La visite du chef de l'OTAN survient à 2 semaines des élections présidentielle et provinciales afghanes du 20 août, alors que les violences dans le pays atteignent un niveau inédit depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale menée par les États-Unis.
"La Force de l'ISAF (qui commande les troupes de l'OTAN) pour les élections est en place et je peux vous assurer que nos soldats feront tout leur possible pour assurer la meilleure sécurité possible", a assuré M. Rasmussen lors d'une conférence de presse à Kaboul avec le président afghan Hamid Karzaï.
Le nouveau chef de l'OTAN a estimé qu'il n'y avait "pas d'alternative" pour le moment à "plus d'efforts militaires et civils" en Afghanistan, ajoutant néanmoins que des pourparlers avec certains groupes d'insurgés seraient une option.
Le week-end dernier, M. Rasmussen avait évoqué l'idée d'un dialogue avec des talibans "modérés". Ce genre d'appels se multiplie depuis plusieurs semaines en Occident.
Mais le groupe islamiste a toujours fait du retrait des troupes étrangères une condition sine qua non avant l'ouverture de toute négociation.
Et "une condition préalable est que le gouvernement puisse conduire ces pourparlers et ces négociations en position de force", a estimé M. Rasmussen, ajoutant qu'en attendant, "il n'y a pas la moindre alternative à la poursuite et au renforcement de l'effort militaire".
"Nous devons réaliser qu'il n'y a pas que la seule solution militaire à la situation en Afghanistan. (...) Nous avons besoin de ce que nous appelons une approche globale, où des efforts militaires intensifiés s'accorderont avec un plus grand engagement de la communauté internationale" dans la reconstruction civile, a précisé le patron de l'OTAN.
Alors qu'un retrait d'ici 3 à 5 ans est régulièrement évoqué ces derniers mois par certains pays engagés en Afghanistan, M. Rasmussen a lancé : "Nous resterons aussi longtemps qu'il le faudra pour finir notre travail et léguer au gouvernement un Afghanistan prospère et pacifique".
Mais l'intensification des combats avec les rebelles cause des pertes de plus en plus lourdes aux troupes occidentales, suscitant des interrogations sur le bien-fondé de cette intervention dans les pays concernés.
Les États-Unis avaient présenté en juin une nouvelle stratégie en Afghanistan : plus d'hommes, plus de moyens, priorité à la formation des forces de sécurité afghanes et précautions accrues pour éviter les morts civiles, que M. Rasmussen a déplorées mercredi.
En plus de l'augmentation du contingent étranger, passé récemment à plus de 100.000 hommes contre 70.000 il y a encore quelques mois, "nous avons décidé de créer une mission de formation de l'OTAN, afin d'augmenter le nombre de soldats afghans", a-t-il dit.
Plutôt que de rester une décennie de plus et alors que la population accepte de moins en moins la présence étrangère, la priorité est désormais de "former assez de forces de sécurité afghanes" capables de tenir le pays en vue d'un retrait "d'ici quelques années", confiait récemment un diplomate européen.
AFP/VNA/CVN