La restitution par la France de 26 trésors royaux au Bénin bientôt réalité

C'est une cérémonie à forte valeur symbolique qui se tiendra mercredi 27 octobre à Paris : la France actera la restitution prochaine au Bénin de 26 œuvres des trésors royaux d'Abomey, conservées jusqu'ici au musée du Quai Branly.

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Quelques-unes des 26 œuvres du Bénin qui seront restituées à ce pays sont montrées le 10 septembre au musée du Quai Branly.
Photo : AFP/VNA/CVN

Emmanuel Macron présidera la cérémonie qui se tiendra à 16h00 au musée parisien abritant des milliers d’oeuvres africaines en partie pillées pendant la colonisation. Le Bénin sera représenté par le ministre des Affaires étrangères, Aurélien Agbenonci, avant une possible visite du président Patrice Talon courant novembre.

La cérémonie sera l'occasion de détailler les conditions de restitution des œuvres et le calendrier, selon une source gouvernementale.

Parmi les 26 œuvres d'art, figurent des statues totem de l'ancien royaume d'Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d'Abomey par les troupes coloniales en 1892. Elles sont exposées au public jusqu'à dimanche 31 octobre au musée du Quai Branly.

Le chef de l'État français s'était engagé lors d'un discours à l'université de Ouagadougou (Burkina Faso) en novembre 2017 à rendre possible dans un délai de cinq ans les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en France.

Sur la base d'un rapport remis par les universitaires sénégalais et française Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, qui interviendront mercredi, il avait décidé de rendre 26 œuvres réclamées par les autorités du Bénin, ainsi que le sabre et le fourreau d'El Hadj Omar Tall, demandé par le Sénégal.

Un trône de l'ancien royaume d'Abomey exposé au musée du Quai Branly, le 10 septembre à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce rapport avait dressé un calendrier de restitutions et un inventaire des dizaines de milliers d'objets que les colons ont ramené d'Afrique. Il avait été salué mais aussi critiqué par certains directeurs de musées, soucieux de la "circulation des œuvres" au "caractère universel".

Finalement, une loi avait été votée en décembre 2020, permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des œuvres dans les collections publiques, parce qu'elles avaient fait l'objet de pillages caractérisés, rendant possible ces restitutions.

Construction d'un musée

Deux conservateurs du Bénin sont en France depuis plus d'une semaine pour organiser le retour des œuvres, "demandé par le Bénin", a précisé la semaine dernière Emmanuel Kasarhérou, président du musée du Quai Branly-Jacques Chirac, pour qui cette restitution est "une première réalisation" issue "d'un long travail de recherches".

Au Bénin, elles iront d'abord "dans un lieu de stockage. Puis elles seront présentées dans d'autres lieux de manière pérenne: à l'ancien fort portugais de Ouidah et la maison du gouverneur, lieux historiques de l'esclavage et de la colonisation européenne, situés sur la côte, en attendant la construction d'un nouveau musée à Abomey", dans l'ancien palais royal des rois du Dahomey, dans les terres, a ajouté M. Kasarhérou.

Selon des experts, 85 à 90% du patrimoine africain serait hors du continent. Depuis 2019, outre le Bénin, six pays - Sénégal, Côte d'Ivoire, Éthiopie, Tchad, Mali, Madagascar - ont soumis des demandes de restitutions.

Au moins 90.000 objets d'art d'Afrique sub-saharienne sont dans les collections publiques françaises. 70.000 d'entre elles au Quai Branly, dont 46.000 arrivées durant la période coloniale.

Le Quai Branly a entamé un long "travail quasi-exhaustif sur les 300.000 œuvres du musée qui ne concernent pas que l’Afrique (Océanie, Asie et Amériques aussi) pour identifier celles qui auraient été prises de manière violente sans le consentement des propriétaires, par des prises de guerre ou par des coercitions de l'administration coloniale", dit M. Kasarhérou. Mais "tous les objets qui sont dans les collections en Europe n’ont pas été volés, c'est peut-être l’idée qui court actuellement mais elle n’est pas juste du point de vue historique. Dans quelle proportion ? C'est tout l’objet de notre travail", précise-t-il.

Beaucoup d'objets sont en effet passés entre plusieurs mains : des administrateurs, médecins, militaires, ou leurs descendants en ont fait don aux musées. D'autres œuvres ont été offertes à des religieux, acquises par les collectionneurs d'art africain au début du XXe siècles, ou encore ramenées lors d'expéditions scientifiques.


AFP/VNA/CVN

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