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Airbus a plongé dans le rouge au premier trimestre, constatant "rapidement" les effets de l'épidémie de coronavirus, "la plus grave crise jamais rencontrée par l'industrie aéronautique". |
L'avionneur européen a publié mercredi 29 avril une perte nette de 481 millions d'euros pour les trois premiers mois de l'année, pour un bénéfice opérationnel ajusté de 281 millions d'euros, en baisse de 49%. Le chiffre d'affaires a lui affiché une baisse de 15,2%, à 10,6 milliards d'euros, "reflétant l'environnement difficile affectant le marché de l'aviation commerciale", affirme le groupe dans un communiqué.
"Nous avons vu un démarrage solide de l'année sur les plans commercial et industriel mais nous constatons rapidement l'impact de la pandémie de COVID19 dans nos comptes", a affirmé le président Guillaume Faury, cité dans le communiqué, en évoquant "la plus grave crise jamais rencontrée par l'industrie aéronautique". S'il a enregistré 290 commandes nettes sur la période, l'avionneur européen a livré 122 appareils, 40 de moins que l'an passé. Il a produit 60 autres avions qui n'ont pu être livrés aux clients en raison de l'épidémie de COVID-19.
Si l'activité d'Airbus Hélicoptères est en hausse (+19% à 1,2 milliard d'euros) et celle d'Airbus Defense and Space stable à 2,1 milliards, le chiffre d'affaires du premier trimestre a pâti de la division des avions commerciaux, en baisse de 22% à 7,6 milliards d'euros. Avec leurs flottes clouées au sol par la pandémie, les compagnies aériennes clientes cherchent à préserver ce qu'elles peuvent de liquidités qui s'évaporent.
"Il y a beaucoup de demandes de reports" de livraisons d'avions, a confié Guillaume Faury lors d'une conférence de presse téléphonique. "C'est le principal sujet que nous gérons actuellement avec les compagnies aériennes." L'avionneur dit en revanche ne pas avoir subi d'annulation de commande "liée au COVID-19".
"Encore qu'au début"
Airbus, qui a livré 863 appareils en 2019, a annoncé début avril qu'il baissait ses cadences de production d'environ un tiers pour s'adapter à la nouvelle donne. Dans une lettre, Guillaume Faury a prévenu les 134.000 salariés de "se préparer à ce que cela puisse encore empirer".
Guillaume Faury, le président d'Airbus, lors de la présentation des résultats du groupe à Blagnac, près de Toulouse, le 13 février |
Selon le directeur financier du groupe Dominik Asam, "avril et sans doute les mois qui suivent seront sans surprise plus compliqués en termes de livraisons que ce que nous avons connu au premier trimestre". "Notre but est d'être, au plus tard au dernier trimestre, de retour à une situation où nous ne brûlons plus notre cash", a-t-il ajouté.
L'avionneur a en effet consommé 8 milliards d'euros de trésorerie au premier trimestre, dont 3,6 milliards pour le paiement d'amendes en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis à l'issu d'un accord conclu en janvier dans des affaires de corruption. En excluant ces pénalités, la diminution de trésorerie est similaire à celle rencontrée au premier trimestre 2019, selon lui.
L'avionneur avait annoncé le 23 mars avoir obtenu une nouvelle ligne de crédit pour porter ses liquidités disponibles à 30 milliards d'euros contre 20 milliards précédemment. Il ne compte donc pas recourir à une aide gouvernementale, a réaffirmé M. Asam.
La priorité reste cependant de préserver les liquidités du groupe, en réduisant notamment les dépenses d'investissement de 700 millions d'euros, à 1,9 milliard, et en suspendant les activités "qui ne sont pas cruciales à la poursuite de l'activité". Guillaume Faury a toutefois prévenu : "Nous n'en sommes encore qu'au début de la crise, étant donné la visibilité limitée" Airbus ne dévoile pas de nouveaux objectifs de résultats à ce stade.
AFP/VNA/CVN