>>Les localités s’engagent sur le développement durable du delta du Mékong
>>La salinisation menace le delta du Mékong
Un lac d’élevage aquatique à sec dans le district de Tân Phu Dông, province de Tiên Giang. |
Selon plusieurs scientifiques, le delta du Mékong est actuellement constitué de deux zones basses comprenant le quadrangle de Long Xuyên et Dông Thap Muoi. Cependant, ces deux zones ne disposent plus d’eau stockée afin d’alimenter les fleuves Tiên et Hâu de manière à repousser la salinisation. En conséquence, les dégâts provoqués par la salinisation et la sécheresse sur les régions littorales sont importants. Les pertes de récoltes et de têtes de bétail perturbent la vie des habitants. Ce phénomène implique également des pénuries d’eau douce et risque d’affecter la moisson de riz d’hiver-printemps cette année.
Selon les statistiques du Centre national d’Hydrométéorologie, le bassin de Biên Hô, en amont de la province d’An Giang (Sud), a vu son volume atteindre son point culminant en 2018. Ces dernières années, les inondations dans le delta du Mékong se sont achevées plus tôt, empêchant le bassin de se remplir suffisamment. Fin janvier 2019, le volume d’eau stockée dans ce bassin était inférieur de 3,1 milliards de mètres cubes au volume de 2017.
“Le niveau de l’eau dans plusieurs localités de la province de Dông Thap diminuera de plus en plus pendant la saison sèche et sera au plus bas fin mai 2019. En plus de la chaleur qui perdurera, cela provoquera des difficultés pour les activités quotidiennes et pour la production", a fait remarquer Lê Van Hung, sous-chef du Service d’hydrologie de cette province.
Ông Lai Thanh Ân, responsable du Bureau de pilotage de la prévention, de la lutte et du secours aux victimes des catastrophes naturelles de la province de Bac Liêu, a, pour sa part, prévu que les perturbations climatiques seront compliquées entre mars et avril cette année, et que quelques 32.000 ha de rizières seraient affectées.
Des mesures draconiennes
en fonction de chaque province
Des plans de citronnelle dans le district de Tân Phu Dông, (province de Tiên Giang) résistantes à la sécheresse et à la salinité. |
Face à cette situation, les organismes compétents ont recommandé d’exploiter les systèmes d’irrigation de manière efficiente. En particulier, les digues et les barrages devront être reconstitués pour stocker l’eau douce et pour empêcher l’eau saumâtre d’entrer dans les plantations. Il sera nécessaire de sensibiliser les habitants sur l’usage limité de l’eau douce dans le quotidien ainsi que dans les activités de production.
"Nous avons donné des indications aux localités dans le cas où la salinité serait supérieure à 1%, les barrages devront empêcher toute invasion d’eau salée de manière à garantir un volume d’eau douce suffisant pour l’irrigation agricole et les usages quotidiens d’ici l’été", a informé Pham Minh Truyên, directeur adjoint du Service de l’agriculture et du développement rural de la province de Trà Vinh.
Selon M. Truyên, sur le long terme, il est nécessaire de faire bâtir un réseau de conducteurs d’eau douce depuis les grands bassins et fleuves jusqu’aux régions localisées à proximité des mers. De cette manière, le ravitaillement en eau douce serait garanti non seulement pour les activités agricoles mais également pour les usines de traitement de l’eau destinée à la production industrielle et à l’usage ménager.
Construction d'un barrage anti-salinisation pour stocker de l’eau douce dans le district de Hon Dât, province de Kiên Giang. |
Dans le district de Ba Tri, (province de Bên Tre), un projet de construction d’une réserve d’eau douce a été mis en place fin 2016, avec une capacité d’un million de mètres cubes. Cet ouvrage répond aujourd’hui aux besoins en eau douce de plus de 200.000 habitants, 100.000 têtes de bétail, 200.000 entreprises de petite taille et plus de 150 bureaux et établissements scolaires dans 24 communes dépendantes ainsi que les nombreuses régions tampons en saison sèche, selon M. Lai Thanh Ân.
Par ailleurs, afin de restructurer la production agricole conformément aux conditions climatiques rigoureuses, nombre de provinces ont sélectionné des plantes et des animaux d’élevage susceptibles de résister à la sécheresse et à la salinisation mais qui ne portent pas atteinte aux zones d’eau douce.
C’est le cas des provinces de Tiên Giang, Long An, Bên Tre, Vinh Long et Hâu Giang où ces modèles agricoles sont mis en œuvre pour les plantations de fruits du dragon, de citronniers, de melons, de citronnelles, de pommes cannelles, des corossols, de cannes à sucre et de cocotiers. Il s’agit des variétés qui se développent le mieux, malgré la présence d’eau saumâtre et de la sécheresse tout en garantissant un certain bénéfice aux planteurs.
Texte et photos: Truong Giang/CVN