La vie en son printemps

Les vers ci-dessous font partie du Tan Chu Xiet Xuong, un recueil de chansons populaires de la minorité ethnique Thai qui habite majoritairement dans le Centreet dans la région Nord-Ouest.

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Des Thai du Nord-Ouest fêtent le Têt traditionnel (Nouvel An lunaire).
Photo : Thanh Hà/VNA/CVN

Parmi les 53 groupes ethniques minoritaires du Vietnam, les Thai occupent la 3e place en importance par leur nombre (environ un million de personnes). Ils appartiennent au groupe linguistique Thai-Kadai. Au Vietnam, on distingue deux principales branches Thai : les Thai blancs et les Thai noirs (couleur vestimentaire). L’habitat des Thai s’étend de la rive droite du Fleuve Rouge à la haute région des provinces de Thanh Hoa et de Nghê An (Centre). Les Thai vivent en bon voisinage avec les autres ethnies. Ils se fixent dans les vallées et les vastes plaines : Muong Thanh, Quang Huy, Nghia Lô, Thanh Uyên. Riziculture élevage, tissage des thô câm (brocatelles). Les Thai ont une écriture et un riche folklore (épopée, chant, danse). Le texte suivant est traduit par Pham Huy Thông (1916-1988), un érudit versé dans divers domaines (poésie, droit, histoire, archéologie, etc.).

Chansons populaires Thai

Le jour à son terme ne rebrousse pas chemin,

Le mois à son terme ne fait pas demi-tour.

Passé le temps des épis, le riz s’en va en paille

Aimons-nous, ô nous deux, au temps de notre jeunesse !

La vie des garçons et des filles ressemble à celle des fils de soie :

Les fils s’enroulent autour des fils, font des bobines de fil,

Et la soie qui croise la soie, fait des couvre-lits de soie.

Il faut se regarder tant que les yeux sont vifs,

Il faut contempler celle qu’on aime tant que ses regards lancent des flammes

Une danse Thai traditionnelle.

Ton cœur est enserré dans un fil d’or,

Mon cœur contient juste un amour,

C’est décidé : soyons mari et femme.

Nos cœurs sont droits, fidèles comme nos mouchoirs.

Nous n’avons qu’un seul cœur, bien enroulé dans nos habits.

Ce après quoi l’on soupire, c’est après les vêtements familiers,

Après le mouchoir aux plis souples dont on se sert tous les jours,

Après l’amante de longue date qu’on ne cesse de chérir,

Après la bien-aimée dont on taquine souvent les joues dorées,

Après la fille aux bras fuselés qui chante et qui danse...

Ce après quoi l’on soupire, c’est après l’habit à deux pans dont on se couvre.

Le corps auprès du corps, nos deux corps s’enlacent.

Mon cœur soupire après toi seule, je ne rêve point de la fille de monsieur le préfet ;

Mon cœur s’attarde auprès de toi, et point je ne songe aux demoiselles des mandarins.

* * *

Nous deux, parlons sans craindre que nos paroles ne s’en aillent au vent,

Epanchons nos cœurs sans craindre que ce ne soit comme l’eau qui s’évapore !

Taillons dans la pierre blanche, laissons-y une empreinte !

Sculptons la pierre noire, creusons-y une forme !

Nous deux, lions ensemble nos voix fermes, faisons-en de la pierre ;

Mêlons ensembles nos paroles pures, faisons-en de l’or !

Les paroles d’or, enveloppons-les dans un carré de soie !

Nos paroles qui adhèrent ainsi à nos langues, neuf vies ne les feront pas se dissiper.

Que nos serments à nous deux pénètrent jusque dans la terre, jusque dans ces pics rocheux qui pointent.

Et qu’ainsi le ciel soit témoin e nos amours, ô mon aimée, oh !

Huu Ngoc/CVN

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