>>Hoàng Su Phi, un potentiel touristique à exploiter
>>À la découverte du «bain de feu» des Dao
Pour les touristes amateurs de grands espaces, la province montagneuse de Hà Giang est un lieu béni des Dieux, avec ses routes en lacet, ses chutes d’eau, ses rizières en gradins partant à la conquête des pentes. Un univers minéral et végétal parcouru par des hommes et femmes aux tenues chamarrées, aux caractères bien trempés, façonnés depuis des générations par une nature qui ne fait pas dans la demi-mesure.
Si vous choisissez de visiter ces lieux au début de l’année lunaire, vous aurez certes un peu froid, mais ce désagrément sera largement compensé par les découvertes que les habitants locaux vous réservent, en premier lieu la mystérieuse "danse du feu" ou "bain de feu" des Dao rouges.
"Nous organisons cette danse entre les 1er et 5e jours du 1er mois lunaire. C’est la manifestation festive la plus importante de l’année pour les Dao rouges de Hoàng Su Phi. Elle nous garantit les bonnes récoltes, la paix, la prospérité et la santé pour l’année entière", a déclaré Triêu Van Triên, chaman de son état.
Avant le "bain de feu", le chaman demande aux génies leur permission. |
Une tradition à préserver
Le "bain de feu" est une tradition qui consiste à marcher pieds nus sur des braises, afin de montrer la suprématie de l’esprit sur le corps ainsi que la force qui peut jaillir d’une énergie collective.
Cette danse se déroule une fois la nuit tombée. Le chaman prépare un tambour, un poulet, un bol de riz, six tasses d’alcool et des feuilles de nên, qu’il installe sur une table. "La cérémonie commence par un rite cultuel, a révélé Triêu Van Triên. Il faut en effet d’abord demander aux génies d’autoriser les habitants locaux à organiser le bain de feu".
Derrières les hommes, un tas de bois a été préparé. |
Un tas de bois a été préparé. Quand le bois est devenu un brasier, le chaman commence à demander aux génies et aux ancêtres de permettre aux jeunes hommes de marcher sur la braise.
Au fur et à mesure des prières du chaman, les jeunes hommes se laissent entraîner dans le jeu. Les yeux brillants, ils dodelinent de la tête et du corps, frappent vivement et nerveusement des pieds contre terre. Certains semblent même pris de convulsions.
Sur un signe de tête du chaman, et dans un roulement de tambour, un premier homme se lève brusquement, suivi des autres. Ils se mettent à danser aux sons de musiques et chants traditionnels. Soudain, l’un d’eux se jette dans le brasier, se baisse et saisit à pleines mains des braises fumantes avant de s’en asperger la tête et le corps. Ses camarades le suivent, le visage enfiévré. Soudain, avec les pieds, ils éparpillent les braises de toutes parts, formant une “pluie d’étoiles” qui s’égaille parmi la foule exaltée.
Une pluie d’étoiles sous les pieds nus de jeunes hommes courageux. |
"C’est la première fois que j’assiste à une telle scène. Tout d’abord, j’ai eu extrêmement peur. Je ne comprenais pas pourquoi les hommes n’étaient pas brûlés. Quelle merveille ! Je trouve cette fête magnifique, mystérieuse, gracieuse et puissante", a confié Lê Ngoc, qui vient de Hanoï.
La fête du feu des Dao rouges de Hoàng Su Phi a aussi provoqué des émotions extraordinaires sur la Française Agathe Schmidt. "Dès le début, je me suis sentie bien ici. C’est peut-être en raison de l’atmosphère particulière de cette région montagneuse. Ensuite, j’ai été réchauffée devant le feu. C’est peut-être de cette cérémonie païenne que ces montagnards tirent leur énergie, leur force vitale, si nécessaires dans ces contrées. Mon guide m’a dit qu’aucun cas de brûlure n’a été signalé jusqu’ici. C’est juste incroyable !".
Expérience communautaire de retour aux sources, la marche sur le feu est aussi une manière de montrer sa foi en les énergies et esprits de la nature.
Explication scientifique
Les scientifiques expliquent le phénomène de la marche sur le feu (appelée scientifiquement “pyrobatie”) par le fait que le bois et le charbon, contrairement aux métaux, ont une faible capacité calorifique et sont très mauvais conducteurs de la chaleur. Si le marcheur ne s’arrête pas en route et que ses pieds sont secs, la braise à 700°C n’a pas le temps de le brûler. Enfin, l’isolation que constitue une peau fortement calleuse et les cendres à 55°C, ainsi que l’état sphéroïdal sont d’autres facteurs expliquant ce phénomène.(Source : Wikipédia)
Phuong Mai/CVN