour de cassation".
"Un apprenti sorcier"
"Il ne s'est pas réveillé de son opération, il s'en tire mieux que beaucoup de victimes des prothèses PIP qui sont en souffrance", a réagi Joëlle Manighetti, une des porte-parole des porteuses de ces implants remplis d'un gel frauduleux, contactée par téléphone.
"Compte tenu de l'ampleur de la fraude et du préjudice, une peine vraiment coercitive ne lui aurait pas fait de mal", a renchéri Me Philippe Chaudon, lui aussi avocat de victimes, en regrettant qu'il n'ait même pas eu "un bracelet électronique".
Son parcours judiciaire n'était même pas terminé. Jean-Claude Mas était toujours mis en examen dans deux autres procédures, l'une pour homicide et blessures involontaires, l'autre concernant les aspects financiers de l'affaire, mais son décès va entraîner l'extinction des poursuites.
"L’ensemble des responsabilités n’a toujours pas été établi dans ce scandale sanitaire où une société française a pourtant gangréné la planète entière, avec des produits frelatés, marqués CE (conformité européenne), et bénéficiant de la certification de la multinationale allemande TUV Rheinland", a rappelé dans un communiqué l'association de victimes Pipa World. Pipa World cite l'avocat Olivier Aumaître: "Le décès de Jean-Claude MAS, et le temps qui passe, rappellent l’urgence à trouver une solution indemnitaire pour les patientes porteuses des implants PIP".
L'homme au collier de barbe grise et au caractère revêche avait d'abord insulté ses accusatrices, leur reprochant de porter plainte "pour le fric", avant de leur demander "pardon". Lors des audiences, il n'en démordait pas: son gel "maison" était "inoffensif", affirmait-il.
"Vous êtes le formulateur fou (...) l'apprenti sorcier des prothèses", lui avait lancé le procureur de la République, Jacques Dallest, lors de son réquisitoire lors du premier procès.
Né en 1939 à Tarbes, Jean-Claude Mas a fait "un tas de boulots" selon ses dires: vendeur d'assurances vie, épicier et représentant en vins. Il a fondé PIP, en 1991, à une époque où le secteur est en plein essor.
En janvier, la justice française avait reconnu la responsabilité de l'
État dans le dossier des prothèses défectueuses PIP, estimant que l'Agence française de sécurité sanitaire n'avait pas "pris les mesures de contrôle et d'investigations" nécessaires entre avril et décembre 2009.

AFP/VNA/CVN

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