L’accident, une fatalité ?

Policier et sapeur-pompier français, Yann Dovergne, installé au Vietnam depuis cinq ans, y connaît parfaitement la prise en charge médicale et propose des programmes personnalisés. Il nous parle des accidents de la vie et comment faire pour intervenir.

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Éteindre un feu de friteuse avec un linge.

Cette période d’épidémie et de distanciation sociale nous amène tout naturellement à nous interroger sur la protection des membres de notre famille et de nos amis. Si ce COVID-19 occupe toutes nos pensées, bien d’autres épidémies ont marqué l’actualité.

C’est réellement sous ce terme qu’ont été définis les accidents de la circulation au Vietnam qui ont fait environ 3.000 victimes dont 1.300 décès en seulement trois mois. À ces chiffres, nous pouvons rajouter ceux liés aux accidents du travail, aux accidents domestiques, bref aux accidents de la vie en général.

Lorsqu’un de nos proches décède ou qu’il reste handicapé, c’est un drame à plusieurs visages. Au chagrin, à la solitude et au désarroi s’ajoutent les difficultés professionnelles, administratives, financières.

Alerter les secours

L’accident n’est pas une fatalité. Savez-vous que dans 90% des cas, les témoins affirment qu’il aurait pu être évité ? Mettre en place des mesures de prévention, connaître les gestes de secours et souscrire une assurance permettent de limiter les risques et leurs effets. La prévention aide à analyser les risques et à mettre en place les moyens de protection adéquats.

Survie après un arrêt cardiaque.

Au Vietnam, certaines assurances sont obligatoires. Comme en France, pour circuler en moto, vous devez posséder un permis de conduire et être assuré.

Pour votre santé, vous avez plusieurs solutions comme la Caisse des français de l’étranger (CFE) plus destiné aux Français qui arrivent au Vietnam avec des contrats d’expatriation ou les retraités. Pour les Français qui vivent avec des salaires locaux, certaines assurances vietnamiennes joueront tout aussi bien leur rôle en proposant parfois des solutions plus spécifiques pour les traitements des cancers ou des maladies graves.

Comme nous l’avons vu précédemment, lors d’un accident, il est important qu’une victime soit prise en charge rapidement. Plus l’alerte est rapide, plus vite l’accidenté sera hospitalisé. Mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.

Dans certaines situations, notre instinct nous pousse à nous mettre en danger. Notre vision est attirée uniquement par l’accident, un peu comme si l’on l’observait à travers un tube. Ceci nous fait oublier les dangers qui viennent sur les côtés (un autre véhicule, une fuite de liquide ou de gaz dangereux).

Feu de friteuse.

"Pour éviter ces risques de sur-accident, j’ai coutume de demander à mes stagiaires de prendre une grande inspiration, cette petite pause doit vous permettre d’observer les lieux, les risques persistants et d’agir en sécurité. Cette phase d’observation est très importante car elle doit vous permettre de savoir qui appeler", précise Yann Dovergne.

Au Vietnam, il existe trois numéros de téléphone importants :

- Le 113 : La police.

- Le 114 : Les sapeurs-pompiers pour une victime coincée (décombres, incarcération dans un véhicules, incendie, explosion).

- Le 115 : Les services médicaux. Généralement pour une victime facilement accessible (malaise, accidenté).

Il sera difficile de ne rien oublier et d’expliquer à votre interlocuteur ce qui se passe. Voilà un petit aide-mémoire utile : composer le numéro et passer votre message dans cet ordre :

JE SUIS : Donnez vos nom, prénom, numéro de téléphone et adresse précise (essayer de donner tous les points de repère pour faciliter l’arrivée des secours).

JE VOIS : Décrivez ce que vous voyez, accident, malaise, dangers persistants, nombre et état des victimes.

JE FAIS : Expliquez quels gestes de secours vous avez effectués (si vous avez fait quelque chose).

JE DEMANDE : En fonction de la situation, vous pouvez appeler uniquement les services médicaux ou l’ambulance, les pompiers et la police, vous pouvez suggérer l’envoi d’une dépanneuse.

"Rappelez-vous que vous êtes les +yeux+ de votre interlocuteur qui va imaginer la scène et les moyens à engager en fonction de votre description des faits. N’exagérez pas les blessures pour que l’ambulance arrive plus vite. Ne minimisez pas non plus, vous n’êtes pas médecin. Expliquez les faits, juste les faits et avant de raccrocher, assurez-vous que votre interlocuteur a bien pris note de votre message", conseille notre expert.

Agir sur un feu de friteuse

"Alors que nous mangions chez mes beaux-parents vietnamiens, je remarquais l’attitude agitée de la part d’une cousine de mon épouse. Remarquant la lumière jaunâtre qui émanait de la cuisine, j’en déduisis qu’un feu venait de se déclarer et je pensais immédiatement à un feu de friteuse. Je quittais précipitamment la table pour intervenir comme tout ex sapeur-pompier en criant dans un vietnamien très sommaire : +Không nuoc ! Không nuoc !+ (Pas d’eau ! Pas d’eau !)", s’amuse aujourd’hui Yann.

Hélas, dans l’esprit de beaucoup de personnes, qui dit feu dit eau pour l’éteindre. C’est une erreur gravissime qui a failli coûter à la cousine en question une épilation au chalumeau qui aurait fait l’admiration de ses collègues de travail. L’eau étant plus lourde que l’huile, elle va directement au fond de la friteuse, se transforme en vapeur et propulse l’huile hors de son contenant avec des superbes flammes digne de la Saint-Jean.

Plaisanterie à part, le risque est que bon nombre de victimes de ce |genre d’incendie sont très souvent brûlés profondément voir défigurés à vie. Mais si nous ne pouvons pas utiliser l’eau, comment faire ? C’est simple. Pour vivre, le feu a besoin d’oxygène, il faut donc l’étouffer pour qu’il s’éteigne. Voici quelques recommandations :

- Ne pas paniquer.

- Couper la source de chaleur.

- Couvrir la friteuse sans précipitation avec un couvercle, une serviette ou une serpillière humide en se protégeant les mains, les coudes et le visage.

- Le feu s’étouffera par manque d’air.

À bientôt pour d’autres gestes de premier secours car en effet avec un minimum de bons gestes, il est possible de sauver des vies. Et en ce moment, soyez prudents et restez chez vous.

Texte : Hervé Fayet/CVN

Photos : Yann Dovergne/CVN

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