Pour diminuer la surcharge hospitalière, il faut former des cadres qualifiés pour les établissements de l’échelon local. |
Souffrant de tension artérielle, Mme Nguyên Thi Hiên, domiciliée à Vinh Tuy (Hanoi) a été conduite par ses enfants à l’Hôpital central de gérontologie. À cause de la surcharge de l’établissement, elle doit se contenter de s’allonger sur un brancard et attendre les médecins qui sont, eux aussi, surchargé de travail. Mais cela a quand même un coût. Mme Hiên doit payer 70% des frais hospitaliers au lieu de 20% dans un hôpital d’échelon local. Sa famille préfère payer ce prix pour s’assurer de la qualité des soins.
Mme Hiên se rappelle que lorsqu’elle a eu l’appendicite, les médecins de l’hôpital local n’ont pas su diagnostiquer la maladie. Sa famille l’avait alors transférée à l’hôpital central Viêt Duc où les médecins avaient pu lui apporter les soins nécessaires.
Elle évoque un autre souvenir, un autre échec de ces petits hôpitaux d’échelon local : le jour où sa mère, gravement malade, avait été renvoyée chez elle sans aucun soin. Mme Hiên avait alors pris la décision de l’envoyer dans un hôpital central et sa mère avait été sauvée. «Ces souvenirs en tête, nous ne prenons plus de risque. À chaque fois qu’un membre de notre famille est malade, nous l’emmenons dans un hôpital central. La santé est trop précieuse», dit Mme Hiên.
Causes «objectives et subjectives»
Selon le Docteur Luong Ngoc Khuê, chef du Département de consultation et du traitement du ministère de la Santé, 60% des patients des hôpitaux centraux pourraient être traités dans des établissements d’échelon local.
«Beaucoup de patients ont fait des analyses dans les hôpitaux locaux, puis ont changé de lieu. Ils préfèrent aller dans un hôpital central, même si cela les obligent à emprunter de l’argent», a expliqué le Docteur Trân Tuân, directeur du Centre d’études et de formation pour le développement communautaire (Union des associations des sciences et technologies du Vietnam). «C’est pour cette raison qu’il faut veiller à doter les établissements locaux de meilleurs équipements et à renforcer le contingent de médecins de ces hôpitaux locaux», a-t-il conclu.
Quant au Docteur Ly Ngoc Kinh, ancien chef du Département de gestion de la consultation sanitaire, il pense que la surcharge des hôpitaux est une situation à la fois «objectives et subjectives».
«Objectives», parce que les établissements ne savent pas répondre à la demande de soins en cardiologie, en endocrinologie, traumatologie et en cancérologie. Les hôpitaux d’échelon local n’ont pas ces services. Ces malades doivent alors «affluer» vers les hôpitaux centraux, provoquant ainsi une surcharge dans ces établissements.
Mais les hôpitaux sont également surchargés pour des raisons «subjectives» à savoir le manque de confiance des habitants dans la qualité des hôpitaux locaux. C’est pourquoi ils préfèrent se faire soigner dans les établissements centraux.
Un jeune patient de l’ethnie Mông reçoit des soins dans la clinique de Mù Cang Chai, province de Yên Bai (Nord). |
Solution : renforcer les établissements locaux
Appliquer de manière stricte le mécanisme de transfert d’un hôpital à l’autre est une solution nécessaire. Pourtant, l’entrée en vigueur de ce mécanisme doit être examinée attentivement, a averti un médecin de l’hôpital Viêt Duc à Hanoi.
En principe, les ressources financières des hôpitaux dépendent du nombre de patients qu’ils prennent en charge. Il faut donc que ces établissements réussissent à attirer un maximum de patients. Mais s’ils se trouvent dans l’incapacité de traiter un malade, il faut qu’ils le transfèrent immédiatement à un hôpital central.
L’assurance santé ne doit pas assurer les frais hospitaliers pour les patients qui décident de changer d’hôpital. Mais la santé des patients passe avant les politiques du domaine de la santé. Les malades ont le droit de choisir les bons hôpitaux et les médecins.
Pour diminuer la surcharge des hôpitaux, il faut aussi augmenter la qualité des traitements offerts par les établissements locaux. Pour cela, il est impératif de former des cadres et de transférer des médecins venus des hôpitaux centraux, propose M. Ly Ngoc Kinh. «De plus, il faut au plus vite former des médecins de famille qui pourraient consulter les patients à domicile, leur donner des conseils et décider ou non de les transférer vers des hôpitaux».
Ces derniers temps, le ministère a fait des efforts dans le dégagement de la surcharge des grands hôpitaux. Ces derniers ont envoyé leurs médecins aux établissements d’échelon local pour traiter les patients et transférer de nouvelles compétences à leurs collègues. Par ailleurs, 23 centres de formation ont été ouverts dans des hôpitaux centraux pour rehausser la qualité des cadres sanitaires locaux. Le gouvernement a également émis des obligations pour construire ou rénover des cliniques locales.
Mais dans l’avenir, le secteur de la santé devra renforcer la formation des ressources humaines, fournir plus de médecins qualifiés aux hôpitaux locaux et les faire bénéficier de politiques privilégiées.
Hà Minh/CVN