La Russie dit avoir arrêté des auteurs présumés de l'attaque ayant fait au moins 115 morts

Le Kremlin a annoncé samedi 23 mars l'arrestation de 11 personnes, dont quatre assaillants dans l'attaque menée dans une salle de concert de la banlieue de Moscou la veille, qui a fait au moins 115 morts et a été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI).

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La salle de concert Crocus City Hall en flammes après une fusillade, le 22 mars 2024 à Krasnogorsk, dans la banlieue de Moscou.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les autorités russes n'ont pas réagi à la revendication de l'EI mais des responsables ont évoqué un supposé lien avec l'Ukraine. Vladimir Poutine ne s'est lui toujours pas adressé au Russes.

Kiev, qui avait nié toute implication dès vendredi soir 22 mars, a rejeté les accusations russes "absurdes" samedi 23 mars. "L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'incident", a martelé le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.

Le président russe s'est entretenu avec des dirigeants étrangers et a remercié les secouristes dans un communiqué écrit vendredi 22 mars, mais il ne s'est pas exprimé publiquement sur l'attaque contre le Crocus City Hall, la plus meurtrière dans le pays depuis une vingtaine d'années et la plus sanglante en Europe à avoir été revendiquée par l'EI depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Le Kremlin a annoncé samedi 23 mars "l'arrestation de 11 personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l'attentat".

Ces quatre personnes suspectées d'être les auteurs de l'attaque ont été arrêtées dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine et du Bélarus, a ensuite précisé le Comité d'enquête.

Le FSB a affirmé que les suspects avaient des "contacts appropriés du côté ukrainien" et comptaient fuir dans ce pays, sans fournir d'autres détails sur la nature de ces liens ni de preuve de leur existence.

Le député Andreï Kartapolov, président de la Commission de la Défense à la Douma, a dit qu'une implication de l'Ukraine ne pouvait "pas être exclue".

Le bilan s'est alourdi samedi à 115 morts, a annoncé le Comité d'enquête. Il devrait encore augmenter, car les recherches se poursuivent et pourraient prendre des jours.

Les assaillants auraient utilisé des "armes automatiques" et auraient provoqué un vaste incendie dans le bâtiment avec un "liquide inflammable", ont ajouté les enquêteurs.

Les victimes ont été tuées par balles ou en inhalant les fumées de l'incendie, selon les enquêteurs.

EI

L'EI, que la Russie combat en Syrie et qui est actif aussi dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats dans le pays depuis la fin des années 2010. Mais le groupe n'y avait jamais revendiqué une attaque d'une telle ampleur.

Il a affirmé sur l'un de ses comptes Telegram que ses combattants avaient "attaqué un grand rassemblement (...) dans les environs de la capitale russe Moscou".

Une voiture de police devant la salle de concert Crocus City Hall, dans la banlieue de Moscou, le 23 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'organisation jihadiste a déclaré que son commando avait ensuite "regagné sa base en toute sécurité".

Cet assaut, dont les médias russes ont commencé à faire état vers 20h15 à Moscou (17h15 GMT), a été mené par plusieurs individus armés au Crocus City Hall, situé à Krasnogorsk, à la sortie nord-ouest de la capitale russe.

L'incendie a "complètement brûlé" la salle de concert, a expliqué le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.

Anna, 40 ans, qui s'y trouvait avec son mari, a dit samedi 23 mars à l'AFP avoir "couru vers la sortie" dès qu'elle a entendu des bruits de claquement, qui étaient en fait des tirs.

"J'étais stressée. Les gens se piétinaient, il y avait une bousculade", a-t-elle relaté, expliquant que son époux était "tombé" mais qu'ils avaient finalement pu s'enfuir.

L'ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens qu'elle "suivait de près des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts".

Mardi 19 mars, Vladimir Poutine avait dénoncé des déclarations "provocatrices" et "une volonté d'intimider et de déstabiliser notre société".

"En deuil"

Malgré la revendication de l'EI, de nombreuses questions restent en suspens.

Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects sont originaires du Tadjikistan.

Carte localisant la salle de concert Crocus City Hall, à Krasnogorsk, en banlieue nord-ouest de Moscou, où une fusillade et un incendie meurtriers ont eu lieu vendredi 22 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les autorités de ce pays d'Asie centrale ont affirmé n'avoir "pas reçu de confirmation des autorités russes concernant les fausses informations qui circulent actuellement sur l'implication de citoyens tadjiks".

Le Tadjikistan, frontalier de l'Afghanistan où l'EI est actif, a été confronté depuis son indépendance de l'Union soviétique en 1991 à une multitude de mouvements armés islamistes. Ces dernières années, des citoyens du pays ont été accusés d'avoir été liés à des attaques jihadistes, notamment en Iran.

Samedi 23 mars, la police et les forces spéciales étaient encore déployées devant et dans le Crocus City Hall, le haut du bâtiment étant noirci et partiellement détruit par les flammes de la veille, sous un ciel gris.

Des centaines de secouristes déblayaient les débris, le toit s'étant effondré dans l'auditorium.

Dès le matin, de longues files d'attente s'étaient formées devant certains centres de dons du sang à Moscou, d'après des images des médias d'État.

Dans des arrêts de bus sont également apparus des affiches montrant une bougie et l'inscription : "Nous sommes en deuil 22/03/2024", la date de l'attaque.

Les mesures de sécurité ont été renforcées et plusieurs événements publics ont été annulés.

La communauté internationale a dénoncé cet assaut, l'UE et l'Espagne se disant "choquées" et la Maison Blanche "aux côtés des victimes".

Le porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères a assuré "condamner dans les termes les plus forts" cet acte.

AFP/VNA/CVN

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