>>Pho et café à l’œuf séduisent les Japonais
Lors d’un cours de cuisine vietnamienne de Betoaji organisé à Tokyo. |
Photo: TT/CVN |
Betoaji s’écrit complètement en japonais Betonamu-no-aji, ce qui signifie "saveur vietnamienne". Expliquant la naissance de ce projet en 2012, Nguyên Thu Hông, un des initiateurs, raconte que lorsqu’elle était au Vietnam, en visitant la région montagneuse Nord-Ouest, elle a vu des enfants mal habillés au cœur de l’hiver. Elle a alors pensé qu’il fallait agir pour les aider à affronter sereinement le froid.
Plus tard, quand Thu Hông est venue au Japon pour poursuivre ses études, elle s’est rappelée avec émotion ces enfants privés de vêtements chauds et tremblants de froid. Quelques temps après, elle a eu l’idée de créer un Fonds philanthropique en leur faveur.
Des cours de cuisine au Japon…
Au commencement, pour avoir de l’argent, Thu Hông, assistée par Quy, son copain, et Thu Hoài, sa petite sœur (également étudiants au Japon), a organisé mensuellement un cours de cuisine sur le thème des plats du Têt, un cours ciblant les étudiants vietnamiens à Tokyo. Les fonds recueillis ont été envoyés au Vietnam. Mais, Thu Hông voulait élargir son projet et attirer plus de participants. "Lors d’une rencontre entre étudiants en médecine au Japon, j’ai osé leur présenter ce projet et ses orientations. J’ai reçu leur soutien et bon nombre d’entre eux se sont engagés à mes côtés", se souvient-elle.
Un cours de cuisine est programmé chaque mois, consacré à deux plats vietnamiens, choisis dans la longue liste comprenant phở (soupe de nouilles à la viande de poulet ou de bœuf), bún chả (vermicelles de riz au porc grillé de Hanoï), nem (rouleaux de printemps), chè dâu xanh (compote d’haricot vert), etc. Désormais, à la différence des débuts de ce projet, la plupart des apprenants sont des Japonais ou des ressortissants étrangers au pays du Soleil-Levant. En moyenne, un cours réunit de 17 à 20 personnes. Il y a aussi des mères de familles japonaises, accompagnées de leurs enfants, désireuses de mieux comprendre la culture culinaire vietnamienne.
Remise de bourses d’études Betoaji aux élèves du district d’Ea Sup, province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre). |
Basé à Tokyo, Betoaji a aussi une dizaine d’antennes mises en place et gérées par des étudiants vietnamiens dans diverses villes et provinces japonaises. Au total, plus de 200 cours de cuisine ont été organisés, attirant plus de 5.000 apprenants, avec plus de 100 plats et boissons présentés. "Vivre pour partager, vivre pour aimer" est à la devise des membres.
Nguyên Phuong Hông Hanh, membre du comité des activités de Betoaji et chargée de la connexion entre les antennes, informe qu’"en sept ans, plus de 550 volontaires vietnamiens ont rejoint notre projet". Elle a fini ses études d’agrégation et travaille actuellement pour une entreprise japonaise.
Un autre membre, Hai Ly, agrégée en comptabilité et finance à l’Université de Tokyo, estime que si au Japon, Betoaji contribue à promouvoir l’image du pays et de la gastronomie vietnamienne, au Vietnam, il soutient des enfants défavorisés et leur permet de continuer d’aller à l’école.
… aux bourses d’études au Vietnam
Chaque année, plusieurs centaines de millions de dôngs de Betoaji sont envoyés pour des activités en faveur d’enfants pauvres de l’ensemble du pays, notamment de la région montagneuse Nord-Ouest et de celles du Centre touchées par des catastrophes naturelles. Ces activités comprennent l’amélioration de leurs repas scolaires, des soins dentaires, l’achat de manuels scolaires, la remise de bourses...
Dans le district d’Ea Sup de la province de Dak Lak (hauts plateaux du Centre), Betoaji a créé un Fonds homonyme d’encouragement aux études. Ma Van Song, étudiant en administration des affaires à l’Université du Tây Nguyên, fut l’un des bénéficiaires de ce Fonds dès le collège. Ainé d’une famille pauvre de cinq enfants, Song n’aurait pu poursuivre ses études secondaires puis universitaires sans ce soutien financier.
"Outre cette aide pécuniaire, ce qui est le plus significatif pour moi, c’est l’encouragement des étudiants initiateurs de ce projet qui m’ont beaucoup encouragé et soutenu moralement dans la poursuite de mes études", s’enthousiasme-t-il.
Trân Thi Huyên Trang est aussi l’une des bénéficiaires. Son père est décédé dans un accident de la route, et sa mère, couturière, peinait à payer les frais d’études de ses deux filles. Grâce aux aides, Huyên Trang a décroché un diplôme au Collège de pharmacie de Dà Nang (Centre). Elle travaille maintenant dans une clinique. "Ma vie est stable. J’aide ma mère à élever ma petite sœur pour qu’elle aille à l’école et que ma famille ait une vie plus décente", s’engage-t-elle.
Le 6 janvier 2019, le Fonds d’encouragement aux études Betoaji a remis 37 bourses à des élèves du primaire (de 1,2 million de dôngs chacune), à des collégiens (1,5 million), des lycéens (1,8 million) et des étudiants (3,6 millions) issus du district d’Ea Sup. Tous ont obtenu d’excellents résultats au cours de l’année scolaire 2017-2018. C’était la 6e année que ces bourses étaient octroyées à Ea Sup.