France/Coronavirus
Le cabaret de Kirwiller attire les danseurs du monde entier, sevrés par le coronavirus

"Plus de danseurs ont postulé parce que personne n'avait de travail" : au cabaret "Royal Palace" de Kirwiller (Bas-Rhin), dont les lumières se rallument samedi 3 octobre, le coronavirus a tronqué la saison mais dopé les candidatures d'artistes sevrés de contrats qui ont afflué des quatre coins du monde.

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Une danseuse se maquille au "Royal Palace" à Kirrwiller, le 1er octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

En cette fin de semaine, c'est l'effervescence sur la scène et dans les coulisses du plus gros cabaret de province : après sept mois d'arrêt forcé, la reprise se profile, avec samedi soir 3 octobre la grande première de la nouvelle revue baptisée "Talents".

Les techniciens règlent les derniers détails tandis qu'en coulisses, les artistes finissent de se préparer pour le filage d'un spectacle piochant allègrement dans les ingrédients qui ont fait le succès de cette salle nichée en pleine campagne alsacienne : danses, prestidigitation, acrobaties, chants...

Mais Covid oblige, ce début de saison aura une saveur particulière : "on aura 470 personnes" samedi 3 octobre dans une salle d'un millier de places et dont la jauge a été fixée à 700, explique son fondateur, Pierre Meyer, 67 ans.

"Castings en ligne"

Le protocole sanitaire est "strict", poursuit ce pionnier du music hall rural : portique de désinfection à l'ozone, masque obligatoire pour les spectateurs durant le show, salle et coulisses désinfectées après les représentations... Quant aux artistes, ils ont subi deux tests PCR et leur température est prise quotidiennement.

Quatrième gros cabaret à rouvrir en France après Michou, le Crazy Horse et le Paradis Latin, le "Royal" accueille normalement plus de 200.000 spectateurs chaque saison. Cette année, ses recettes vont sérieusement plonger : "on va avoir 6 millions de pertes", lâche, laconique, M. Meyer.

Une situation à l'image du monde du spectacle, étranglé par une crise sanitaire qui s'éternise. Une saison de vaches maigres aussi pour des artistes priés du jour au lendemain de remiser leurs costumes de scène au vestiaire.

Pour s'adapter et anticiper la saison suivante, le "Royal" a dû innover, notamment dans son recrutement.

"Cette année était complètement différente", explique Camilla Keutel, ex-danseuse à Kirrwiller et qui a piloté en mars et avril le casting de la saison 2020-2021.

Avec la fermeture des frontières, exit les auditions en situation réelle. Camilla a donc opté pour des castings en ligne : "j'ai eu 300 candidatures", explique-t-elle. Dans une année normale, "j'ai environ 150 auditions physiques", poursuit cette Anglaise installée en Allemagne où elle organise des spectacles.

"Nous avons eu des (candidatures) d'Afrique du Sud, d'Amérique du Sud, du Canada, d'Australie, de Nouvelle-Zélande...", une diversité "inhabituelle" pour Kirrwiller, qui puise plutôt dans les viviers anglais ou ukrainiens.

"Plus de danseurs ont postulé parce que personne n'avait de travail", analyse-t-elle.

Sur les 300 postulants, six ont finalement été retenus (cinq femmes et un homme) pour intégrer la troupe de 21 danseuses et danseurs du "Royal", bien heureux de décrocher un contrat de 10 mois en pleine disette.

Parmi eux, Tyrone Lang, danseur australien de 27 ans. "Le confinement en Australie a été très strict", et "passer de 48 heures de danse par semaine à rien, ça fait beaucoup", glisse ce jeune Melbournien.

"Chanceux"

Quand la pandémie s'est déclenchée, Valerie De Haan, 22 ans, s'apprêtait "à voyager dans le monde entier" : "je devais danser sur un bateau de croisière", un secteur pourvoyeurs d'emplois pour les artistes mais que le COVID a placé en cale sèche, se lamente la Néerlandaise.

Pour Lacey Edwards, 2020 aurait dû être son année "la plus remplie", avec des contrats au Japon et à Macau (Chine). Là encore, coup d'arrêt brutal : "dans mon pays, aucun de mes amis ne travaille. L'Angleterre est très affectée" par le virus, explique cette Britannique de 23 ans.

Avant le COVID, "ça marchait très, très bien... Du jour au lendemain, tout s'est arrêté", explique Nicolas Besnard, 42 ans, qui exécute un numéro d'acrobatie avec sa compagne Ludivine Furnon. Le duo a pu retomber sur ses pattes grâce à un contrat avec le "Royal".

"On se sent chanceux quand on voit nos collègues sur le carreau en ce moment", poursuit le quadragénaire. "On redémarre la machine, on a hâte !"

AFP/VNA/CVN

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