Hô Sy Thiêu avec ses deux petites clientes. |
À l’issue de leur cours d’anglais à la Maison culturelle du 3e arrondissement, Hô Chi Minh-Ville, les enfants sortent de classe et font cercle autour d’un clown. Ils attendent patiemment les animaux qu’ils demandent, créés avec... des ballons. Avec une pompe et des ballons de baudruche, le clown Hô Sy Thiêu tourne, courbe, tord et noue des ballons et dessine dessus. En un instant, apparaissent une panthère rose, des Doraemon, un Mickey... sous les yeux étonnés et admiratifs des enfants.
Apprendre le métier
Hô Sy Thiêu est arrivé dans ce métier par pur hasard. Né dans une famille pauvre de Quynh Luu, dans la province de Nghê An (Centre), il a dû abandonner ses études à la fin du collège. À 18 ans, Thiêu a décidé de partir gagner sa vie en Thaïlande où il exerçait beaucoup de métiers : serveur, gardien, aide-cuisinier...
Une fois, voyant une foule de gens regroupés devant un building, il s’est arrêté curieux pour voir ce qui se passait. Il vit là un artiste de rue en train de manipuler des ballons de baudruche. «Je l’ai regardé attentivement et j’ai trouvé que c’était un art magnifique», raconte-t-il.
Une «œuvre» de Hô Sy Thiêu. |
À cette époque, le «balloon art» était en vogue dans ce pays ainsi que dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est, mais au Vietnam, cela demeurait encore une curiosité. Depuis l’enfance, Thiêu est passionné par ces ballons et, petit, il lui est arrivé plusieurs fois de dépenser tout son argent pour en acheter. Décidé, il s’est inscrit à un centre de formation mais les frais d’études, de l’ordre de 30 millions de dôngs (soit plus de 1.000 euros), l’ont empêché de suivre cette voie.
Mais ces ballons de baudruche de toutes les couleurs lui sont restés à l’esprit, comme une obsession. Il s’est alors dit, «pourquoi ne pas apprendre par moi-même ?». Commence pour lui un nouveau rythme de vie : travail la journée et pratique du ballon le soir... Les débuts ont été difficiles, mains barbouillées de colorants, douleurs aux doigts au point de ne plus rien pouvoir prendre..., mais au bout d’une année, les choses sont allées bien mieux. «J’ai dépensé beaucoup d’argent pour acheter des ballons et des livres», ajoute Thiêu.
Donner de la joie aux enfants
Lors d’un retour dans sa province natale, Thiêu a fait des ballons pour les enfants de ses voisins. Au début, seuls quelques-uns venaient le voir mais rapidement, ils sont devenus une centaine. Il a donc décidé de vendre 1.000 dôngs le ballon, ce qui n’a pas empêché ses nouveaux «clients» d’être toujours plus nombreux.
Son père lui a suggéré alors d’en faire son métier, et c’est ainsi qu’il est parti en 2011 pour Hô Chi Minh-Ville pour pratiquer ce métier «ni difficile, ni facile». Dès le premier jour à la Maison municipale de l’enfance, Thiêu a fait une bonne recette, de nombreux enfants admirant ses «œuvres». Les jours qui suivirent, il changea de place en allant soit au parc Tao Dàn, soit à celui du 30 avril ou encore du 2 septembre. N’ayant que très peu de modèles, il lui a fallu en créer de nouveau. «Ce métier demande non seulement de la créativité mais aussi de l’habileté. Quand je crée un nouveau modèle, si les enfants reconnaissent l’animal dont il s’agit, c’est que j’ai réussi».
Le clown Hô Sy Thiêu réalise une «œuvre». |
Pour faciliter leur choix, il a fait un catalogue de ses œuvres pour les enfants et, pour mieux les attirer, il a commencé à porter un costume de clown. Maintenant, il vend ses ballons entre 5.000 et 30.000 dôngs. Et sa clientèle n’est plus seulement les enfants, mais aussi les adultes dont beaucoup sont devenus des habitués. Le succès se confirmant, des jeunes ont même demandé à Thiêu de leur apprendre son art.
«Mon enfant aime bien les ballons de Thiêu. Chaque semaine, je lui en achète deux ou trois ballons. Parfois, nous allons directement chez lui pour en acheter», déclare Nguyên Thi Lành, du 10e arrondissement.
Depuis des mois déjà, il reçoit des invitations à faire des représentations pour des fêtes ou des anniversaires, ou encore au sein de zones touristiques, rémunérées 500.000 dôngs de l’heure. Actuellement, il ouvre une formation au «balloon art» en coopération avec le Palais de la culture et du travail de Hô Chi Minh-Ville, ce qui pour lui est une consécration.
Hà Minh/CVN