>>La Colombie signe un accord de paix historique avec les Farc
Le président colombien Juan Manuel Santos (gauche au centre) serre la main du chef des Farc, Timoleon Jimenez, alias Timochenko (droite au centre) scellant l'accord de paix historique. |
Au terme de près de quatre ans de pourparlers menés à La Havane, les parties ont signé le 26 septembre l'accord de paix qui sera soumis au vote des Colombiens le 2 octobre prochain.
Cette guerre interne, la plus ancienne d'Amérique latine, a impliqué au fil des décennies guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite et armée, et officiellement fait quelque 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
L'accord de paix, complexe et technique, encadre le désarmement des quelque 7.000 combattants de la guérilla et la transformation du mouvement en parti politique, processus qui seront engagés seulement en cas de succès du prochain référendum.
Conclu sous l'égide de Cuba et de la Norvège, pays garants, du Venezuela et du Chili, accompagnateurs, et avec l'appui des Nations unies, des États-Unis et du pape François, l'accord de paix comprend six volets.
Fin des affrontements
Le 29 août à 00h00 (05h00 GMT) est entrée en vigueur le premier cessez-le-feu bilatéral et définitif.
Le cessez-le-feu sera vérifié par un mécanisme tripartite comprenant le gouvernement, les Farc et une mission de l'ONU.
La fin des hostilités inclut le désarmement des combattants rebelles sous contrôle de l'ONU, des garanties de sécurité pour les ex-combattants et l'engagement du gouvernement à combattre les bandes armées d'origine paramilitaire qui pourraient être tentées de prendre le contrôle des bastions des Farc.
Un total de 23 zones de sécurité et huit campements seront créés pour la démobilisation des guérilleros. Ils devront en sortir sans armes au plus tard 180 jours après la signature d'un accord de paix.
Réparations aux victimes
En décembre 2015, les deux parties ont annoncé l'un des accords les plus complexes visant à apporter réparation aux victimes des Farc et sanctionner les responsables de délits graves.
Dans ce cadre, des tribunaux spéciaux seront créés pour juger les guérilleros et les agents de l'État impliqués dans des crimes liés au conflit.
Un total de 48 magistrats - dont 10 étrangers - devront juger ces personnes impliquées dans des crimes graves tels que les enlèvements, les viols, les déplacements forcés ou le recrutement de mineurs.
Ceux qui avoueront leurs crimes pourront éviter la prison et bénéficier de peines alternatives, mais dans le cas contraire ils s'exposeront à des condamnations de 8 à 20 ans de prison.
Toutefois, une grande majorité des combattants rebelles devrait être amnistiée.
Politique sans armes
Les Farc déposeront les armes pour devenir un parti politique.
Le gouvernement s'est engagé à octroyer aux Farc, de forme directe et temporaire, des sièges au Congrès. Des circonscriptions spéciales de paix seront également établies dans des zones particulièrement touchés par le conflit, où des représentants non issus de partis traditionnels pourront être élus.
Les représentants des Farc bénéficieront de garanties de sécurité pour éviter la répétition des épisodes sanglants de la fin des années 1980, lorsque furent assassinés quelque 3.000 militants de l'Union patriotique (UP), leur vitrine politique issue d'une précédente tentative de paix.
AFP/VNA/CVN