La Turquie et la Grèce bataillent contre le feu

La Turquie et la Grèce, frappées par une canicule exceptionnelle, bataillaient jeudi 5 août contre une vague d'incendies sans précédent, qui ont provoqué l'évacuation de centaines de villageois menacés par les flammes.

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Des pompiers luttent contre les incendies qui menacent un village au nord de l'île grecque d'Eubée, le 5 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au son des alarmes d'évacuation, les villageois, empilant quelques maigres affaires, ont été évacués par la mer à bord de hors-bord des garde-côtes turcs mobilisés dans le port d'Oren, dans le Sud de la Turquie. D'autres ont été éloignés par la route.

À proximité, la centrale thermique de Milas, remplie de milliers de tonnes de charbon, suscite l'inquiétude, menacée par un feu virulent attisé par le vent.

L'autorité régionale a assuré jeudi 5 août que "tous les produits chimiques explosifs" avaient été retirés du site stratégique.

"Mais il y a un risque que le feu se répande aux milliers de tonnes de charbon qui se trouvent à l'intérieur", s'est inquiété un responsable régional, Osman Gurun.

Quelques villageois ont refusé de quitter la région. "Où voulez-vous qu'on aille à notre âge ?", demande un habitant de 79 ans, Hulusi Kinic, sur le port d'Oren.

"On vit ici. C'est chez nous. En dernier ressort, on aurait pu se jeter à l'eau (en cas d'explosion) mais Dieu merci, cela ne s'est pas passé", a-t-il ajouté.

Une inspection initiale a montré que le feu, qui dans la nuit s'était rapproché de la centrale, n'avait pas causé "de dégâts sérieux aux unités principales", selon le bureau du président turc Recep Tayyip Erdogan.

De l'autre côté de la mer Egée, la Grèce est elle aussi confrontée à des incendies que les experts relient sans équivoque au réchauffement de la planète, par des températures oscillant entre 40 et 45 degrés Celsius.

"Si certains se demandent encore si le changement climatique est une réalité, qu'ils viennent voir ici l'intensité de ce phénomène", a déclaré le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis depuis le village de l'Ancienne Olympie, théâtre d'un incendie préoccupant.

Les pompiers grecs s'efforçaient jeudi 5 août de protéger le site archéologique où se sont déroulés les premiers jeux olympiques de l'antiquité, dans l'Ouest de la péninsule du Péloponnèse.

Le village de l'Ancienne Olympie, habituellement bondé de touristes en cette saison, ainsi que sept localités proches avaient été évacués la veille.

"Effort titanesque"

"Nous faisons un effort titanesque sur plusieurs fronts", a déclaré mercredi 4 août le ministre adjoint grec de la Protection civile, Nikos Hardalias.

Aux portes d'Athènes, un sinistre en passe d'être maîtrisé mercredi 4 août a repris de la vigueur en fin de journée, attisé par le vent et répandant des fumées épaisses sur la capitale grecque. Une enquête a été ordonnée pour en connaître l'origine.

Des villageois sont évacués de Milas, le 4 août par des Garde-côtes turcs pour s'éloigner de l'incendie qui menace la centrale thermique locale.
Photo : AFP/VNA/CVN

À quelque 200 km à l'est d'Athènes, un autre feu incontrôlé fait rage depuis mardi 3 août sur l'immense île d'Eubée, où plusieurs villages et un monastère étaient encerclés par les flammes, après avoir été vidés de leurs occupants.

"Je suis parti avec mes enfants, ma femme, mes petits-enfants, j'ai sauvé ce que j'ai pu. Mais c'est une catastrophe, tout a brûlé dans le village", a confié Ioannis Aslanis.

"C'est un moment très triste. Mais heureusement tout le monde va bien", observe Konstantinos Konstantinidis.

Huit personnes sont mortes et des dizaines ont été hospitalisées dans le Sud de la Turquie. Seuls des blessés légers sont à déplorer en Grèce.

"Dérégulation climatique"

Plus de 110 feux ont ravagé des forêts de Grèce ces dernières 24 heures et 180 en Turquie depuis fin juillet.

Selon l'Observatoire de la Terre de l'UE Copernicus, ce mois de juillet est le second plus chaud jamais enregistré en Europe.

"Nous sommes dans une phase de dérégulation climatique absolue", a déploré cette semaine le vice-ministre grec de la Protection civile, Nikos Hardalias. À ce stade, "on ne parle plus de changement climatique, mais de menace climatique".

"Nous menons une guerre", a estimé le ministre turc de l'Agriculture, Bekir Pakdemirli.

Dans les deux pays, les autorités faisaient face à la pression des locaux jugeant insuffisants les moyens de lutte contre ces incendies.

"Nous prions les autorités de renforcer les forces aériennes et terrestres pour ne pas risquer des vies humaines", a déclaré Giorgos Tsapourniotis, maire de Limni, sur l'île d'Eubée.

L'opposition turque a reproché au président Erdogan d'avoir échoué à maintenir sa flotte de bombardiers d'eau et d'avoir mis du temps à accepter l'aide internationale.

M. Erdogan a pour sa part accusé l'opposition de tenter de tirer un bénéfice politique de la situation. "Les feux de forêt sont une menace internationale tout comme la pandémie de COVID-19", s'est-il défendu.

AFP/VNA/CVN

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